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Pour les athlètes olympiques suisses, la reconversion se passe bien

Marcel Fischer
Marcel Fischer, 43 ans, médaille d’or à l’épée à Athènes en 2004. Il a arrêté la compétition en 2008 et s’est établi comme orthopédiste. Marcel Bieri

Pas évident de concilier sport de haut niveau, formation et carrière professionnelle. Mais en général, les anciens athlètes suisses s’en sortent bien, avec des niveaux de formation et des postes plus élevés que la moyenne.

L’escrimeur Marcel Fischer, 43 ans, a gagné la médaille d’or à l’épée aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004. Pendant sa carrière sportive, il était aussi étudiant en médecine à l’Université de Bâle. Après avoir cessé la compétition, il s’est établi comme orthopédiste.

Sergei Aschwanden, 46 ans, a gagné le bronze dans l’épreuve de judo en 2008 à Pékin. Titulaire d’un master en management sportif de l’Université de Lausanne, il est aujourd’hui membre du ParlementLien externe du canton de Vaud.

Sergei Aschwanden
Sergei Aschwanden, médaille de bronze en judo, Pékin 2008. Keystone / Martial Trezzini

Une étude de l’Institut des sciences du sport de l’Université de Berne a montré que de telles carrières ne sont pas exceptionnelles. Sur 341 sportives et sportifs suisses ayant pris part aux Jeux olympiques entre 1988 et 2012, presque la moitié (45,9%) ont suivi des études à l’université ou dans une haute école de sciences appliquées. Ce qui est nettement plus que dans la population générale, où le taux atteint 29,6%.

Sur les 694 athlètes suisses qui ont participé aux Jeux olympiques entre Calgary 1988 et Londres 2012 (33,7% de femmes, 66,3% d’hommes), 341 ont répondu au sondage. Les chercheurs les ont interrogés sur leur métier actuel et sur la manière dont leur engagement dans le sport de haut niveau avait influencé leur seconde carrière.

32.8% des sondés étaient des femmes et 67.2% des hommes. L’âge moyen était de 47,1 ans et l’âge moyen auquel elles et ils avaient arrêté la compétition de 31,3 ans.

15% avaient gagné au moins une médaille et 32% le diplôme olympique, qui est décerné aux huit premiers de chaque épreuve. Selon le professeur Achim Conzelmann, directeur de l’étude, il s’agissait de la première enquête sur l’influence d’un engagement de longue durée dans le sport de haut niveau sur la reconversion professionnelle d’athlètes olympiques suisses.

Les résultats ont été publiésLien externe (en anglais) en décembre 2021 dans l’International Review for the Sociology of Sport.

L’étude monte aussi que les femmes et les hommes qui ont participé à des Jeux olympiques ont obtenu des diplômes d’études plus élevés et jouissent d’un plus grand prestige professionnel que leurs pairs.

Michael Schmid, qui a travaillé sur l’étude dans le cadre de son doctorat, explique à swissinfo.ch que plusieurs facteurs contribuent à ces résultats et que «la flexibilité du système de formation suisse et la personnalité des athlètes en font certainement partie».

Pas d’influence négative sur la carrière professionnelle

S’agissant de leur carrière professionnelle, 52,1% des participantes et participants à l’étude ont indiqué que leur engagement sportif avait retardé leur entrée dans la vie active. Mais 45,6% ont jugé que leur passé dans le sport d’élite avait plutôt favorisé leur position au début de leur carrière professionnelle, alors que 35,4% n’y voyaient aucune influence.

Elles et ils n’ont été que 19% à dire que leur carrière sportive avait eu un impact négatif sur leur deuxième carrière.

De plus, 62% ont indiqué que leur réseau professionnel avait profité de leur engagement dans le sport de haut niveau, tandis que quelque 30% n’avaient pas noté d’influence et que seulement 5,9% avaient senti des effets négatifs.

Sarah Meier
La patineuse Sarah Meier (tout à gauche) est devenue journaliste au terme de sa carrière sportive, qui l’a vue participer aux Jeux de Salt Lake City (2002), Turin (2006) et Vancouver (2010). Keystone / Salvatore Di Nolfi

Cette tendance n’est pas propre à la Suisse. Une étudeLien externe antérieure sur d’anciennes et anciens athlètes allemands a montré qu’elles et ils avaient un plus haut niveau de formation, des positions professionnelles plus prestigieuses et un taux de chômage plus bas que la moyenne de la population. En Espagne également, selon une autre étudeLien externe, les anciennes et anciens athlètes olympiques sont moins souvent au chômage que la moyenne.

Magali Di Marco Messmer
Magali Di Marco Messmer, médaillée de bronze du triathlon à Sydney en 2000, a créé son entreprise de communication, après avoir travaillé pour de grands groupes de médias. En 2021, elle a également été élue au Parlement du canton du Valais. Keystone / Laurent Gillieron

Les chercheurs en concluent qu’une carrière sportive au plus haut niveau n’empêche ni de mener à terme ses études ni de faire une belle carrière professionnelle. Pour la plupart des athlètes, les effets ont été positifs.

Cependant, avec la professionnalisation et la commercialisation croissantes du sport de haut niveau, il est difficile d’estimer si cette tendance va se poursuivre, explique Michael Schmid. La carrière moyenne d’une sportive ou d’un sportif en Suisse s’est allongée au cours de 30 dernières années, notamment parce que «le sport de haut niveau est mieux reconnu comme un métier et rapporte plus d’argent». À plus long terme, cela pourrait conduire à ce que les athlètes de haut niveau investissent moins dans leurs études et leur formation professionnelle à côté du sport.

(Traduction de l’allemand: Marc-André Miserez)

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