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A Nyon, Memoriav ressuscite le cinéma d’antan

Ciné-journal suisse 1923-36. Cinémathèque suisse

Sauvegarder la mémoire audiovisuelle suisse, tel est le but de Memoriav. Chaque jour, durant le Festival du cinéma documentaire Visions du Réel, des extraits cinématographiques du début du siècle sont présentés à Nyon, avant la projection des films en compétition.

D’entrée, une question surgit à l’esprit: Pourquoi Memoriav, l’Association pour la sauvegarde de la mémoire audiovisuelle suisse, n’a-t-elle été créée qu’en 1995? Si tardivement…

D’une part, parce que la conscience de la sauvegarde et de la fragilité des films est un aspect relativement récent. N’oublions pas que le cinéma n’a que 100 ans! Et à ce titre, c’est un art très jeune.

D’autre part, parce qu’il faut entrer dans la réalité helvétique, où chaque canton est responsable de ses propres archives, de ses biens culturels et de son patrimoine. En effet, nous ne sommes pas dans un système où tout est centralisé, comme en France, par exemple.

Or, à la fin des années 1980, un groupe de travail a fait une interpellation parlementaire pour signaler que des pellicules se détérioraient. Il a travaillé des années pour tenter de mettre sur pied un système centralisateur. Mais celui-ci s’est révélé coûteux.

Toujours est-il qu’en 1995, Memoriav voit enfin le jour. Très rapidement, l’association a tenu le rôle de coordinateur avec les diverses institutions du pays. Car il y avait urgence. Des films étaient en train de se détériorer. Aujourd’hui, le budget de Memoriav s’élève à 2,2 millions de francs.

Pour évaluer la valeur d’un film d’antan, Memoriav a des critères de sélection. Par exemple, l’œuvre doit avoir une portée nationale. Elle doit posséder quelque chose d¹exceptionnelle.

Une fois restauré (c’est à partir d’un négatif qu’on peut faire des copies), le document doit être accessible à des chercheurs et au public. Il doit pouvoir être montré, valorisé. Charge ensuite à Memoriav de sensibiliser les gens autour de l’œuvre.

Jusque dans les années 1950, les films étaient composés de nitrate. Cela engendre un problème de décomposition. Certains peuvent même s’auto-enflammer, déjà à la température de 39° degrés.

Après 1950, les films ont été composés d’acétate. Ils risquent le syndrome dit du vinaigre. En ouvrant les boîtes, en effet, ça sent le vinaigre, les bobines ont tourné!

Si la pellicule est sauvegardée dans des conditions appropriées (hygrométrie et température), certains estiment à 400 ans la durée de vie d¹un film conservé sur pellicule. Reste que le support film a une durée de vie beaucoup plus longue que la vidéo ou le numérique.

C’est donc en ouverture de chaque projection de film en compétition, soit à 14 h et à 20 h 30, que de très courts métrages des années 1910, 20 et 30 sont présentés dans le cadre du 7e Festival Visions du Réel.

Emmanuel Manzi

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