Payot contre-attaque face à Amazon et Fnac
La riposte face aux géants de la librairie online s'organise. Au tour du No1 du livre en Suisse romande de bander ses muscles...
Le nouveau portail de Payot affiche clairement la volonté du libraire de concurrencer Amazon.com, chouchou des internautes romands.
En réalité, il ne s’agit pas des premiers pas online du libraire, historiquement installé à la Place Pépinet à Lausanne.
Mais par le passé, le site était à 80% consacré à la promotion de ses enseignes. «Et seulement un petit 20% était destiné à la vente en ligne», confient ses dirigeants.
Désormais, la vitrine flambant neuve comprend trois axes principaux. L’actualité du monde y est présentée par le prisme du libraire, mettant en avant les publications pertinentes relatives aux événements que l’on reçoit au gré des flashs d’informations.
Autre axe essentiel: l’actualité du livre. Ces deux éléments se font la part belle et sont développés de telle manière qu’au gré du surf, on en vient presque à oublier que l’on déambule dans une librairie, mais plutôt dans un site de «news».
Troisième entrée : le bloc–notes. Là, en vrac, on y retrouve les coups de cœur des libraires ou les événements que l’enseigne souhaite mettre en avant.
Libraires devenus rédacteurs
Pour produire tout ce contenu, les libraires se muent en rédacteurs. «Nous avons sollicité les 250 collaborateurs qui connaissent parfaitement le domaine du livre, indique le directeur général Payot Libraire. Selon leurs envies, ils soumettent des propositions à un comité de rédaction composé de 4 à 5 personnes.»
«L’accueil de cette demande auprès de nos employés a été très positif», précise Pascal Vandenberghe.
Payot a en outre établi des partenariats avec Le Temps et L’Hebdo, histoire de publier aussi des critiques de chroniqueurs littéraires. «Et nous les publierons, même s’ils descendent en flèche les ouvrages que nous avons choisis de mettre en avant», signale-t-on chez le libraire.
La refonte totale du site a pris davantage de temps que l’aménagement d’un magasin entre quatre murs. C’est ainsi que la boutique en ligne entre en service après l’ouverture de la 13e librairie, à Yverdon (Canton de Vaud).
«Mais on le désigne tout de même comme notre 13e point de vente, remarque Pascal Vandenberghe. Gageons que cela lui portera chance.»
Par ces efforts rédactionnels, Payot souhaite évidemment séduire ses clients – «certains déploraient que notre site internet ne soit pas à la hauteur de nos magasins», confie le directeur général.
A la conquête de nouveaux marchés
Cela étant, l’enseigne ne cache pas sa volonté de conquérir de nouveaux marchés. «Nous ne visons pas forcément une expansion massive à l’étranger, mais en matière de littérature romande par exemple, nous nous profilons comme l’interlocuteur le plus crédible sur le web».
En accordant une réduction de 20% sur les nouveautés et autres opérations spéciales, le prix peut s’avérer compétitif pour le consommateur. Hormis les frais d’envois (entre 7 et 10 francs), ces envois depuis la Suisse ne connaîtront aucun souci ou surtaxe en douane.
Prochaine étape pour Payot.ch: la réalisation d’une base de données unique, regroupant l’intégralité de l’édition Suisse romande d’ici la fin de l’année.
Actuellement, la base de données sur laquelle est construit le site compte 600’000 titres, soit déjà beaucoup plus que les 150’000 références que l’on peut trouver dans le plus grand point de vente, à Lausanne-Pépinet.
tsr, Didier Sandoz
Payot Libraire est le leader de la librairie traditionnelle en Suisse romande
Née il y a 130 ans, l’entreprise annonce 30% de parts de marché
L’an dernier, elle a traité en ligne 45’000 commandes (1,6 millions de francs)
Avec son nouveau site, elle vise un chiffre d’affaires de 5 millions
Et des parts du marché romand en ligne passant de 8% à 20% en quelques mois
– Toute une série de librairies en ligne sont actives à travers la Suisse. Le cas romand est révélateur, avec, outre les poids lourds (Fnac, Amazon et maintenant Payot), des enseignes indépendantes comme Ellipse ou Les Yeux Fertiles.
– Les libraires suisses vendent au total chaque année quelque 40 millions de livres sur la base d’un catalogue de 1,9 millions de titres. Une librairie typique offre un assortiment de 10’000 à 80’000 titres. Huit livres sur dix achetés en Suisse sont importés.
– Les auteurs suisses (dont quelque 2500 vivants) publient plus de 1500 ouvrages chaque année. Selon le lobby suisse du livre, 140 parviennent à vivre de leur plume.
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