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L’Afrique inspire la scène romande

La Sénégalaise Marie Anne Sadio joue Stefan Zweig à Genève. SP

A Genève, Gilles Laubert adapte au théâtre «24 heures de la vie d'une femme» de Stefan Zweig. Qu'il transpose de la Côte d'Azur à Dakar, Sénégal.

Pour monter ce récit de l’écrivain autrichien, il a convoqué sur scène l’Afrique, sa musique, ses chants et sa lumière

Décidément, le Continent noir attire nos metteurs en scène et auteurs. Après «Mokhor», la pièce aux couleurs africaines du dramaturge lausannois René Zahnd, récemment montée au Poche de Genève, voici donc «24 heures de la vie d’une femme», emmenée, elle aussi, sur la terre d’Afrique.

Et c’est le metteur en scène genevois Gilles Laubert qui éclaire cette nouvelle de Stefan Zweig de teintes dorées et vertes, lumières du désert et de ses oasis.

Et pourtant l’histoire racontée par l’Autrichien Zweig n’a rien d’africain.

Une histoire européenne

Elle se passe plutôt près de chez nous, sur la Côte d’Azur, dans un hôtel très chic, au début du 20e siècle. Il y a là des vacanciers, et parmi eux Mrs. C…, une vieille dame de l’aristocratie anglaise qui un soir, à la suite d’un incident, décide de confier à un pensionnaire de l’hôtel ses amours secrètes.

Elle va donc lui raconter 24 heures de sa vie, passées jadis auprès d’un jeune homme polonais, aimé à la folie.

Amours d’antan, amours européennes, transposées donc en Afrique par les bons soins de Gilles Laubert qui a trouvé là-bas une deuxième patrie, artistique celle-là.

Résonance africaine

Là-bas, c’est le Sénégal et sa capitale Dakar. C’est là que le metteur en scène a «pensé» et répété, en partie, ces «24 heures…». La nouvelle de Zweig arrive donc à Genève bercée par les mélopées d’une griotte, Souaré Kouyaté, et marquée par la présence de Marie Anne Sadio, splendide dans sa beauté de panthère noire.

Marie Anne Sadio est sénégalaise. Et c’est elle qui incarne Mrs.C… Le public genevois connaît la comédienne puisqu’il l’a vue dans «Ngoye, une Antigone d’Afrique», autre spectacle de Gilles Laubert, créé à Dakar et présenté à Genève en 2003.

Indépendance(s)

Avec ces «24 heures…», Laubert n’en est donc pas à sa première expérience africaine. «Ma relation très chaleureuse avec l’Afrique remonte à loin, au temps où j’ai commencé à faire de la danse africaine, confie-t-il. C’est pour cette raison que je suis allé au Sénégal. J’y ai trouvé ma deuxième maison et aussi une manière de faire du théâtre en empoignant le réel».

«Là-bas, poursuit-il, le réel vous revient à la figure. Et tout d’un coup, les problèmes ne se posent plus en termes esthétiques ou scénographiques, mais en termes humains. Par exemple, si on parle de la femme, qui est au cœur de la nouvelle de Zweig, on constate que les interrogations qu’elle soulève sont dans la rue».

Le metteur en scène ne trouve donc pas étonnant que Marie Anne Sadio lui ait elle-même proposé de jouer le rôle de Mrs. C… «C’est elle qui est venue me chercher en me disant qu’il fallait à tout prix monter ce texte. Et je la comprends, car ’24 heures…’, c’est l’histoire d’une indépendance féminine, mais on peut aussi y lire la grande histoire des indépendances de l’Afrique».

swissinfo, Ghania Adamo

– Gilles Laubert a commencé sa formation théâtrale à Besançon, puis à l’école Supérieure d’Art Dramatique du Conservatoire de Genève pour la terminer Danemark.

– Il est metteur en scène, comédien, auteur, enseignant (il dirige actuellement la classe d’art dramatique du Conservatoire d’Annecy).

– En tant que metteur en scène, ses créations les plus récentes sont «Trafics Amoureux» d’Edwin Sanchez (Genève Théâtre du Grütli 2000, «La terre, leur demeure» de Daniel Keene (Genève Théâtre du Grütli 2001) et «Ngoye, une Antigone d’Afrique» d’après Sophocle (Dakar Théâtre Daniel Sorano 2002).

«24 heures de la vie d’une femme», de Stefan Zweig.
Mise en scène : Gilles Laubert
Avec : Marie-Anne Sadio (comédienne) , Souaré Kouyaté (chants et musique), Madou Zon, (accompagnement).
A voir à Genève, Théâtre les Salons, jusqu’au 26 février.

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