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Zurich se drape de tricolore

Mardi soir, les couleurs italiennes dominaient largement dans les rues de Zurich. Keystone

Si Berne s'est muée en capitale des Pays-Bas, Zurich s'est pour sa part transformée mardi soir en ville italienne. La célébration de la qualification pour les quarts de finale de l'Euro 2008 a été belle. Notre reportage à Zurich.

Renato est en train de préparer les tables à l’extérieur de son restaurant situé dans la zone de la Limmatplatz. Un drapeau italien est bien visible derrière le grand écran.

«Je pense que, ce soir, nous gagnerons, déclare-t-il. Mais tout dépend du résultat du match entre la Roumanie et les Pays-Bas. Je ne suis pas très confiant. Il y a quatre ans, au Portugal, la Suède et le Danemark avaient fait match nul dans la dernière partie; ils s’étaient qualifiés tous les deux et nous avions été éliminés.»

Le frein à main tiré

Ces derniers jours, dans la presse italienne et française, on ne parle que d’une entente possible entre Roumains et Néerlandais. Les supporters italiens craignent – peut-être avec raison – que les Pays-Bas, déjà qualifiés pour les quarts de finale, jouent avec le frein à main tiré. Le Portugal n’avait-il pas fait de même il y a deux jours contre la Suisse?

Il ne manque plus que trois heures jusqu’au coup d’envoi et le Limmatquai – transformé pour l’occasion en rue des supporters – est déjà bondé. Les couleurs italiennes (vert, rouge et blanc) dominent nettement. C’est qu’une importante communauté transalpine vit à Zurich.

Comme Renato, Donato, drapé de tricolore, ne croit pas que l’Italie se qualifiera. «Normalement, je suis toujours optimiste, mais cette fois, je la sens mal», dit-il. D’autant plus qu’au cours des 30 dernières années, la France a presque toujours dominé l’Italie lorsque les deux pays se sont affrontés.

Quelques Français sont un peu plus fanfarons. Alain est en train de mordre dans une pizza. Manger un plat si typiquement italien n’est-il pas une contradiction? «Lorsque nous aurons mangé les Italiens, elle aura encore meilleur goût», répond-il en riant.

Guy, un Parisien qui est en Suisse depuis plus d’une semaine, est un peu moins optimiste. «La France n’a jusqu’à présent pas montré grand-chose», estime-t-il. Les Français sont désormais orphelins de Zidane, comme le montrent les dizaines de maillots à son nom.

La pluie, une triste compagne

Malgré les traditionnels quolibets entre supporters, l’ambiance est tout à fait tranquille. Personne, du moins jusqu’à présent, ne s’est laissé aller à des débordements.

A une heure du coup d’envoi, la pluie commence à tomber, cette triste compagne de ces dix premiers jours d’Euro. Sur la tribune de la «fan zone» du Bellevue, un petit groupe d’Italiens tente de réchauffer les supporters en entonnant quelques chants. Il ne manque plus que Toto Cutugno…

Une Française semble en avoir assez de la foule, des chansons italiennes et de la pluie. «Nous nous retrouvons après le match où nous avons parqué la voiture», dit-elle sèchement à son compagnon qui, pour sa part, n’a visiblement aucune envie de manquer la partie. Et si cette femme avait eu une prémonition?

But!

Mais peu de gens suivent son exemple. Devant les écrans géants de Bellevue, on se déplace à grand peine. Les équipes font leur entrée sur le terrain. L’entraîneur français Raymond Domenech ne jouit visiblement pas des faveurs des supporters italiens. Dans le camp français, vu que Materazzi ne joue pas, on ne sait pas très bien vers qui concentrer sa hargne.

L’Italie commence bien. Dans les 10 premières minutes, Toni et Panucci inquiètent Coupet, le gardien français. La sortie de Ribery à la 8ème minute, blessé lors d’un choc avec Zambrotta, tire un premier soupir de soulagement aux supporters italiens. «Peut-être que ce soir, c’est la bonne», affirme l’un d’entre eux. D’autant plus qu’il a désormais cessé de pleuvoir.

A la 24ème minute, Toni est fauché par Abidal dans la surface de réparation. Carton rouge et penalty! Quelques supporters se couvrent le visage lorsque Pirlo se présente pour le tirer. But! L’Italie est pour le moment qualifiée, vu que la Roumanie et les Pays-Bas en sont encore à 0 partout. Les supporters italiens commencent vraiment à y croire, d’autant que Buffon et ses coéquipiers jouent maintenant en supériorité numérique.

Par trois fois, Toni est à deux doigts de doubler le score. Francesco, qui est arrivé de Lodi dans la matinée, ne semble pas apprécier outre mesure l’attaquant du Bayern de Munich. «Il a besoin de 15 ballons pour en mettre au moins un dedans! Donadoni, sors-le!», dit-il. De son côté, l’attaquant français Henry rallume des supporters français un peu éteints avec une belle diagonale qui finit tout près du poteau.

«Grazie Marco!»

Quelques minutes après le début de la seconde mi-temps, le Bellevue résonne d’un autre cri de joie. Cette fois, les bonnes nouvelles viennent de Berne où les Néerlandais ont ouvert la marque contre la Roumanie.

Mais à Zurich, la France se fait plus agressive malgré son infériorité numérique. Les espoirs français sont définitivement enterrés lorsqu’un coup-franc de De Rossi, dévié par le mur français, finit au fond des filets de Coupet.

Quelques supporters français commencent à regarder le ciel plutôt que l’écran. A trois minutes de la fin de la rencontre, c’est l’allégresse: à Berne, les Néerlandais ont doublé la mise. L’Italie est en quarts de finale. L’entraîneur néerlandais Marco van Basten est acclamé comme un héros national.

Le match terminé, les supporters se répandent dans les rues en criant «nous sommes champions du monde!». Et désormais, après avoir frisé l’élimination, le doublé Championnat du monde – Championnat d’Europe semble un rêve un peu moins inaccessible.

swissinfo, Daniele Mariani, Zurich
(Traduction de l’italien, Olivier Pauchard)

Portugal – Allemagne, le 19 juin à Bâle

Croatie – Turquie, le 20 juin à Vienne

Pays-Bas – Russie ou Suède, le 21 juin à Bâle

Espagne – Italie, le 22 juin à Vienne

Résultats des différents matches:

France – Roumanie : 0-0
Pays-Bas – Italie : 3-0
Italie – Roumanie : 1-1
Pays-Bas – France : 4-1
France – Italie : 0-2
Pays-Bas – Roumanie : 2-0

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