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bon goût arabe, savoir-faire suisse

Jean-Marc Busato travaille au Moyen-Orient depuis 20 ans. swissinfo.ch

Nulle part au monde l'hôtellerie ne vit un boom aussi intense qu'à Dubai: 72 nouveaux hôtels ouvriront d'ici trois ans.

Les professionnels suisses contribuent à cette expansion. L’hôtelier bernois Jean-Marc Busato est l’un d’eux.

«Lorsqu’ils évaluent les chances de nouveaux projets d’hôtels, les investisseurs arabes ont deux critères en tête: l’image et le service». Jean-Marc Busato sait de quoi il parle. Vice-président de la chaîne d’hôtels Rezidor SAS Hospitality pour le Moyen-Orient, il vit et travaille dans la région depuis vingt ans.

Sur ces deux points, image et service, le souci esthétique arabe et le savoir-faire suisse se combinent parfaitement. «Les Arabes ont un sens inné de l’hospitalité. L’hôtellerie est une branche qui leur sied donc à merveille. Nous autres Suisses amenons notre traditionnel sens de l’artisanat bien fait», explique le Bernois.

Exclusivité perdue

Aux Emirats Arabes Unis (EAU), petit pays de trois millions d’habitants, le Bernois se fond aujourd’hui dans la masse des expatriés.

«Il y a vingt ans, un Suisse “expat” se faisait immédiatement remarquer dans les rares hôtels qui existaient à l’époque ici», se souvient Jean-Marc Busato, qui a fait ses armes auprès du pionnier Ueli Prager, au sein de la chaîne d’hôtels Mövenpick.

«Ueli Prager accordait beaucoup d’importance à la présence de Suisses dans son personnel. Autrefois, notre nationalité était un gage de spécialisation et

d’exclusivité. Au point que ce savoir-faire hôtelier s’exportait», explique Jean-Marc Busato.

«Mais aujourd’hui, poursuit-t-il, dans l’hôtellerie globalisée, les autres nations ont depuis longtemps rattrapé leur retard. En partie d’ailleurs grâce aux écoles et aux diplômes suisses».

Pour les Suisses, lors d’un engagement à l’étranger, la question du salaire pose aujourd’hui problème. «Mais il y a vingt ans, grâce à son statut, un chef de cuisine suisse pouvait gagner au Moyen-Orient, bien plus qu’il ne pourrait exiger aujourd’hui», note Jean-Marc Busato.

Max Burkhalter, “executive chief” de cuisine du Grand Hyatt de Dubai,

appelé plus simplement “le chef de cuisine”, a de la peine à comprendre le scepticisme et la retenue des Suisses face à un poste à l’étranger: «Je trouve beaucoup de diplômés de l’Ecole hôtelière de Lausanne pour des emplois opérationnels à Dubai, mais ils ne sont jamais suisses…»

«Cocooning économique»

Pour le cuisinier, ce manque d’intérêt traduit une perte de l’esprit d’ouverture, un réflexe qu’il qualifie de “cocooning économique”.

Jean-Marc Busato avance une autre explication: selon lui, le peu d’enthousiasme à s’expatrier que manifestent les jeunes Suisses est à mettre sur le compte des coûts fixes exorbitants qu’ils ont à supporter

dans leur pays pendant leur engagement à l’étranger, par exemple s’ils sont propriétaires de leur logement en Suisse.

Du coup, à compétences égales, les concurrents venus des nouveaux pays de l’Union européenne ou même d’Inde sont mieux placés.

Mais les connaisseurs des milieux expatriés savent aussi que, avec un peu d’expérience, on peut compenser ces désavantages structurels par des économies fiscales et au moyen de comptes bancaires offshores placés hors de Suisse et de l’Union européenne.

Moins de capital étranger

S’il est un problème typique de la Suisse que les EAU ne connaissent

pas, c’est le haut degré d’endettement hypothécaire de l’hôtellerie. «Les chaînes hôtelières travaillent avec des investisseurs locaux, explique Jean-Marc Busato, qui placent leur propriété foncière dans le capital».

Aux Emirats, un entrepreneur étranger ne peut de toute façon pas faire grand-chose sans partenaire local. D’un autre côté, les banques étrangères n’ont pas de droit de reprise sur les titres immobiliers en mains locales. C’est pourquoi elles n’accordent pas de crédits hypothécaires, un domaine exclusivement réservé aux banques locales.

Quant aux réserves culturelles exprimées dans les pays arabes vis-à-vis de certaines formes d’assurances, on peut les contourner, dit Jean-Marc Busato, en formant des pools.

«Par exemple, pour la responsabilité civile, Rezidor travaille avec Zurich Financial Services pour ses 250 hôtels. Pour l’assureur, cela garantit une vision globale du risque et, pour nous, une prime raisonnable».

L’assurance des bâtiments en revanche, qui pose moins de problèmes culturels, peut être confiée à des compagnies locales.

Les entreprises locales sont aussi chargées des travaux de construction, tandis que tout ce qui relève du design et de l’architecture vient de l’étranger. «Beaucoup d’entreprises de livraison helvétiques sont aussi présentes aux Emirats», assure l’hôtelier.

Ces entreprises permettent d’économiser des frais et du temps lors des procédures de contrôle. Le bon goût local et le savoir-faire helvétique sont ainsi garantis.

swissinfo, Alexander Künzle à Dubai (Traduction de l’allemand: Ariane Gigon Bormann)

Par le passé, les Suisses diplômés d’écoles d’hôtellerie étaient considérés comme des professionnels de grande valeur dans des destinations porteuses d’espoir comme Dubai.

Ces professionnels se rencontraient aux quatre coins du monde.

Aujourd’hui, tant les compétences que l’expérience se sont globalisées. Les Suisses ne sont plus seuls à obtenir les diplômes des écoles hôtelières suisses.

Ainsi, les Suisses se fondent dans la masse des autres expatriés, à tout le moins aux Emirats Arabes Unis.

A l’instar de nombreux professionnels suisses de l’hôtellerie travaillant à l’étranger, Jean-Marc Busato a fait ses premières armes chez Mövenpick.
Le Bernois a senti pour la première fois l’appel du large en travaillant à l’hôtel de l’aéroport de Glattbrugg, près de Kloten. Il a ensuite fait ses valises pour l’Arabie Saoudite puis, plus tard, pour l’Egypte.
Après quelque temps chez le voyagiste européen TUI, il a rejoint, il y a quelques années, le groupe Rezidor SAS Hospitality, dont le CEO à Bruxelles, Kurt Ritter, est également originaire de l’Oberland bernois.
Vice-président pour le Moyen-Orient, Jean-Marc Busato est responsable des 15 hôtels de la chaîne Rezidor dans la région, sous l’enseigne Radisson.
Il est également chargé des projets en cours et de la recherche de nouveaux emplacements.

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