Swissmetal ne veut pas vendre «la Boillat»
La direction de Swissmetal refuse de vendre son usine de Reconvilier, comme le demandait le personnel, et assure que 200 places seront conservées.
Le syndicat Unia dénonce cette décision et rappelle que la vente est la seule issue possible pour résoudre le conflit.
Le conseil d’administration de Swissmetal indique jeudi qu’«aucune négociation de vente n’aura lieu». Le groupe métallurgique soleurois affirme que par cette décision il montre «sa volonté de garder le site de Reconvilier et conserver les quelque 200 postes de travail restants».
La direction de Swissmetal exhorte par ailleurs le personnel restant à «tout mettre en œuvre pour que l’exploitation normale puisse reprendre» afin «d’éviter d’autres licenciements»…
Il y a une semaine, alors que les négociations étaient en cours avec le médiateur Rolf Bloch, Swissmetal avait annoncé le licenciement de 112 employés de l’usine Boillat, argumentant que la grève du personnel avait pesé sur les commandes.
Malgré les licenciements, les ouvriers avaient décidé de poursuivre la médiation et de prolonger la suspension de leur mouvement de grève pour la durée des négociations.
Seule issue
Jeudi, les représentants du personnel et le syndicat Unia ont répété que la vente de l’usine de Reconvilier était la seule solution pour mettre un terme à ce conflit.
Pour le co-président d’Unia Renzo Ambrosetti, c’est la «seule option raisonnable». Il a répété que l’idée de vente n’était toujours pas abandonnée malgré la décision de non-entrée en matière de la direction générale et le conseil d’administration.
Nouvel administrateur
Dans son communiqué diffusé jeudi, Swissmetal annonce encore qu’un nouvel administrateur sera proposé à l’assemblée générale. Il doit succéder à Walter Häusermann, qui a démissionné avec effet immédiat mercredi, parce que «son avis diverge en ce qui concerne l’appréciation industrielle de l’avenir du site de Reconvilier», écrit la direction.
Pour le remplacer, le conseil d’administration a choisi un Allemand, issu du milieu de la finance, qui n’est autre que Dietrich Twietmeyer… le patron de l’usine allemande Bush-Jaeger, revendue en février dernier à Swissmetal.
Suite de la médiation
La séance de médiation qui était prévue vendredi a par ailleurs été annulée. Mais les négociations ne sont toutefois pas interrompues. Le médiateur Rolf Bloch se montre même optimiste. «Je vois encore des chances de trouver une issue au conflit», déclare-t-il dans une interview jeudi à la «Basler Zeitung».
Même si la confiance est sérieusement entamée, l’industriel et président d’honneur des chocolats Camille Bloch espère qu’une nouvelle ronde de discussions pourra démarrer la semaine prochaine.
En attendant, le syndicat Unia a décidé de saisir le Tribunal arbitral pour obtenir la mise en place d’un plan social après le licenciement collectif des 112 employés.
A noter enfin que le syndicat et les représentants du personnel ont annoncé l’organisation d’une grande manifestation le 8 avril, à Berne.
swissinfo et les agences
– Swissmetal fabrique des produits à haute valeur ajoutée à base de cuivre ou d’alliages cuivreux. Ses clients sont l’industrie électronique, l’automobile, la bureautique, l’horlogerie, l’aviation et les télécommunications.
– La direction de Swissmetal veut renforcer la transformation à chaud sur le site de production de Dornach. Celui de Reconvilier ne conserverait que la finition de fils et barres.
– Appuyés par leurs cadres, les milieux politiques et toute une région, les ouvriers ont accusé la direction de mettre en danger un fleuron industriel. C’est aussi l’avis de nombreux clients du groupe, dont certains craignent pour l’emploi (indirect) de toute la région.
16.11 2004: le personnel de Swissmetal-Boillat débraie durant dix jours pour protester contre le licenciement du directeur du site.
25.01 2006: le personnel reprend la grève. Il s’oppose aux restructurations annoncées fin 2005 par la direction.
09.02: l’industriel Rolf Bloch est nommé médiateur.
23.02: le personnel vote la suspension de la grève. Le travail reprend une semaine plus tard. La médiation est ouverte.
24.03: Swissmetal supprime 112 postes de travail à Reconvilier.
29.03: La direction de Swissmetal refuse de vendre «La Boillat». La médiation se poursuit.
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