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El franco, un lastre para los productos suizos en EEUU

Avec son frère Cliff, Michael Haene tient une épicerie spécialisée dans les produits d’importation. Et ce qui vient de Suisse s’y vend moins bien depuis quelques temps. swissinfo.ch

Pas facile de vendre des produits «made in Switzerland» aux Etats-Unis lorsque le franc est aussi cher. Des distributeurs perdent de la clientèle et certains réduisent leur offre de marchandises suisses. Etat des lieux à travers des témoignage de Suisses.

L’envol du franc suisse face au dollar fait perdre du terrain au «made in Switzerland» sur le marché américain. «Le secteur le plus touché, ce sont les petites ou moyennes entreprises qui importent des produits 100% suisses avec des coût de production très élevés commes les fromages ou le chocolat, mais même les grandes entreprises commencent à resssentir des problèmes», souligne François Schmidt, attaché commercial de l’ambassade à Washington. Même s’il ne dispose pas encore de chiffres sur la situation, il tire son constat de ses contacts avec les chefs d’entreprise.

Situation difficile

À San Francisco, Dominik Schieweck, propriétaire du magasin «Schoggi» et du site Internet du même nom, qui se spécialise dans les chocolats suisses, affirme que, si ses ventes «sont en hausse de 80% par rapport à 2010», la faiblesse du dollar face au franc «rend maintenant la situation extrêmement difficile».

«Les tarifs de mes fournisseurs ne font que monter et j’ai donc dû augmenter les miens, mais mon commerce est à peine rentable», dit ce Bâlois qui a perdu un gros client, le Palace, un hôtel de grand luxe.

«J’ai ouvert pour Noël 2007, juste quand la récession a frappé. J’avais prévu que je ne gagnerai probablement pas d’argent pendant les quatre premières années, mais je n’étais pas préparé à une situation aussi mauvaise», confie Dominik Schieweck.

Du chocolat au biscuit chinois

Plus au sud, dans la Silicon Valley, Bruce, directeur du magasin en ligne swisschocolateoutlet.com, qui préfère ne pas divulguer son nom de famille, indique que ses ventes de bouchées fabriquées par des artisans chocolatiers en Suisse «baissent depuis l’an dernier, et l’activité n’est plus rentable». Ce site californien ferme. «On oriente nos activités sur notre autre site, et à l’occasion d’une commande sur ce site consacré aux biscuits chinois, certains clients achètent encore du chocolat suisse», précise le gérant.

Près de Washington, Cliff Haene, propriétaire avec son frère du «German Gourmet», une grande épicerie, a pour sa part plusieurs atouts pour affronter le franc fort.  «Nous sommes dans la région des Etats-Unis la moins touchée par la crise, les gens y ont plus de revenu disponible qu’ailleurs, nous sommes aussi diversifiés puisque nous proposons d’autres produits européens en plus des suisses», raconte ce fils d’émigrés bernois.

Cependant, Cliff Haene s’attend à «des répercussions cet automne et pendant les fêtes de fin d’année qui commence ici à Thanksgiving, fin novembre». Déjà, il a dû enlever des yaourts suisses de ses rayons. «Nos clients ont comparé leurs prix avec d’autres yaourts et du coup, on n’en vend plus que sur commande », explique-t-il.

Touché aux marges

Le franc fort n’affecte pas seulement l’alimentation, mais rogne aussi sur la marge bénéficiaire des produits de luxe.

En Illinois, le responsable d’un magasin en ligne d’ustensiles de cuisine qui propose notamment des poêles et casseroles fabriquées en Valais, s’exprime sous couvert de l’anonymat tant pour lui que pour son entreprise par crainte de «heurter encore plus» ses affaires. «Nos ustensiles suisses sont de très haute gamme, ils ont toujours été chers, mais en ce moment, ils sont devenus très chers et se vendent mal», dit-il.

À Winchester en Virginie, Chantal Aaeschbach-Powell, suissesse et présidente de la filiale américaine de Naef, indique que les ventes aux Etats-Unis de l’entreprise de Zofingue qui fabrique des objets en bois pour les boutiques de musée et de décoration sont plates depuis l’an dernier.

«À cause du taux de change, nous avons dû revoir nos prix à la hausse il y a un an et nous les examinons tous les trois mois», poursuit Mme Aeschbach-Powell. L’entreprise pourrait envisager de supprimer certains de ses 75 modèles et viser un public plus large, dit-elle, avant de noter que Naef vient de participer pour la première fois à la Foire Internationale du Cadeau de New York.

Prudence pour les montres de luxe

À Miami, Ira Krieger, fondateur de la marque de montres de luxe qui porte son nom, avertit que les entreprises sur des créneaux pointus et hauts de gamme, «doivent être très prudentes quand elles augmentent leurs prix».

«Pour garder le label made in Switzerland, nous ne pouvons pas diminuer nos coûts de production en délocalisant en Chine, donc augmenter les prix est notre seule option. Or, une fois qu’on les augmente, on ne peut plus les baisser car on serait en décalage avec le marché quand le dollar remontera», explique Ira Krieger.

Le dilemme autour des stratégies destinées à maintenir ou renforcer la rentabilité a aussi un aspect plus immédiat. «En relevant les prix, on perd des clients, et certains de ceux qui restent limitent leurs achats», lance pour conclure Ira Krieger. «Ils n’achètent qu’une seule montre alors qu’avant, ils en auraient acheté une par an».

De janvier à début août, le franc suisse a grimpé d’environ 26% face au dollar. Sur cette période, le franc s’est plus renforcé contre le dollar que contre l’euro.

Selon l’agence de presse financière Bloomberg, le franc a augmenté cette année de 19% contre un panier composé des monnaies de 9 autres pays développés.

L’envol du franc a commencé en 2010.

En temps de crise économique, le franc suisse est généralement considéré comme une valeur refuge par les investisseurs, à l’instar de l’or.

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