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«Pas de torture, mais la peur et le silence»

Avant de quitter Bamako, l’un des ex-otages suisses a évoqué les «moments difficiles» traversés durant les six mois de captivité.

«Nous nous posions beaucoup de questions sur notre sort, sur ce qui se passait dans la tête des ravisseurs», se souvient Marc Hediger.

«Nous n’avons pas été torturés, mais il y avait la peur et le silence», raconte l’ex-otage. L’Appenzellois s’exprimait à Bamako, juste avant son retour en Europe.

De ceux qui lui ont confisqué sa liberté pendant de si longs mois, le Suisse «ne pense rien». Il ne pourrait probablement «même pas les reconnaître».

«Vive la liberté»

Vêtu d’un boubou blanc, d’un turban et de sandales, Marc Hediger a les traits tirés. Depuis qu’il a recouvré la liberté, il ne pense qu’à «rentrer dans son pays pour se reposer». Il souhaite aussi «dire merci à tous ceux qui ont rendu possible cette libération».

Mardi soir, au lendemain de l’annonce de leur libération dans la région de Tessalit (nord du Mali), les 14 Européens – neuf Allemands, quatre Suisses et un Néerlandais – étaient arrivés après plus de 10 heures de route à Gao (nord), où ils avaient été accueillis par un tonnerre d’applaudissements et des youyous.

«Vive la liberté!», s’exclame alors l’un des rescapés du désert. «Ce qui a été plus difficile, c’est d’être prisonnier sans être dans une prison», lâche le plus âgé du groupe, l’Allemand Kurt Schuster, 64 ans.

Premier vrai repas

C’est à Gao que les 14 Européens ont pris leur premier repas d’hommes libres. Silja Stäheli, la Zurichoise de 19 ans, affirme que le menu se résumait souvent à quelques dattes au cours des mois de captivité. La jeune fille ne sait plus très bien comment tenir ses couverts. On se moque un peu d’elle… Elle en sourit.

«Gao. Je n’oublierai jamais ce nom», assure le Néerlandais Arjen Hilbers. «C’est ici que j’ai mangé mon premier vrai repas depuis la libération. Je n’oublierai jamais, parce que c’est là que j’ai ressuscité réellement».

Joie du retour, mais nostalgie du désert

Les 14 Européens libérés ont été acheminés mardi soir depuis Gao vers Bamako par un avion allemand. Ils ont embrassé les militaires maliens avant de monter à bord du Transvall. «Je n’ai jamais pensé sincèrement qu’un jour, je reprendrais l’avion», confesse un Allemand avant de s’engouffrer dans l’appareil.

Malgré leurs mésaventures, certains otages ont déjà la nostalgie d’un désert immense qu’ils avaient voulu parcourir sans guide. L’un d’entre eux conserve précieusement une bouteille remplie de sable saharien. «Un trésor» qu’il gardera toute sa vie.

swissinfo et les agences

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