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«Enfin» un projet de base lunaire

Dessin d'artiste montrant les nouveaux explorateurs lunaires. Keystone

Un expert suisse des affaires spatiales salue la décision américaine de construire une base habitée sur la Lune.

Pour Bruno Stanek, qui couvrit en 1969 le premier alunissage pour la télévision suisse, l’argent de la Nasa sera bien mieux investi là que dans la Station spatiale internationale.

Au début du mois, l’Agence spatiale américaine a dévoilé ses plans pour le retour de l’homme sur la Lune. Il s’agira d’établir un «camp de base» à proximité de l’un des pôles de notre satellite, qui serait habité en permanence dès 2024, soit quatre ans après l’arrivée des premiers astronautes sur place.

«Ils y auront mis le temps, s’exclame Bruno Stanek. La Station spatiale internationale et les navettes – si sophistiquées et si luxueuses ! – ont dévoré une part importante du budget de la Nasa. Avec ce nouveau départ pour la Lune et au-delà, l’agence utilisera ses moyens, qui restent limités, de manière plus efficace et mieux ciblée».

Avec la mise à la retraite prévue de ses navettes en 2010, la Nasa se lance donc à nouveau dans l’exploration humaine des autres mondes. La première étape verra le développement d’une nouvelle génération de vaisseaux lunaires, qui doivent entrer en phase de tests dès 2009.

Les vols habités devraient démarrer en 2014, et les astronautes sont attenus sur la Lune pour 2020, soit 48 ans après la dernière mission Apollo de 1972.

«Assurance-vie»

Le budget annuel de la Nasa équivaut à 19 milliards de francs suisses, une somme qui n’augmentera pas pour financer ce programme. L’Agence utilisera plutôt les fonds actuellement injectés dans la navette pour reconquérir la Lune.

Le but est ambitieux: établir une base lunaire pour préparer les vols vers Mars et à plus long terme, l’expansion de la civilisation humaine sur d’autres planètes.

«Mars est la planète proche de nous qui offre le plus d”espace vital’, note Bruno Stanek. Mais elle ne pourrait accueillir que quelques millions d’hommes, pas des milliards comme la Terre».

L’expert suisse n’en considère pas moins qu’une seconde planète offrirait à la race humaine la meilleure «assurance-vie» possible, par exemple en cas de collision avec un asteroïde, ou de catastrophe climatique ou environnementale majeure.

Il y a 65 millions d’années, un gros caillou a heurté la Terre de plein fouet, causant très vraisemblablement l’extinction des dinosaures. Et cela a toutes les chances de se reproduire un jour. Par ailleurs, les scientifiques sont de plus en plus inquiets des effets à long terme du réchauffement de notre atmosphère.

La mondialisation de l’espace

Aujourd’hui, la Nasa n’est plus animée par l’esprit de compétition de la Guerre froide, époque où les Américains devaient absolument arriver sur la Lune avant les Soviétiques.

Pour son nouveau programme, elle cherchera des partenaires internationaux, publics et privés, comme elle le fait déjà pour des programmes tels que la Station spatiale internationale ou les missions de robots sur Mars. Histoire également de partager les coûts.

La Suisse, très présente dans l’espace depuis les débuts des vols de fusées et pays fondateur de l’Agence spatiale européenne, sera certainement aussi dans la course.

Bruno Stanek en est convaincu: «nous avons toujours eu quelques centres d’excellence dans ce pays», rappelle-t-il. Ceux qui ont fourni par exemple les montres des premiers hommes sur la Lune, ou les moteurs des jeeps martiennes de la Nasa…

swissinfo, Thomas Stephens
(Traduction et adaptation de l’anglais: Marc-André Miserez)

La Suisse fait partie des pays fondateurs de l’Agence spatiale européenne (ESA), ce qui ne l’empêche pas de collaborer également avec les autres puissances de l’espace.

Son industrie spatiale regroupe 28 Instituts des Hautes Ecoles et 54 entreprises. A l’exception de Contraves (300 employés), qui fabrique des coiffes de fusées, toutes sont des PME.

Leurs spécialités principales: ossatures de satellites, équipements au sol, appareils optiques, de télécommunications et de mesure du temps, robotique, recherche biologique en microgravité, surveillance des changements climatiques.

La Suisse est aussi la patrie de Claude Nicollier, astrophysicien, pilote d’essai et astronaute, le premier non-américain à qui la Nasa a confié le grade de spécialiste de mission: 6600 heures de vol, dont 4000 en jet et 1020 à bord de la navette spatiale (en 4 missions), et 8 heures 10 minutes à flotter dans l’espace en scaphandre.

En 2006, la Suisse a contribué au budget de l’ESA à hauteur de 3,4%, soit 140 millions de francs.
En 2005, l’industrie spatiale suisse a dégagé un chiffre d’affaires de quelque 170 millions de francs.

2009: premiers tests des nouveaux vaisseaux spatiaux, baptisés Orion.
2014: premiers vols habités d’Orion.
2020: le premier équipage de quatre astronautes arrive sur la Lune, 48 ans après Apollo 17.
2024: la base lunaire internationale est habitée en permanence.

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