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Première vraie union homosexuelle à Zurich

Ersnt Ostertag et Robert Rapp se sont dit oui à Zurich. swissinfo.ch

Le premier «partenariat enregistré», nom donné à Zurich à la reconnaissance des couples homosexuels, a été célébré mardi devant le maire.

Les élus vivent ensemble depuis 47 ans. Leur union va plus loin que le PACS genevois sans être un mariage.

Drôle d’heure pour un «mariage», mais il est vrai que la saison des passages devant Monsieur le maire bat son plein: à 8 heures 15, une petite foule se pressait déjà sous la pluie devant l’Hôtel de Ville de Zurich.

Il faut dire qu’outre les amis du couple, la municipalité avait aussi invité les médias. Le maire Elmar Ledergerber tenait à marquer l’événement, «symbole de tolérance et d’ouverture», la première cérémonie de «partenariat enregistré», appellation officielle du PACS («pacte civil de solidarité») zurichois.

Elmar Ledergerber soulignera encore un peu plus tard que, par un retournement ironique de l’histoire, le mot «enregistrement» évoquait aussi de sinistres souvenirs aux homosexuels zurichois, poursuivis et fichés par la police dans un registre illégal au cours des années 60.

Militants de la première heure

Que Robert Rapp et Ersnt Ostertag soient les premiers à pouvoir officialiser leur union n’est pas le fruit du hasard: âgés de 73 ans, les deux hommes, qui fêtent cette année 47 ans de vie commune, ont toujours activement milité pour la reconnaissance de leurs droits.

«Ce sont des chevaliers sans peur, dit cet ami, lui aussi d’un âge avancé et qui ‘enregistrera’ bientôt son union. «Mais nous préférons une cérémonie intime, ce n’est pas notre genre de faire une aussi grande fête», précise le compagnon.

La salle craque en effet sous le monde, famille et proches d’un côté, médias de l’autre. «Robi et Ernst» sont arrivés, un tournesol dans la main. L’officier d’état-civil, Roland Peterhans, leur demande de déposer les alliances sur un petit coussin.

Plus loin que le PACS genevois

En fait, comme ils le diront eux-mêmes, les deux hommes portent ces anneaux, sertis d’une bague, depuis 45 ans. Mais ils tiennent à refaire le geste scellant leur union.

Roland Peterhans ne prononce pas les phrases rituelles du mariage hétérosexuel. Pas de «acceptez-vous de prendre pour … » Le «partenariat enregistré» zurichois va peut-être plus loin que le PACS genevois, mais il n’équivaut pas un mariage.

La demande ne peut pas venir de l’Etat, expliquera Roland Peterhans à swissinfo plus tard. C’est le couple qui doit formuler sa volonté.

Robert Rapp et Ernst Ostertag ont choisi de dire «je confirme ici mon partenariat avec toi, afin de poursuivre notre vie commune comme nous l’avons fait jusqu’ici».

Les deux hommes, émus, signeront trois documents avant de recevoir chacun une enveloppe portant le partenariat enregistré 1.1.

Une prison morale

«Un rêve est devenu réalité. Aujourd’hui, nous pouvons sortir d’une prison dans laquelle nous avons été enfermés pendant 50 ans, celle de l’illégalité morale», déclare Ernst Ostertag lors d’un bref discours.

Le «jeune marié» remercie les pionniers du 19e siècle, dont certains ont payé leur combat de leur vie, puis les militants du 20e siècle et même «nos ennemis, grâce à qui le partenariat a reçu, fait unique dans le monde entier, une légitimité démocratique en votation».

Seule votation au monde

Les Zurichois ont en effet dû voter sur le partenariat suite à un référendum de l’Union démocratique fédérale (UDF) cantonale. Le 22 septembre 2002, ils avaient accepté la nouveauté par 62,7% de oui.

Le comité du oui avait prévenu: il y aurait foule au portillon pour l’entrée en vigueur de l’ordonnance d’application.

Il ne s’était pas trompé. Mardi 1er juilet, outre Robert et Ernst, cinq autres partenariats ont été enregistrés. Une quinzaine d’autres étaient déjà annoncés, tout comme les premiers partenariats de lesbiennes.

Quant à savoir si et quand il serait possible d’élargir les droits des homosexuels, Elmar Ledergerber a répondu qu’il fallait «savoir être heureux des acquis, pour un certain temps du moins».

Les autres questions, celle de l’adoption notamment, «posent encore de nombreux problèmes.» Robert Rapp est lui aussi satisfait du progrès réalisé. «Il y a encore deux ans, je n’y croyais pas, confesse-t-il. Le résultat est magnfique.»

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

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