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Titeuf au fil des mois

Ed. Glénat

«Petite poésie des saisons», c'est le titre du nouvel opus de Zep, un Titeuf hors-série, mi-calendrier, mi-BD.

Un album élégant, format à l’italienne, et au contenu qui l’est parfois moins… Mais la vraie vie n’est pas toujours élégante non plus, pô vrai?

Pour 2006, vous pouvez vous procurer la nouvelle édition du légendaire calendrier Pirelli, qui vous permettra de traverser l’année en compagnie de Jennifer Lopez, Kate Moss ou Gisele Bundchen, au hasard. Ce qui est en soi un projet intéressant.

Ou celui des paysannes suisses (‘Bauernkalender’, dans la langue de Goethe), elles qui vous accueillent le sourire aux lèvres et le téton frémissant dans les foins helvétiques.

Voire, sommet du bon goût, le «Army Calender», où de fières amazones dégainent leurs obus parmi d’autres accessoires aussi militaires qu’helvétiques. Mais le label «Swiss Army» a été refusé aux joviaux éditeurs.

Enfin, mesdames, voire messieurs aussi, nous n’oublierons pas, pour vous, le calendrier des pompiers de votre région. Ou celui des rugbymen de votre équipe favorite.

A quand, d’ailleurs, le calendrier du personnel de swissinfo en tenue d’Eve et d’Adam bien sûr, nous nous le demandons. Avec joie ou inquiétude, c’est selon.

Bref. Le calendrier se porte bien. Et Titeuf vous propose le sien.

12 mois, 12 gags

Titeuf offre même un plus par rapport aux paysannes et autres rugbymen: son calendrier n’est pas limité à 2006, puisque les jours de la semaine n’y sont pas spécifiés.

Seule restriction: il ne convient pas à une année bissextile, le mois de février ne comptant que 28 jours chez Titeuf. Le mois de février… celui où le garnement, en marchant dans la neige, dessine un grand personnage. Par hasard, au centre du personnage, au niveau de son bas-ventre, se dresse un grand lampadaire.

Car chaque mois a droit a une pleine page, où chacun peut noter ses rendez-vous à côté d’un dessin en forme de clin d’œil: en avril, Titeuf agrafe un poisson de papier sur le dos de son papa qui s’enfuit en hurlant. En août, Titeuf se réfugie, tout nu, dans le frigo, etc.

Et entre ces douze pages calendaires, et bien, Titeuf vaque à ses occupations à travers des planches de 6 à 8 dessins chacune, des occupations plus ou moins liées à l’année qui s’écoule.

Des bonnes résolutions à la gueule de bois

Tout commence, comme dans la vraie vie, par les bonnes résolutions du 1er janvier. Faire du sport, bosser les maths, ranger sa chambre, sortir avec Nadia… Des bonnes résolutions, immédiatement mises à mal par la réalité. Comme dans la vraie vie toujours.

Et puis l’année défile. Les jeux de neige. Le retour du printemps, avec les arbres qui bourgeonnent et les ados aussi. «Smartie-Man», hurle de rire Titeuf en voyant un jeune homme boutonneux, et juste avant de se prendre une beigne.

En juin, à la Fête de la musique, se sont les visages d’Eminem, de Marilyn Manson et de Johnny Hallyday qui tournent dans la tête du gamin… lequel retombe de haut quand sa vieille institutrice fait entonner à sa classe «Colchique dans les prés»!

L’été, les frasques à la piscine, le ridicule des achats estampillés «souvenirs de vacances», puis l’enfer de la rentrée, l’automne qui fait tout tomber, y compris la poitrine de la maîtresse, Halloween et son cortège de monstres, Noël et le bonheur infini des objets bricolés à l’école sous la direction d’enseignants pas toujours très inspirés, et le 1er jour de l’an, si douloureux pour les adultes.

Graveleux et sensible

Les planches de «Petite poésie des saisons» sont bien sûr parcourues par l’humour auquel Zep nous a habitué, c’est-à-dire cette perception parfaitement juste du quotidien, avec le regard décalé d’un petit môme qui ne saisit qu’une partie des choses, ou plutôt, qui saisit les choses avec à la fois la lucidité et les lacunes de son âge.

On regrettera parfois l’accumulation d’humour pipi-caca-vomis-prout-prout, dont Zep use et abuse. Sa délectation à employer ce registre en devient presque inquiétante. «Phase anale» mal réglée?

Par chance, l’auteur et dessinateur genevois conserve cette sensibilité qui fait qu’on finit par passer sur les remugles et autres excrétions qui parcourent ses pages.

Un cas typique? Cette planche où Titeuf raconte ses meilleurs poissons d’avril. Il y a du Pampers usagé, du «pue du slip», du «prout», du zizi dessiné au tableau noir… Mais à la dernière case, Titeuf regarde, affligé, la télévision en disant que «Y’a qu’à la télé où leurs blagues étaient vraiment nulles»…

Sur le téléviseur, le présentateur du JT est en train de parler d’«une intervention militaire en Irak qui fera des milliers de victimes…»

Il est vrai qu’il est des obscénités bien plus graves que les petits aléas corporels.

swissinfo, Bernard Léchot

Pendant la période des fêtes, swissinfo vous présente quelques ‘beaux livres’ parus en 2005.
«Petite Poésie des Saisons» de Zep.
Editions Glénat, Collection «Tchô! La collec… »
56 pages, Format : 24,2 cm x 30 cm

– Zep est né à Genève en 1967. Diplôme en Arts Déco.

– En 1992, il donne naissance à «Titeuf». La première planche est publiée dans un fanzine et remarquée par les Editions Glénat.

– Le succès est croissant et devient rapidement un véritable phénomène du monde de l’édition. Plus de 12 millions d’albums de «Titeuf» ont été vendus, et il est traduit dans plus de 20 pays dont la Chine.

– En 2000, Titeuf fait son apparition dans les romans de la Bibliothèque Rose chez Hachette Jeunesse.

– En 2004, il reçoit le Grand Prix de la Ville d’Angoulême et est le Président du Festival d’Angoulême 2005.

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