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Les manifestants en appellent au gouvernement

Devant le Palais fédéral, pour "la Boillat" et contre "l'hémorragie industrielle" en Suisse. Keystone

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Berne pour témoigner de leur solidarité avec les employés de l'usine Swissmetal-Boillat.

Les manifestants ont demandé au gouvernement d’intervenir en faveur des intérêts économiques et sociaux du pays.

«Swissmetal, département des ressources inhumaines», «la Boillat s’effondre et le cours de l’action monte – cherchez l’erreur», pouvait-on lire sur les banderoles.

2’500 personnes selon la police, 5000 selon le syndicat Unia, avaient fait le déplacement de Berne pour soutenir les 350 employés de l’usine de Reconvillier en «guerre» depuis deux mois avec la direction du groupe Swissmetal.

Le conflit porte essentiellement sur la décision de ladite direction d’abandonner certaines activités sur ce site du Jura bernois. Les employés craignent une fermeture de l’usine en vue de sa délocalisation.

Un cas symptomatique

Plus généralement, le syndicat Unia avait appelé à protester contre le risque de démantèlement du tissu industriel suisse, qu’illustre à ses yeux le cas de «la Boillat».

Dans son discours, le coprésident d’Unia Renzo Ambrosetti a fustigé ces «managers qui jouent au monopoly avec les entreprises sans penser un instant au drame vécu par les victimes des suppressions d’emplois».

Le syndicat exige que le Conseil fédéral (gouvernement) et les autorités bernoises s’engagent activement pour le maintien de «la Boillat» et de sa sortie du groupe Swissmetal.

«Les déclarations creusent ne suffisent plus», a lancé Renzo Ambrosetti. «La politique n’a pas pour mission de protéger le capital et les actionnaires contre les salariés».

Le patrimoine industriel

Maire de Reconvillier, Flavio Torti a également appelé les autorités fédérales à prendre des mesures afin de préserver les intérêts économiques et sociaux du pays.

«Pourquoi la Suisse se montre-t-elle incapable de prendre les mesures adéquates pour empêcher la destruction de son patrimoine industriel?», a-t-il lancé.

«Depuis 74 jours, ce conflit nous ronge de l’intérieur, nous avons mis notre vie de côté, nous ne faisons plus de projet» a dit la femme de l’un des 112 grévistes licenciés le 24 mars dernier (200 postes demeurent).

Cette femme a appelé continuer la lutte, «pour la dignité et l’avenir de nos enfants». Tous les discours ont été ponctués de «la Boillat vivra!».

La Suisse alémanique

En organisant cette manifestation, les employés de la «Boillat» voulaient porter leur combat sur la scène nationale.

L’objectif était d’alerter l’opinion publique – en particulier celle de Suisse alémanique moins sensibilisée – sur la situation difficile qu’ils traversent.

Après plus d’un mois de grève, pour tenter de sortir de l’impasse, une médiation a été mise en place par Joseph Deiss, ministre de l’économie.

Et la semaine dernière, le médiateur Rolf Bloch a annoncé avoir engagé un expert indépendant pour trouver une solution permettant le maintien intégral du site industriel de Reconvillier.

De son côté, le syndicat Unia a saisi le Tribunal arbitral pour obtenir un plan social pour les 112 employés licenciés.

swissinfo et les agences

16.11 2004: le personnel de Swissmetal-Boillat débraie durant dix jours pour protester contre le licenciement du directeur du site.
25.01 2006: le personnel reprend la grève. Il s’oppose aux restructurations annoncées fin 2005 par la direction.
09.02: l’industriel Rolf Bloch est nommé médiateur.
23.02: le personnel vote la suspension de la grève. Le travail reprend une semaine plus tard. La médiation est ouverte.
24.03: Swissmetal supprime 112 postes de travail à Reconvilier.
29.03: la direction de Swissmetal refuse de vendre «La Boillat».
04.04: le médiateur annonce la désignation d’un expert indépendant en vue du maintien de la totalité du site.

– Swissmetal fabrique des produits à haute valeur ajoutée à base de cuivre ou d’alliages cuivreux. Ses clients sont l’industrie électronique, l’automobile, la bureautique, l’horlogerie, l’aviation et les télécommunications.

– La direction de Swissmetal veut renforcer la transformation à chaud sur son site de production de Dornach. Celui de Reconvilier ne conserverait que la finition de fils et barres.

– Appuyés par leurs cadres, les milieux politiques et toute une région, les ouvriers ont accusé la direction de mettre en danger un fleuron industriel. C’est aussi l’avis de nombreux clients du groupe, dont certains craignent pour l’emploi (indirect) de toute la région.

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