Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
En Suisse, c’est l’armée qui se charge de l’approvisionnement en dispositifs médicaux dans le contexte de la pandémie. Par le passé, plusieurs de ses commandes de masques et autre matériel sanitaire avaient déjà été épinglées (produits défectueux, quantités inadaptées, prix exorbitants, etc.). Aujourd’hui, l’institution est accusée d’avoir délibérément écoulé dans la population des millions de masques à l’efficacité douteuse.
Je vous parle aussi de deux marques horlogères helvétiques qui quittent le giron d’un milliardaire français, d’un flamboyant ex-banquier suisse bientôt face à la justice, et d’un pays qui se divise sur la question des subventions aux médias.
Bonne lecture,
L’armée suisse a écoulé des millions de masques douteux. Au début de la pandémie, elle avait payé très cher des millions de masques contre le Covid, dont une partie en surplus. Face au risque qu’ils se dégradent et deviennent inutilisables, l’armée les a donnés ou revendus à un prix symbolique à des institutions ou des particuliers.
Au-delà de l’argent public ainsi perdu, le Tages-Anzeiger révèle un autre problème: plus de 3 millions de masques produits par l’entreprise chinoise Sichuan Zhengning Medical Instrument Co faisaient partie de ces dispositifs revendus à moindre coût, à partir de février 2021.
Or, un test réalisé par l’armée en juin 2020 avait montré que ces masques filtraient deux à quatre fois moins bien que d’autres masques standards, selon le quotidien alémanique. Il est difficile de savoir à qui ces masques ont été distribués, l’armée ne divulguant pas les détails des ventes.
L’institution se défend en affirmant que la déclaration de conformité du fabricant ne présentait pas d’anomalies. L’armée affirme aussi que le test réalisé en 2020 n’avait vocation qu’à comparer l’efficacité de différents masques entre eux, mais «aucune valeur quant au respect de la norme ou à la qualité».
- L’article du TempsLien externe
- L’armée a mis en circulation des masques de mauvaise qualité – l’article de 20 MinutesLien externe
- L’armée suisse a vendu délibérément des millions de masques défectueux – l’article d’EuronewsLien externe
- Coronavirus: la situation en Suisse – notre article actualisé
Les marques horlogères neuchâteloises Ulysse Nardin et Girard-Perregaux vont à nouveau voler de leurs propres ailes. Le groupe de luxe français Kering a publié un communiqué ce matin annonçant qu’il cédait Sowind Group, qui détient les deux maisons.
Les deux entités sont rachetées par une équipe menée par Patrick Pruniaux, leur directeur général depuis 2018. La transaction, dont le montant n’a pas été dévoilé, doit être finalisée d’ici l’été. Girard-Perregaux, marque de La Chaux-de-Fonds, avait été rachetée par Kering en 2011 et sa cousine du Locle, Ulysse Nardin, en 2014.
A elles deux, les marques réalisent un chiffre d’affaires approchant la centaine de millions de francs mais restent déficitaires, selon Le Temps. En septembre 2020, une centaine d’emplois y avaient été supprimés.
Pour le groupe Kering, aux mains du milliardaire François-Henri Pinault, l’opération «s’inscrit dans la stratégie de donner la priorité aux maisons ayant le potentiel d’atteindre une taille significative». Le groupe possède une quinzaine de marques, dont Gucci et Saint-Laurent. Quant à Patrick Pruniaux, il affirme que «grâce au soutien et aux investissements de Kering, nous avons tous les moyens nécessaires pour (…) assurer le développement pérenne des deux marques».
- Kering vend Girard-Perregaux et Ulysse Nardin à Patrick Pruniaux – l’article du site spécialisé Word TempusLien externe
- Ulysse Nardin et Girard-Perregaux retrouvent leur indépendance – l’article du TempsLien externe et son interview de Patrick PruniauxLien externe (abonnement)
- Comment la pandémie a creusé les inégalités dans l’horlogerie – un point de situation chiffré (novembre 2021)
- Les horlogers suisses survivront-ils au 21e siècle? – notre Point fort
Flamboyant et médiatique, il était le banquier le plus populaire de Suisse. Il s’apprête désormais à affronter la justice, dans l’un des plus grands procès pour fraude de l’histoire financière helvétique. Pierin Vincenz, ancien homme fort de la banque Raiffeisen, va comparaître dès mardi devant un tribunal zurichois.
