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A Berne, on s’inquiète surtout pour l’ours

L'homme a passé par-dessus la rampe pour grimper sur le mur. Keystone

Après l'attaque d'un handicapé mental tombé dans le nouveau Parc aux Ours de Berne, l'inquiétude se manifeste surtout à l'égard de l'animal. Les visiteurs du site regrettent que la police ait dû lui tirer dessus.

La police n’a toujours pas réussi à déterminer si le jeune homme avait délibérément sauté dans le parc ou s’il était tombé accidentellement. Cet handicapé mental de 25 ans est toujours hospitalisé. De son côté, l’ours Finn va mieux et sa vie ne semble désormais plus en danger.

Si l’animal reste toujours sous antibiotiques et antidouleurs, il a retrouvé un appétit de lion et ne boîte presque pas. Il échappera probablement à une opération, a rassuré mercredi le directeur du Parc aux Ours.

Mais quoi qu’il en soit, cet accident soulève des questions quant à la sécurité. Selon Vittorio Puzo, officier de sécurité au Parc aux Ours, il y a normalement trois à quatre gardes de service. Mais que si quelqu’un veut vraiment pénétrer dans l’enclos, il n’y a pas grand-chose à faire pour l’en empêcher.

«Chacun est responsable de lui-même, rappelle l’homme, qui n’était pas de service au moment de l’attaque. C’est comme si vous êtes sur un bateau sur l’Amazone, que l’on vous dit que l’eau est pleine de piranhas et que vous décidez d’y sauter quand même. Les humains sont plus inconscients que les animaux».

«Bien dommage pour l’ours»

Un sentiment partagé par la plupart des visiteurs du Parc ce lundi, où des touristes de tout le pays sont accourus dans la capitale pour son traditionnel Zibelemärit, le marché aux oignons.

«Le parc est suffisamment sûr, estime Dora Aeschlimann. Mais bien sûr, si quelqu’un escalade les barrières pour pénétrer sur le territoire de l’ours, il va se faire attaquer par l’animal.»

Annina Urech, scientifique de l’environnement venue des Grisons, estime que cette affaire ne devrait pas affecter la réputation de ce parc à 24 millions de francs qui vient d’ouvrir ses portes.

Pour elle, ce qui s’est passé peut arriver «n’importe quand, dans n’importe quel zoo». Et d’ajouter qu’il serait probablement bon de le fermer de telle manière à ce que personne ne puisse y pénétrer et que tout cela est «bien dommage pour l’ours».

Claudia Utrera, étudiante du Venezuela, abonde dans ce sens: «ce n’est pas de la faute de l’ours. Je trouve qu’ils n’auraient pas dû lui tirer dessus».

Claudio Waser, architecte dans le canton d’Uri, est d’avis contraire. Pour lui, il fallait tirer, parce qu’«un humain a plus de valeur qu’un animal».

Comment il est entré

Au lendemain de l’accident, Reto Nause, directeur de la sécurité de la ville de Berne, a expliqué que le parc avait été construit en conformité avec les normes de sécurité courantes, mais que si l’enquête devait révéler des problèmes, les autorités étaient prêtes à revoir le sujet.

Cet enclos de 6000 m2 occupe le flanc d’une colline plongeant sur la rivière Aar et abrite deux ours, séparés du public par un haut mur, lui-même surmonté sur de nombreuses sections d’une palissade de verre de quelque deux mètres de haut.

Pour entrer dans l’enclos, l’homme a grimpé par-dessus une rampe d’escalier jusqu’au sommet du mur, à un endroit où il n’y a pas de palissade de verre. De là, d’une hauteur de quatre mètres environ, il a sauté dans l’enclos.

«J’ai entendu des gens crier…»

«J’ai entendu des gens crier, alors j’ai regardé à l’intérieur, raconte Sam Brookes, qui visitait le parc avec son amie au moment de l’accident. L’ours se tenait debout au-dessus de lui et le secouait d’avant en arrière».

«Certaines personnes criaient, d’autres hurlaient carrément, poursuit le témoin. On entendait hurler ‘prenez des pierres!’ [pour les lancer à l’ours] Je pense que la plupart des gens ont eu un choc terrible. Moi-même, je revois la scène quand je ferme les yeux.»

La police est arrivée dans les cinq minutes et, deux minutes plus tard, un officier a tiré une balle sur le plantigrade. Visiblement blessé, celui-ci a reculé lentement. «C’était la bonne décision» a jugé le directeur du parc Bernd Schildger. Selon lui en effet, une fléchette tranquillisante n’aurait fait que rendre l’animal plus agressif avant qu’il ne s’endorme.

Tim Neville, swissinfo.ch
(Traduction de l’anglais: Marc-André Miserez)

Les plantigrades sont associés à la ville depuis sa fondation par Berthold V de Zähringen. Selon la légende, le duc baptisa la cité d’après le nom du premier animal tué sur le site, qui se trouva être un ours (Bär en allemand).

L’animal est présent sur les armoiries de la ville et du canton et il y a eu un parc ou une fosse aux ours à Berne depuis près de 500 ans. On trouve également en ville nombre d’ours de pierre, notamment sur plusieurs des fontaines du 16e siècle.

L’accident du 21 novembre 2009 est le premier depuis l’inauguration du nouveau Parc aux Ours en octobre. L’ancienne fosse, par contre, qui est restée en fonction durant 150 ans, a vu cinq personnes tomber parmi les ours. La plupart ne s’en sont pas tirées vivantes.

Le dernier accident remonte à 1998, lorsqu’un homme ivre était tombé. Le gardien avait alors réussi à distraire l’ours et l’homme s’en était tiré indemne.

En 1926,un cycliste descendant la colline a vu ses freins lâcher et a fini sa course dans la fosse. Il survécut, mais un enfant tombé avec lui fut tué.

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