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Beau comme un bouquin

A Lausanne, de gros rats de bibliothèque s’apprêtent à déguster les «plus beaux livres suisses». swissinfo.ch

Le livre investit le «mu.dac», comprenez le «Musée de Design et d'Arts appliqués/contemporains» de Lausanne. Au travers d'une exposition consacrée notamment à la bande dessinée romande, nous y reviendrons, et par la présentation des «plus beaux livres suisses», millésime 2000.

En France, la rentrée littéraire est balisée par les prix littéraires, qui s’attachent plutôt au contenu qu’à la forme. En Suisse, où l’on aime à ne rien faire comme ailleurs, depuis une cinquantaine d’années, c’est l’esthétique de l’objet que consacre cet étonnant concours, pris en main pour la deuxième fois par l’Office fédéral de la culture (OFC).

«Ce concours tient compte de tout ce qui concerne la forme: mise en page, reliure, choix des matériaux, mais surtout, la conception du livre», précise Mirjam Fischer, qui travaille au Service des arts appliqués de l’OFC. Tous les secteurs de l’édition sont pris en compte, qu’il s’agisse de roman, de livre d’art, de bande dessinée, d’ouvrages pour enfants ou de… rapports d’entreprise.

Récompensés au printemps dernier dans le cadre du Museum für Gestaltung de Zurich, les ouvrages primés sont à découvrir jusqu’au 6 janvier au «mu.dac» de Lausanne.

Indifférence latine

Pour le cru 2000, l’OFC a reçu 317 livres, dont 35 ont été distingués par un «diplôme»… Oui, un diplôme, pas un prix, on est en Suisse, que diable. Parmi ceux-ci, deux livres romands, et pas un seul en provenance de Suisse italienne.

Les éditeurs latins seraient-ils de pâles amateurs? «Nous avons comme critères la qualité et l’esthétique, et pas les régions», assène Mirjam Fischer. Avant de tempérer notre inquiétude: «Il faut dire que sur les 317 livres qu’on nous a envoyés, 49 seulement venaient de Suisse romande, et 11 de Suisse italienne». Au vu des proportions, nous voilà presque rassurés.

Une situation que déplore l’Office fédéral de la culture, qui souhaite faire du «plus beau livre suisse» un événement réellement national.

Un diplôme c’est bien, un prix aussi

Tout de même, histoire d’intéresser la partie comme disent les joueurs, le Prix Jan Tschichold, doté de 15 000 francs, quoique indépendant du concours, récompense «un engagement créatif et exceptionnel dans le domaine de l’art du livre. Pour la volée 2000, celui-ci est allé au groupe «noman edition», créateur un ouvrage intitulé sobrement «Engelberg».

Un livre où la commune chère à Stephan Eicher est présentée autrement que par les cartes postales qui caractérisent en général un livre touristique. En l’occurrence, une volonté intéressante de contourner les clichés. Remarque toutefois: cette récompense signifierait-elle que les photos illustrant un livre relèvent du domaine formel? De quoi faire bondir moult photo-journalistes.

Plus décoiffant: l’ouvrage décrété «Livre du Jury»: «ennetna», travail de diplôme réalisé à l’ECAL, l’École cantonale d’art de Lausanne. Une publication limitée à l’Internet, que l’on peut télécharger en fonction de ses envies, qu’il s’agisse du contenu, ou bien sûr, de la qualité ou de la couleur du papier.

Pour notre part, nous retiendrons «Choucroute au curry par hasard», de Marysia Morkowska. Pour son titre, tout d’abord. Tiens, à quand un concours du «plus beau titre suisse»?

Bernard Léchot

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