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Les chantiers de la Genève internationale

L'ambassadeur Blaise Godet lors de sa visite au club suisse de la presse, ce mardi à Genève. Keystone

Le gouvernement suisse compte accroître le développement de la Genève internationale, selon l’ambassadeur Blaise Godet.

Le nouveau chef de la mission suisse auprès de l’ONU souligne que ce renforcement passe par la France voisine. Interview.

«La mission que je dirige fait office de mairie de la Genève internationale»… C’est en ces termes que Blaise Godet a présenté ses nouvelles fonctions mardi devant un parterre de médias internationaux au Club suisse de la presse, à Genève.

Cet ambassadeur expérimenté vient en effet de prendre la tête de la Mission permanente de la Suisse auprès des Nations Unies et des autres organisations internationales.

Blaise Godet dessine les grands axes sur lesquels repose le développement de la capitale de l’humanitaire et du commerce international.

swissinfo: Vu de Berne, quel est le rôle le plus important de la Genève internationale?

Blaise Godet: La Genève internationale permet à la Suisse de défendre ses intérêts et ses valeurs d’une manière privilégiée. Par son poids d’Etat hôte, la Suisse peut exercer une influence toute particulière dans cette enceinte internationale.

swissinfo: Comment le gouvernement suisse compte-t-il améliorer la vie des organisations internationales présentes à Genève?

B.G.: Quelque 37’000 internationaux – fonctionnaires ou diplomates – travaillent et résident dans la région genevoise. Il faut donc s’occuper de cette communauté si l’on veut qu’elle y reste.

Et pour attirer de nouvelles organisations internationales, la Suisse va encore améliorer ses conditions d’accueil. Mais Genève peut déjà se prévaloir de nombreux atouts, que ce soit en terme de sécurité, de confort, de conditions de travail ou d’accessibilité.

Genève est également un lieu sensationnel de passage et de rencontre. Et je suis heureux de constater que des ministres suisses ou des hauts fonctionnaires se rendent de plus en plus à Genève pour y rencontrer des personnalités étrangères.

Genève est aussi un pôle d’excellence dans les domaines de l’humanitaire, du commerce multilatéral ou de l’environnement. Il s’agit maintenant de fédérer et de consolider toutes ces compétences.

swissinfo: Dans ce cadre, quel sont les projets en cours?

B.G.: Dans le domaine de l’enseignement des relations internationales, il y a des projets auxquels participent le ministère suisse des affaires étrangères, celui de la défense et le secrétariat d’Etat à la recherche.

L’idée est de créer un pôle d’excellence qui repose sur l’Institut de hautes études internationales (HEI), l’Institut d’études du développement (IUED), le Centre du droit international humanitaire (CUDIH) ou l’université de Genève.

Il ne s’agit pas forcément de regrouper ces centres, mais de favoriser au moins des collaborations accrues.

La Suisse veut également mettre l’accent sur l’enseignement de la négociation dans le domaine du commerce international et valoriser ainsi la présence à Genève de l’OMC et de très nombreux experts dans ce domaine.

swissinfo: Les apprentis diplomates suisses vont-il tirer parti de ce pôle d’excellence?

B.G.: Ils ne vont pas refaire des stages à Genève, comme c’était le cas dans le passé. Mais la formation du diplomate est aujourd’hui permanente. Et il est clair que Genève va jouer un rôle accru pour eux comme pour leurs collègues d’autres pays.

swissinfo: Quelles sont les retombées pour Genève de la récente rencontre entre Micheline Calmy-Rey et son homologue français Michel Barnier?

B.G.: La conséquence la plus immédiate est la création d’un observatoire de la Genève internationale. Il ne s’agit pas de créer une structure supplémentaire, une «usine à gaz», selon l’expression de Michel Barnier.

L’idée est de mettre en place une cellule d’alerte précoce face à des dossiers qui s’enlisent et à des questions qui nécessitent une intervention ministérielle.

swissinfo: La pénurie de logements constitue l’un des problèmes récurrents des internationaux et des Genevois. Quelles sont les perspectives dans ce domaine?

B.G.: A moyen et long terme, le développement de la Genève internationale passe par une coopération accrue avec la France voisine.

L’espace disponible se trouve davantage en France que du coté du canton de Vaud, vu les contraintes liées à l’utilisation des sols et l’importance des zones agricoles de ce canton.

Interview swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

Genève compte une vingtaine d’organisations internationales et environ 400 ONG
Leurs travaux sont suivis par 144 missions diplomatiques permanentes et 92 représentations consulaires

– Blaise Godet est né en 1947 à Neuchâtel. Etudes de droit, brevet d’avocat, il entre en 1974 au service du Département fédéral des affaires étrangères.

– Après un poste à Djeddah, il devient conseiller d’ambassade à la Mission permanente de la Suisse auprès des Nations Unies à New York.

– Il sera ensuite ambassadeur en Thaïlande, au Laos, au Myanmar et au Cambodge, en Egypte et au Soudan.

– 2001: Ambassadeur et chef de la Direction politique au DFAE.

– 2004: Il est nommé chef de la Mission permanente de la Suisse auprès de l’Office des Nations Unies et des autres Organisations internationales à Genève ainsi que Représentant permanent auprès de la Conférence du désarmement. Il a pris ses fonctions le 1er novembre 2004.

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