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«Carmen», versatile comme un homme

L’enjeu humain au cœur de cette version de «Carmen». Opéra de Lyon

Le chorégraphe suédois Mats Ek revisite Bizet et Mérimée dans un programme danse en deux parties, présenté au BFM, à Genève.

Avec «Carmen» sera également donné «Solo for two». Ces deux pièces du Suédois, interprétées par le Ballet de l’Opéra de Lyon, connaissent un beau succès.

En attendant la prochaine saison chorégraphique du Grand Théâtre, qui s’annonce prestigieuse avec la présence de Frédéric Flamant et de Lucinda Childs, voici un invité non moins prestigieux: Mats Ek.

Le chorégraphe suédois, né en 1945, de renommée mondiale, clôt donc le programme danse de cette année, qui s’achève avec la présentation de «Carmen» et de «Solo for two».

Deux pièces du Suédois auxquelles donne corps le Ballet de l’Opéra national de Lyon, invité à se produire au BFM, deuxième salle du Grand Théâtre.

Depuis quelque temps, le «temple» de l’art lyrique genevois travaille, en étroite collaboration, avec la respectable institution lyonnaise. De cette complicité artistique était né d’ailleurs «Les Nègres» de Jean Genet (version opératique), présenté avec succès à Genève, en avril dernier.

Mérimée et Bizet

«Carmen», donc. Entré au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon il y a six ans, cette pièce a parcouru le monde depuis sa création en 1992. Mats Ek y fait cohabiter deux grands auteurs: Prosper Mérimée pour le récit et Georges Bizet pour la musique.

A ce tressage alléchant, il ajoute son talent de chorégraphe réputé pour ses lectures audacieuses des classiques. Et apprécié pour sa capacité à épurer l’histoire, à n’en garder que l’enjeu humain.

Dans «Carmen», ce qui l’intéresse c’est le face-à-face de l’héroïne et de Don José. La première incarnant, à rebours des a priori, le pouvoir de séduction et la versatilité attribués en général aux hommes. Le second mettant au service de sa passion une ténacité et une exclusivité amoureuse qui caractérisent les femmes.

La tragédie se danse ainsi à partir d’un jeu de rôles modifié, inversé.

Abstraction et mémoire

A l’opposé de «Carmen» se situe «Solo for two», pièce dans laquelle Mats Ek adopte un style plutôt abstrait, non-narratif. Au centre de sa chorégraphie – réglée sur une musique d’Arvo Pärt – il place également deux êtres. Eux aussi se disputent le territoire qui délimite leur condition d’homme et de femme.

Mais les deux êtres sont cette fois-ci moins ancrés dans une histoire linéaire, classique. Ils appartiennent plutôt à l’ordre du symbole. Et leurs contours semblent se dessiner à travers «un jeu d’apparition/disparition» qui les projette dans le monde des ombres.

Normal, Mats Ek traite ici de la mémoire. «Un homme se rappelle sa femme et ce souvenir la rend présente, explique le chorégraphe dans un entretien. Puis, elle se souvient de lui, ce qui le rend présent à son tour.»

Façon poétique de donner à la mémoire toute sa dimension évanescente.

swissinfo, Ghania Adamo

«Carmen» et «Solo for two», à voir à Genève, Grand Théâtre, salle du BFM, du 10 au 12 juin.
Tel: 022.798.87.98.

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