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Première expérience officielle de e-voting

Sur les 1150 Aniérois susceptibles de voter, 200 devraient le faire via Internet. Keystone Archive

Les citoyens de la petite commune d'Anières, dans le canton de Genève, testent pour la toute première fois le scrutin électronique.

Cette expérience pilote entre dans le cadre d’un programme conduit par la Confédération dans trois cantons.

C’est une première sur territoire helvétique et même mondiale, se réjouit le chef de projet du vote par Internet de la Confédération.

Daniel Braendli nuance toutefois: «Il y a eu des essais d’élections par Internet aux Etats-Unis mais jamais de votation politique».

Le scrutin communal est ouvert depuis mardi et sera clos le dimanche 19 janvier.

Les 1150 Aniérois sont invités à se prononcer sur l’ouverture d’un crédit de 4,3 millions de francs pour la rénovation d’un bâtiment. La Chancellerie de l’Etat de Genève s’attend à recevoir environ 200 votes via Internet.

Le reste des électeurs non-abstentionnistes choisira le vote par correspondance ou se rendra dans l’isoloir pour accomplir son devoir de citoyen.

L’objectif est d’offrir un instrument supplémentaire, notamment pour les Suisses de l’étranger. «Ils sont tout de même 500 000», remarque le chancelier de l’Etat de Genève.

«Et, selon les discussions que nous avons eues avec l’Association des Suisses de l’étranger l’été dernier à Berne, il y a une grosse attente de leur part, poursuit Robert Hensler. La plupart n’arrivent pas à exercer leurs droits politiques.»

En Suisse, ce sont surtout les jeunes, souvent abstentionnistes mais férus d’Internet, qui sont visés.

Et la sécurité?

Mardi dernier, la Chancellerie de l’Etat de Genève a organisé une séance d’information à Anières. La plupart des questions avaient trait à la sécurité et à la confidentialité du système.

Les autorités se sont montrées rassurantes. Chaque citoyen reçoit, avec son matériel de vote, un numéro à seize chiffres.

Selon la Confédération, une personne qui voudrait pénétrer dans le système sans disposer de ce numéro d’identification n’a, si elle opère par tâtonnements, qu’une chance sur cinq milliards d’y parvenir.

Une fois ce premier stade franchi, un bulletin s’affiche sur l’écran. Pour que son vote soit validé, le citoyen doit encore indiquer sa date de naissance et retranscrire un code secret de quatre chiffres qu’il découvrira en grattant une case figurant dans ses documents de vote.

Et, dernier rempart contre une éventuelle tricherie, le e-votant doit encore pouvoir indiquer sa commune d’origine. Ce qui fait dire à Daniel Braendli que le système est très sûr.

Enthousiasme et intérêt

Le côté pionnier de l’expérience a enthousiasmé une grande majorité des participants à la séance d’information.

Une dame d’un certain âge – qui ne possède pourtant pas d’ordinateur à la maison – a déclaré vouloir absolument voter par Internet: «J’irai chez ma fille, chez mes voisins, ou à la mairie pour le faire.»

Le canton a en effet mis à disposition une borne Internet à la mairie, «pour éviter la cyber exclusion», selon Robert Hensler.

Il notait d’ailleurs que vendredi, la Chancellerie avait déjà enregistré un nombre de votes par Internet presque équivalent aux votes par correspondance.

Ce qui tendrait à prouver l’intérêt pour le e-voting qui ne se limite de loin pas aux habitants d’Anières. La presse nationale et même des médias étrangers se sont manifestés.

Le maire d’Anières, François de Planta, en est encore stupéfait: «Nous avons accueilli des journalistes chinois, brésiliens et américains».

Le e-government genevois

Pour mémoire, le projet de vote électronique s’inscrit dans le cadre d’une conception globale du canton de Genève. Elle vise la création d’une administration en ligne.

Genève se prête particulièrement à ce projet pilote. Tout d’abord, la législation cantonale autorise le gouvernement cantonal à introduire à titre d’essai un procédé électronique.

Ensuite, le vote par correspondance – utilisé par 90% des votants – y est très largement répandu. Enfin, le registre des électeurs de ce canton est déjà centralisé et informatisé.

Avant l’organisation de ce premier scrutin électronique officiel, le canton de Genève a procédé à plusieurs tests.

Si Anières a été choisie, c’est tout simplement parce que cette commune accueille la première votation politique du canton en 2003.

Mais, précise son maire, «le fait que mon adjoint soit le chef du Service cantonal des votations a facilité l’organisation et la transmission des informations».

Trois projets pilotes en Suisse

Cela dit, rappelons que Zurich et Neuchâtel ont aussi été mandatés par la Confédération pour expérimenter le vote par Internet. Mais ils sont moins avancés que Genève.

Le projet du canton de Neuchâtel vise la signature électronique d’initiatives et de référendums. Ce canton dispose déjà d’un registre des électeurs centralisé.

Le canton de Zurich s’apprête lui à établir un registre des électeurs doté d’un accès centralisé.

Pour la période 2000-2004, la Confédération a alloué un crédit de 30 millions à l’encouragement du gouvernement électronique, dont une partie est réservée au vote par Internet.

Les tests genevois coûtent 1,2 million de francs dont 20% sont pris en charge par le canton.

Ces essais reposent sur une base légale temporaire qui est valable jusqu’en 2004, rappelle Daniel Braendli,.

swissinfo, Anne Rubin

– Le scrutin électronique d’Anières pour une votation politique est une première mondiale.

– L’objectif est d’offrir un instrument supplémentaire, notamment pour les 500 000 Suisses de l’étranger.

– En Suisse, ce sont surtout les jeunes et les personnes à mobilité réduite qui sont visées.

– La Confédération a lancé en 2000 trois projets pilotes, à Genève, Zurich et Neuchâtel.

– Pour la période 2000-2004, la Confédération a alloué un crédit de 30 millions de francs à l’encouragement du gouvernement électronique, dont une partie est réservée au vote par Internet.

– Les tests genevois coûtent 1,2 million de francs. 20% sont pris en charge par le canton.

– Ces essais reposent sur une base légale temporaire valable jusqu’en 2004.

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