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Sauber qui rit, Thomas Lüthi qui pleure

Keystone

L’écurie suisse de F1 Sauber-Petronas a réalisé un championnat remarquable. Elle a même devancé des équipes au budget largement plus élevé.

Au guidon de sa Honda d’usine, le Bernois Thomas Lüthi a connu, lui, un championnat difficile en 125 cm3.

Jacky Eeckelaert, directeur d’exploitation chez Sauber-Petronas, n’éprouve qu’un seul regret à l’heure du bilan de fin d’année: «Il manque un podium. Au vu de l’énorme travail abattu, les gens de l’usine l’auraient mérité.»

Sinon, la saison 2004 de l’écurie suisse peut être qualifiée de réussie. Sixième du classement des constructeurs, elle devance notamment Jaguar et Toyota, deux adversaires aux moyens supérieurs.

«Ces deux teams, ainsi que les cinq autres qui nous précèdent, ont un contrat avec des manufacturiers du secteur automobile, relève l’ingénieur belge. Nous pouvons donc être fiers de nos résultats.»

Les vertus de la soufflerie de Hinwil



Par le passé, les monoplaces de Peter Sauber ont souvent brillé en début de championnat, avant de pécher par la suite. Cette année, la régularité a été de mise.

«Grâce à notre soufflerie de Hinwil, inaugurée en décembre 2003, nous avons pu poursuivre le développement de la voiture au cours de la saison, se réjouit Jacky Eeckelaert. C’est lors des trois dernières épreuves qu’elle a été la plus performante.»

Bénéficiant des blocs moteurs de Ferrari depuis 1997, la firme zurichoise s’était également offert la boîte à vitesses de la Scuderia à l’aube de l’exercice écoulé.

«La construction de la soufflerie a monopolisé une grande partie de notre attention et de notre temps, explique le chef de course. C’est la raison qui nous a poussé à faire cet achat. Mais il serait faux de croire que c’est celui-ci qui a fait la différence.»

Avec Ferrari, Michelin et Villeneuve… mais sans Red Bull



D’ailleurs, le 6 mars 2005, lors du Grand Prix d’Australie, Sauber équipera à nouveau ses véhicules d’une boîte à vitesses 100% maison. Seuls les moteurs seront encore flanqués du logo au cheval cabré.

«Ce n’est pas notre but que de s’improviser motoriste, commente le directeur d’exploitation. L’investissement est colossal et il serait de toute façon difficile pour nous de faire la différence avec nos rivaux. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.»

Pour sa 13ème saison sur les circuits de Formule 1, l’écurie suisse prévoit tout de même plusieurs changements. Ainsi, pour la première fois, elle accordera sa confiance au fournisseur de pneus Michelin.

Ensuite, elle comptera dans ses rangs un champion du monde. Jacques Villeneuve, sacré en 1997, prend le volant laissé libre par l’Italien Giancarlo Fisichella. Le Canadien sera le coéquipier du Brésilien Felipe Massa, dont le contrat a été reconduit.

Enfin, elle ne pourra plus compter sur le soutien du sponsor Red Bull. Le contrat entre les deux parties, vieux d’une décennie, est devenu caduc à la mi-novembre, lorsque le fabricant de boissons énergétiques autrichien a décidé de racheter Jaguar. Et de devenir concurrent de Sauber.

A la découverte du GP de Turquie

Du côté du centre névralgique de Hinwil, l’heure n’est de loin pas à la panique. Ce départ était même escompté dans l’élaboration du budget 2005. «Le retrait de Red Bull ne fera pas ralentir la future monoplace», image Jacky Eeckelaert.

Sixième des deux derniers championnats, Sauber-Petronas espère fait encore mieux en 2005. «Ce qui ne signifie pas que nous visons la cinquième place, prévient le Belge. Nous tenterons en revanche de réduire l’écart qui nous sépare du Top 5.»

Le team zurichois aura 19 Grand Prix, un record, pour y parvenir. «Cela prouve que la F1 suscite de l’intérêt, se félicite Eeckelaert. Il sera notamment passionnant de découvrir un nouveau circuit, celui de Turquie, après ceux de Bahreïn et de la Chine en 2004.»

Une saison difficile pour Thomas Lüthi

Contrairement à Sauber, le motard Thomas Lüthi a vécu les douze derniers mois de manière très difficile.

Au terme de la saison 2003 (sa première saison complète), le Bernois avait réussi à se glisser parmi les 15 meilleurs motocyclistes de la planète. Cette fois, il ne termine qu’au 25e rang du classement de la catégorie 125 cm3.

Sur sa Honda d’usine, l’espoir suisse (18 ans) a connu toutes les peines du monde à se mettre en selle. Chutes (au nombre de quatre), blessure à l’épaule et problèmes mécaniques l’ont sanctionné en début de championnat.

Il n’a récolté ses premiers points qu’au Grand Prix du Japon (11e), soit lors de la douzième des seize courses au programme! Seul constat encourageant: le jeune homme de Linden est encore parvenu à s’immiscer dans les points à trois reprises par la suite.

Avec le Fribourgeois Vincent Braillard en 2005

Malgré ces déboires à répétition de son protégé, le Bâlois de Prague Daniel Epp, manager du Team ELIT Racing, n’a pas hésité à lui renouveler sa confiance.

En 2005, Thomas Lüthi disposera même de deux guidons. Appelé à l’épauler, l’Allemand Sascha Hommel (14 ans) a rompu le contrat pour signer chez le concurrent Malaguti.

En revanche, il ne sera plus le seul Suisse à disputer l’intégralité des GP. Le Fribourgeois Vincent Braillard (19 ans), qui a fait ici et là quelques apparitions en championnat du monde, chevauchera dorénavant une Aprilia 125 cm3 du Team Hungary.

swissinfo, Raphael Donzel

F1, classement des constructeurs: 1. Ferrari 262 pts. 2. BAR 119 pts. 3. Renault 105 pts. 4. Williams 88 pts. 5. McLaren 69 pts. 6. Sauber 34 pts. 7. Jaguar 10 pts. 8. Toyota 9pts. 9. Jordan 5 pts. 10 et dernier. Minardi 1 pt.

Moto 125cm3, classement des pilotes: 1. Dovizioso (It) 293 pt. 2. Barbera (Esp) 202 pts. 3. Locatelli (It) 192 pts. 4. Lorenzo (Esp) 179 pts. 5. Stoner (Aus) 145 pts. Puis: 25. Lüthi (Sui) 14 pts.

– Sauber, Jordan et Minardi étaient les seules des dix écuries de F1 en 2004 à ne pas être également des constructeurs automobiles.

– Grâce à sa nouvelle soufflerie, l’équipe suisse a pu améliorer l’aérodynamique de sa monoplace et demeurer compétitive tout au long de la saison (6e rang des constructeurs).

– Après Bridgestone, Peter Sauber a décidé de faire confiance aux pneumatiques français Michelin. Ferrari fournira encore son moteur, Jacques Villeneuve sera le second pilote et Red Bull ne sera plus sponsor.

– En moto 125 cm3, le Bernois Thomas Lüthi n’a pas répondu aux attentes placées en lui (25e du classement des pilotes).

– En 2005, le Fribourgeois Vincent Braillard prendre aussi part au championnat du monde 125 cm3.

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