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«Neverland», reflet de la névrose amoureuse

«Cette part irraisonnée de l'amour». www.adc-geneve.ch

Genève accueille la pièce chorégraphique du Français Nasser Martin-Gousset.

Adapté des «Hauts de Hurlevent», le spectacle éclaire la part irraisonnée de l’amour qu’il y a en nous.

L’amour a-t-il une terre où se poser? Non, si l’on s’en tient au titre de la pièce «Neverland» («pays du jamais»), elle-même adaptée du célèbre roman d’Emily Brontë «Les Hauts de Hurlevent».

Le chorégraphe français Nasser Martin-Gousset, qui signe cette adaptation accueillie à Genève par l’ADC (Association pour la danse contemporaine), s’amuse à décortiquer le titre qu’il dit avoir emprunté à «Peter Pan».

«’Neverland’, confie-t-il, c’est le pays où l’on refuse de grandir et vers lequel volent les enfants. Je trouve qu’il éclaire très bien cette part irraisonnée de l’amour, sans laquelle aucune passion ne peut survivre».

Pour pouvoir aimer, il faut paradoxalement rester dans l’enfance. «Sans elle, poursuit le chorégraphe, le désir demeure prisonnier des règles d’un jeu cruel où le compromis et l’ajustement règnent en maîtres».

Contraintes sociales contre innocence amoureuse, deux états qui étouffent et portent la relation passionnelle entre Heathcliff et Cathy, le couple mythique d’Emily Brontë.

Charnel et spirituel

Sur scène, cette relation naît et s’éteint dans un jardin, à la fois Eden et prison tenant dans son antre plaisirs et souffrances.

Ici, Dionysos et Apollon s’arrachent leurs proies. L’un fait goûter aux personnages les délices de la chair; l’autre les soustrait à la réalité, leur permettant d’entrevoir l’espoir d’un amour parfait.

«Il y a dans ma chorégraphie un côté à la fois charnel et spirituel, un paradoxe quasi nietzschéen qui montre la difficulté, en amour, d’accéder à l’équilibre», explique Nasser Martin-Gousset. Pour lui, «Neverland» est une expression de la névrose amoureuse.

Très romantique, parce que «blessé dans la vie» comme il dit, le chorégraphe (qui danse aussi le rôle de Heathcliff) joue dans son spectacle de ce paradoxe.

«Si on n’est pas idiot, lâche-t-il, on se rend très vite compte qu’on peut avoir des accès très forts de romantisme et rester en même temps conscient du côté vain de toute relation amoureuse. C’est le principe même de la mélancolie».

swissinfo, Ghania Adamo

«Neverland». Genève, Théâtre de l’Alhambra; 10 et 11 janvier. Tel: 022/329 44 00

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