Six autres prévenus comparaissent avec lui dont Beat Stocker, ex-patron de la société d’émission de cartes de crédit Aduno. Accusés d’escroquerie par métier, gestion déloyale et corruption passive, Pierin Vincenz et Beat Stocker sont ceux qui risquent le plus gros.
Selon l’acte d’accusation, les deux hommes se seraient illégalement rempli les poches de millions de francs par le biais de rachats d’entreprises. Ils auraient influencé Raiffeisen – le troisième plus grand groupe bancaire de Suisse – afin de lui faire racheter des entreprises dans lesquelles ils avaient des participations privées occultes.
Les deux prévenus se seraient aussi fait rembourser des notes de frais privées par leurs entreprises – notamment des visites dans des cabarets, des clubs de strip-tease ou des frais de voyages privés, pour des montants de plusieurs centaines de milliers de francs. Le procès s’annonce très médiatique – sauf s’il est reporté en raison du Covid-19.
- Fraude et cabaret: le procès d’un flamboyant banquier suisse – l’article de mon collègue Matthew Allen
- Pierin Vincenz, l’ex-banquier le plus populaire de Suisse face à ses juges – le sujet de la RTSLien externe
- Omicron pourrait reporter le procès de Pierin Vincenz – l’article de 24 HeuresLien externe
- Pierin Vincenz, le banquier qui a transformé Raiffeisen, affronte la justice mardi – l’article de l’AgefiLien externe
Plus
Soumis au vote du peuple suisse le 13 février prochain, le paquet d’aide aux médias n’est pas perçu de la même manière en Suisse romande et en Suisse alémanique. C’est le constat que fait le chercheur Linards Udris dans la presse aujourd’hui.
Les francophones sont plus sensibles que les germanophones à la question de la survie des médias, affirme ce chercheur de l’Institut pour les sciences de la communication et la recherche sur les médias de l’Université de Zurich.
Il évoque plusieurs raisons: en Suisse romande, «le marché est plus petit. Et il y a peu de médias vraiment indépendants», expose-t-il. Il ajoute aussi «le poids des conservateurs de droite, voire des libertaires, […] plus grand en Suisse alémanique».
Le chercheur parle encore d’«un plus grand ‘spectacle’ médiatique en Suisse alémanique». Selon lui, «le marché des médias en Suisse alémanique exploite davantage les conflits thématisés par l’UDC ou par le camp conservateur», comme «des thèmes identitaires du type ‘nous contre les autres’».
- Un Röstigraben se profile sur l’aide aux médias – l’article de blick.chLien externe
- L’article complet dans le journal régional La LibertéLien externe (abonnement)
- Dans toute l’Europe, l’État vient à la rescousse des médias fragilisés par la numérisation – notre comparaison internationale de la situation en matière d’aide aux médias
- Notre dossier en vue des votations du 13 février
Quatre objets, votre avis: participez au sondage de la SSR sur les votations!
Le peuple vote le 13 février 2022 sur quatre projets fédéraux. Au programme, deux initiatives populaires, qui demandent respectivement l’interdiction de l’expérimentation animale et de la publicité pour le tabac ciblant les jeunes et les enfants, ainsi que deux référendums, le premier sur un paquet d’aide destiné aux médias, le second contre l’abrogation d’un impôt sur les grandes sociétés au niveau national.
Nous aimerions savoir comment vous vous positionnez par rapport à ces quatre projets et si vous avez déjà décidé de glisser un oui ou un non dans l’urne. Participez au sondage de la SSR, auquel vous accédez en cliquant iciLien externe.
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