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La Suisse n’espionnera pas les sectes

Pour l'Office fédéral de la police, la protection contre les sectes relève davantage de la défense des consommateurs que de celle de l'Etat. Keystone Archive

Contrairement à l´Allemagne, la Suisse renonce à surveiller de près l´Eglise de scientologie et d´autres mouvements sectaires. L´Office fédéral de la police (OFP) estime en effet que ces mouvements religieux ne menacent pas la sécurité de l´Etat.

Ce rapport intitulé «la scientologie et les sectes en Suisse» a été publié vendredi. Il est destiné au Département fédéral de Justice et police.

Pour l’OFP, la situation n’a pas notablement évolué depuis 1998, date de son premier rapport. L’office n’a ainsi constaté aucune tentative ciblée de la part de la scientologie pour infiltrer les autorités et les entreprises ou pour procéder à des activités de renseignement.

Dans ces conditions, il n’est donc pas possible de surveiller les scientologues de manière préventive. «Il ne suffit pas d’avoir des soupçons indéfinis», explique Urs von Däniken, chef de l’OFP.

Le Conseil fédéral a en effet édicté des conditions très strictes pour procéder à de telles surveillances. Il faut notamment que les mouvements exercent des violences en Suisse ou à l’étranger, présentent un caractère antidémocratique ou encore aient été interdits à l’étranger pour des raisons anticonstitutionnelles.

Mais les autorités suisses restent vigilantes. Elles observent ainsi avec un «intérêt certain» les travaux des autorités allemandes de protection de la Constitution, qui, elles, n’hésitent pas à surveiller préventivement les scientologues. Et à la lumière de ces informations, la Suisse se tient prête à agir le cas échéant.

On peut cependant se demander si la Suisse ne se repose pas sur ses voisins pour exercer une surveillance. Urs von Däniken réfute cette critique. «La situation en Suisse et en Allemagne est très différente. Les scientologues allemands présentent ainsi un caractère plus agressif que les scientologues suisses», explique le chef de l’OFP.

Au final, le nouveau rapport arrive aux mêmes conclusions que celui de 1998. Les enquêteurs avaient alors découvert «d’importantes composantes financières» au sein de la scientologie. Ils avaient aussi constaté que ses membres sont soumis à une «forte pression».

Mais l’OFP estime que ces aspects relèvent plus de la protection du consommateur que de celle de l’Etat.

Olivier Pauchard


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