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«Art & Vision» expose Diakonoff

Serge Diakonoff, mélange réussi d’inspiration et d’humour. swissinfo.ch

A Genève, une petite galerie ouvre ses portes en pleine vieille ville: «Art et Vision». Comme premier artiste invité, elle accueille Serge Diakonoff, et ses créatures, aussi étranges qu'humaines.

Un rez-de-chaussée lumineux, prolongé par une cour intérieure. Un sous-sol bleu nuit, équipé de matériel audiovisuel et d’un écran. Vidéo ou «computer art» seront donc également les bienvenus dans cette galerie, intime et élégante, que vient d’inaugurer Pierre Pittet.

«J’ai toujours perçu Diakonoff comme un peintre très important à Genève. De par son originalité, de par sa culture, de par le fait qu’il s’exprime au travers de différents médias», explique le galeriste.

Il est vrai que la diversité des supports a toujours caractérisé le parcours de Serge Diakonoff, né à Genève en 1933, de parents russes. Dessin, peinture, sculpture, décors de théâtre (notamment pour l’Opéra de Paris, Silvia Monfort ou l’Américain Bob Fosse). Et puis bien sûr ses peintures corporelles, qui lui apportèrent une renommée internationale dès la fin des années 70.

Mais aujourd’hui comme hier, au fil de ses toiles, de ses collages ou de ses sculptures-montages, Diakonoff décline l’humain, rien que l’humain. Un humain tiraillé entre son ambition mythologique, et sa réalité mécanique, robotique… Dit comme cela, on pourrait penser à H.R.Giger, que nous évoquerons demain. Mais alors que Giger plonge dans l’univers fantastique et la transgression morale, Diakonoff opte pour le symbolisme et la distanciation du clin d’œil.

Car si, chez celui-ci, on peut parfois croire à un monde de fiction, voire de science-fiction, l’artiste se dit profondément ancré dans le réel: «A travers ces représentations, c’est la mentalité de la société dont je procède que j’essaie de représenter. Et si un dessin ou une sculpture-montage peut avoir un aspect robotique, ça ne veut pas dire que cela représente un être d’une autre galaxie, ou un robot… Non, c’est toujours symbolique.»

«J’ai un regard très interrogatif et très curieux sur le monde qui m’entoure. Un artiste doit avant tout représenter le monde auquel il appartient, et non pas simplement faire des choses élégantes, belles, ou intelligentes.»

Et son symbolisme ne manque pas d’humour, flagrant notamment dans ses «sculptures-montages» aux matériaux aussi disparates que surréalistes: crâne d’animal, bijou ancien, jouet, perruque poudrée, morceau de plastique, membres de mannequins… «C’est sûr qu’on s’éloigne beaucoup du naturalisme, dans ces cas-là !», constate Diakonoff en souriant. «Mais le tout va finir par donner un objet cohérent, même s’il est délirant dans sa forme ou dans sa finalité… »

Dans la petite cour intérieure de «Art & Vision», quelques photographies de Diakonoff rappellent sa période «peinture corporelle»… Une période sur laquelle il compte revenir prochainement, par le biais d’un ouvrage dans lequel se côtoieront ancien et nouveau matériel. Enfin… car les trois ouvrages qu’il avait publiés à l’époque – «Miralda ou peintures sur un visage» (1978), «A fleur de peau» (1982) et «Métamorphoses» (1984) – sont épuisés depuis belle lurette.

Bernard Léchot

Exposition Serge Diakonoff, à la Galerie «Art & Vision», 4 Rue Calvin, jusqu’au 10 mai (lundi au vendredi de de 14h00 à 19h00, samedi de 14h00 à 18h00)

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