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La Suisse juge positif le sommet de l’ONU

Le sommet de New York était le plus grand rassemblement de leaders jamais vu dans l'histoire. Keystone

Pour l'ambassadeur de Suisse auprès des Nations Unies, le sommet mondial qui s'est terminé vendredi n'a pas constitué une occasion manquée.

Peter Maurer estime que beaucoup de choses positives ressortent de cette réunion. Les organisations non gouvernementales ne partagent pas cet avis.

«Je ne dirais pas que ce fut une occasion manquée, a déclaré Peter Maurer à swissinfo. Je pense que le Secrétaire général Kofi Annan a donné une description juste de la situation en montrant clairement qu’il y a eu des avancées importantes et davantage de convergences de vues dans bon nombre de dossiers.»

«Mais il y a aussi eu des dossiers à propos desquels aucun accord n’était possible et sur lesquels il sera nécessaire de revenir», concède l’ambassadeur.

Peter Maurer ne pense pas que l’agenda de ce sommet était trop ambitieux. Pour lui, il était légitime de placer les droits de l’homme, le développement, la paix et la réforme de l’ONU à l’ordre du jour.

Avant l’ouverture, l’ONU avait salué ce sommet comme une «opportunité unique dans une génération de prendre des décisions audacieuses dans les domaines du développement, de la sécurité, des droits de l’homme et des la réforme de l’ONU».

Ce sommet était également l’occasion de redonner un nouveau souffle aux objectifs du Millénaire pour le développement. Ces objectifs sont notamment de réduire de moitié la mortalité infantile et l’extrême pauvreté et d’enrayer la propagation du sida d’ici 2015.

La déclaration finale du sommet prévoit plusieurs initiatives dont notamment la création d’un futur Conseil des droits de l’homme et d’une Commission de consolidation de la paix, ainsi que l’obligation de protéger les civils des génocides, des crimes de guerre et des épurations ethniques.

Toutefois, ce document, dont beaucoup de points ont été très contestés, n’apporte pas une approche commune dans le domaine de la prolifération des armes de destruction massive ou dans celui d’une nouvelle définition du terrorisme.

Et c’est la désillusion du côté des pays en voie de développement qui en attendaient davantage en matière d’aide au développement et au commerce. Quant à la réforme de l’ONU, qui était censée constituer l’un des points forts de ce sommet, les avancées ont été minimes.

Droits de l’homme

La Suisse, qui avait lancé l’idée d’un Conseil des droits de l’homme plus réduit mais plus efficace que l’actuelle Commission des droits de l’homme, devra désormais attendre l’Assemblée générale, qui se tient au cours des deux semaines à venir, pour que soient définis la dimension et le mandat du nouvel organe.

Peter Maurer se dit convaincu que les questions encore ouvertes pourront être éclaircies au cours des prochains douze mois et que le résultat final sera un organe qui pourra se substituer efficacement à l’actuelle Commission des droits de l’homme.

«Nous ne sommes pas réellement préoccupés par le fait que la proposition soit un peu diluée, assure l’ambassadeur. Mais nous aurions espéré une décision plus rapide.»

Peter Maurer a par ailleurs confirmé que la Suisse a l’intention de participer à hauteur de 4 millions de dollars (5 millions de francs) au futur fonds des Nations Unies pour les interventions en cas de catastrophes naturelles et autres situations d’urgence. Le montant total de ce fonds devrait atteindre 150 millions de dollars.

Les ONG pas satisfaites

Loubna Freih, directrice de Human Rights Watch à Genève, qualifie pour sa part le document final de «compromis très timide». Elle se félicite toutefois les progrès réalisés dans le domaine de la réforme de la Commission des droits de l’homme et salue les efforts de la Suisse dans ce domaine.

«La Suisse a eu un rôle important dans la promotion de l’idée d’un Conseil permanent des droits de l’homme, souligne-t-elle. J’espère que les Suisses pourront suivre les consultations et contribuer à mener les discussions.»

Membre d’Alliance Sud – un collectif d’ONG suisses, Bastienne Jorchel est également assez critique par rapport aux résultats du sommet. A son avis, il s’agit même d’un pas en arrière par rapport au Sommet du Millénaire de 2000.

«Ce sommet n’aurait pas dû se limiter à confirmer les décisions prises en 2000, mais aurait aussi dû apporter quelques mesures concrète de la part de la communauté internationale pour réaliser les objectifs du Millénaire», argumente-t-elle.

swissinfo, Adam Beaumont, New York
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

– Le sommet du 60e anniversaire de l’ONU, qui a duré trois jours, s’est achevé vendredi à New York par l’adoption du document final sur la modernisation de l’Organisation et l’effort en faveur du développement. Moins ambitieux qu’espéré, ce texte a suscité de nombreuses critiques.

– Le document final appelle toutefois les Etats à «faire des efforts concrets» pour consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide au développement.

– Les principaux dossiers discutés lors de ce sommet ont été le développement, le futur Conseil des droits de l’homme, la Commission de consolidation de la paix, de droit d’ingérence, le terrorisme et la réforme de l’ONU.

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