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Aubersong

Vingt et un titres nous racontent vingt-six années de chanson. swissinfo.ch

A Pascal Auberson de sortir un «best of» de son parcours. De son parcours de chanteur, car l'ensemble de la personnalité protéiforme de l'artiste n'est pas nécessairement confinable à un CD.

Pas de photo sur la couverture. Peut-être pour nous forcer à ouvrir le livret. Et là, on n’est pas déçu. Une quarantaine d’images nous montre l’homme en situation, ou plutôt en situations.

Le petit Pascal, fils de Jean-Marie Auberson, célèbre chef d’orchestre romand. L’ado au diabolique visage d’ange. La bête de scène, magnifique et transcendée par la folie que dégagent ses concerts. Et puis l’homme mûr, les cheveux qui grisonnent, la gueule burinée et mal rasée. Toujours, la bouche carnassière.

Les bonheurs d’un art mineur

Période faste pour les amateurs d’Auberson, le chanteur. En 2000 paraissait «Ceux qu’on aime», un nouvel album. Cet automne sort «Aubersong 1974-2000», alors même que l’artiste lausannois s’attaque à une tournée romande.

Beaucoup n’y croyaient plus: depuis longtemps, Auberson avait tourné le dos à la chanson pour mettre ses talents de compositeur/musicien/comédien au service d’autres expériences: danse, théâtre, jazz, rencontres multiples, parfois passionnantes, souvent déconcertantes.

Vingt et un titres nous racontent donc 26 ans de chanson aubersonienne, par son pan le plus accessible. Pas de délire de vingt minutes, pas d’arrangement halluciné. Un retour à la simplicité (ou une simple escale, allez savoir) dont témoignait déjà «Ceux qu’on aime».

Show-biz, coco!

Il y a les souvenirs de la période parisienne. Car le jeune Pascal avait convaincu là-bas, et trois albums avaient été publiés dans la ville dite Lumière. «Ophélie» (1974), «Comédienne» (1976) et «Jamaïca» (1978), avec le désormais célébrissime Dominique Blanc-Francard à la console de mixage.

Sur «Il faut que ça swingue» ou «L’amour parfait», on sourit des tics nougaresques qui nous agaçaient alors. On constate que «Jamaïca» était une belle chanson, mais qu’une orchestration peut sérieusement vieillir…

On réécoute avec bonheur «Une robe de Chine», «Mimi», ou «Scène noire», une chanson si simple et si belle, qui plaisait donc si aisément, qu’à une époque, Auberson en était venu à la massacrer sur scène. Toujours cette peur du piège «show-biz», le rejet de la dialectique star/public.

Back home

De retour en Suisse, on l’a dit, Auberson a touché à mille choses. Mais la chanson a continué à être une sorte de fil rouge, de point de repère auquel il revenait entre deux voyages artistiques.

Les concerts en solo qu’il donna dès la première moitié des années 80 ont alors marqué son style. «L’âme au bout des doigts» (1984), chanson et album, est symptomatique. Parmi les titres d’alors, le terrible «Animal du mal», signé Martine Boëri. Dialogue piano-voix, force du propos.

«Aubersong» égrène aussi quelques-uns de ces titres hors-normes qui ont donné toute sa dimension au personnage Auberson: folie rythmique et sensuelle de «Ma Madonne», fausse candeur de «L’paradis», ou, pour conclure l’album, «Senz’amore», tiré de «Big Bang», oeuvre énorme et explosive créée avec Jean-François Bovard et le Big Band de Lausanne.

On sait Pascal Auberson musicien et comédien, cabot même, jusqu’au bout des ongles. «Aubersong» permet de se rappeler également qu’il a su s’entourer de paroliers de talent: Nordmann, Duhamel, Collo, Parramore, Boëri. Et que quand il veut, il sait être auteur lui-même: les mots de «Mimi», «Ta lumière», «Ma Madonne», c’est lui.

Ce que cette compilation ne dit pas – comment le pourrait-elle? – c’est ce qu’est Auberson en scène. Pour cela, il faudra vous déplacer. A Bienne (27 oct.), à Fully (29 oct.), au Locle (7, 8 déc.), à Yverdon (13,14,15 déc).

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