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A Genève, TriptyK esquisse formes, volumes et couleurs du mouvement

Mié Coquempot, dans son solo d’ouverture du spectacle dansé TriptyK. Théâtre du Grütli

Jeudi de l'Ascension, tout est originalité au Théâtre du Grütli, à Genève. De l'identité de la chorégraphe, Mié Coquempot, au nom de sa compagnie de danse «K622», jusqu'à la recherche du volume des mouvements dans son spectacle: TriptyK.

«Bien que je me sois rendu compte qu’il est quasi impossible de lire la totalité d’un volume avec nos yeux d’humain, sourit la chorégraphe et danseuse helvético-japonaise, Mié Coquempot, je nourris le regret qu’un spectateur ne perçoive généralement que la surface d’un mouvement».

«Par rapport à mes recherches chorégraphiques, poursuit Mié Coquempot, je caresse le désir idéaliste de redonner tout le volume propre au mouvement dans mes spectacles».

Raison pour laquelle, souligne la chorégraphe, «je me suis servie de vidéos pour filmer, par exemple, un mouvement de plusieurs manières. Et de diffuser sur l’écran la prestation d’un danseur, à partir d’angles très différents».

Mié Coquempot a ainsi monté son spectacle «TriptyK» en trois ans. De 1997 à 1999. Il s’agit de trois pièces qui se confrontent aux «fondamentaux» de l’art plastique pictural: les formes, les volumes et les couleurs.

En collaboration avec l’entreprise de communication multimédia genevoise, Edena, la chorégraphe et danseuse Coquempot a beaucoup travaillé sur la photo et l’image.

Pour la première partie du spectacle, Mié Coquempot a choisi 21 photos d’une personne en train de danser. A partir des formes qui se dégagent de chacun de ces clichés, la chorégraphe a composé 20 secondes de danse qui ont donné naissance à un solo qu’elle exécute sur 7 minutes 30.

A noter que, sur scène, le tout petit moniteur sur lequel défilent les formes chorégraphiques tient lieu de partition pour la danseuse soliste, Mié Coquempot.

Dans la deuxième partie, «j’intègre le public dans le volume du spectacle». En effet, quatre instances interviennent en même temps: deux vidéos, un moniteur télé qui projette, depuis le plafond, des images de son danseur soliste, Jérôme Andrieu, et, sur les planches, ledit danseur en chair et en os.

C’est à ce moment-là qu’il devient impossible pour le public de regarder le deuxième acte dans sa globalité. «N’empêche, souligne Mié Coquempot, c’est comme cela que je me rapproche de toutes les dimensions inhérentes au mouvement».

La troisième et dernière pièce de TriptyK parle des couleurs. Elle est alors dansée par deux hommes et deux femmes. «Là, de nouveau, nous avons dessiné la chorégraphie», explique Mié Coquempot, à partir d’une série de polaroïds sur trois couleurs et le blanc (somme de toutes les couleurs).

Il est étonnant de voir à quel point les chorégraphes contemporains font presque tous appel aux techniques du multimédia dans leur spectacle. Comme si l’âme et le corps des danseurs ne suffisaient plus à rendre la profondeur du message dansé.

Mais qui est donc Mié Coquempot? Une Suissesse dont la mère est japonaise et le père français. Le nom de sa propre compagnie K622 fait référence au Concerto pour clarinette et orchestre en la majeur de Wolfgang Amadeus Mozart.

Actuellement, Mié Coquempot vit en résidence pour une année à La Courneuve, près de Paris. Elle y prépare déjà un nouveau spectacle avec douze danseurs sur une ambiance musicale préparée en collaboration avec un musicien de l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM).

De par le passé, Mié Coquempot a d’abord dansé chez Rheda à Paris, puisqu’elle avait un bon bagage jazzy. Puis, elle s’est acheminée dans la danse contemporaine chez Peter Goss, Daniel Larrieu ou encore Odile Duboc.

«C’est une très belle danseuse, relève Claude Ratzé de l’Association pour la danse contemporaine, qui l’a programmée au Théâtre du Grütli, à Genève. Avec elle, nous entrons dans un genre de danse contemporaine très pure et abstraite qui a une splendide écriture chorégraphique. Chez Mié Coquempot, on découvre une vraie personnalité et une réelle proposition de danse».

C’est la première fois que Mié Coquempot danse en Suisse. Mais elle le dit volontiers: «quel bonheur pour elle de se retrouver à Genève, dans sa Suisse natale!»

Emmanuel Manzi

Mercredi soir à 20h30 et jeudi à 18h au Théâtre du Grütli à Genève.

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