Cindy, nouvelle star ou étoile filante ?
Promue star dès le casting d'une téléréalité musicale française, la jeune Portugaise de Neuchâtel truste depuis presque deux mois les unes de la presse romande.
Du pain bénit pour les gazettes de ce coin de pays, où le “people” est plutôt rare et généralement discret.
«On peut arrêter l’émission, on a trouvé la nouvelle star !». Il aura suffi de ce cri du cœur d’un des jurés lors du casting de Lyon de “Nouvelle Star” pour lancer Cindy. Dès le lendemain, les lecteurs du tabloïd romand Le Matin découvrent en une le joli minois, les immenses yeux bleus et les tresses africaines de la demoiselle.
Une demoiselle qui – ne le nions pas -, n’a pas volé sa place dans le dernier carré des candidats de cette téléréalité de la chaîne privée française M6. Comme les membres du jury, nombre de téléspectateurs ont été bluffés.
Dans notre imaginaire, en effet, une voix aussi puissante, aussi à l’aise dans les registres soul, Rn’B ou gospel ne devrait pouvoir sortir que de l’ample poitrine d’une chanteuse noire. Mais pas de celle d’une aussi frêle jeune fille, pratiquement filiforme…
Une voix, un look, une présence, ces qualités ne laissent pas insensible le chef de la rubrique “people” du Matin. «Elle a quelque chose de plus, c’est le charisme, s’enthousiasme Pascal Pellegrino. Et aussi un talent fou. C’est impressionnant quand on la voit sur scène, la force de caractère qu’elle dégage».
La cerise sur le gâteau
Et bien sûr, ce qui ne gâche rien, elle est “d’ici”. Même avec son passeport portugais. A Neuchâtel, les deux quotidiens cantonaux ne pouvaient pas rater le phénomène.
«Nous sommes dedans, dedans et encore dedans, depuis le début, avec presque deux papiers par jour, explique Mario Sessa, rédacteur en chef de L’Express et de L’Impartial. Nous avons un envoyé spécial à Paris et le dossier “Cindy” de notre site internet fait 1500 visites par jour, record absolu».
«Mais il est vrai que si elle était Vaudoise (soit du canton voisin), elle ne ferait pas une ligne chez nous», poursuit l’homme qui se dit assez hermétique à la fascination de la téléréalité. «Mais mes journalistes sont très enthousiastes, et de toute façon, nous devons le faire pour notre public», ajoute Mario Sessa.
Pascal Pellegrino admet également que son journal – diffusé dans toute la Suisse romande – n’aurait certainement pas consacré à ce jour vingt articles à Cindy sans cet effet de proximité.
«C’est vrai que pour Le Matin, une petite Neuchâteloise sympa et bourrée de talent, c’est du pain bénit, explique le journaliste. C’est une personnalité qui émerge et qui va colorer nos pages».
Surtout dans un coin de pays où le “people” est plutôt rare et généralement discret. «J’ai l’impression qu’ici, on n’aime pas les têtes qui dépassent», explique Pascal Pellegrino, fort de vingt ans d’expérience et de si nombreux refus de personnalités qui ne veulent pas que la presse se mêle de leur vie privée.
Impression confirmée par Blaise Calame, un des rédacteurs “people” du magazine grand public L’Illustré. Pour lui, Cindy vient comme «une cerise sur le gâteau, dans cette Suisse romande où il est si difficile de renouveler le parc de personnalités qui peuvent “tenir” la couverture».
Formatée malgré tout
Mais pour Pascal Pellegrino, le fait d’être (presque) suissesse n’explique pas tout. Et d’en donner la démonstration suivante: au fil des émissions de “Nouvelle Star”, Christophe, jeune Parisien au look improbable mais à la voix et à la présence assez renversantes, s’affirme comme favori à côté de Cindy.
«Or, sur notre site internet, Christophe et Cindy sont au coude à coude dans les préférences des lecteurs, note le journaliste du Matin. Ce qui montre que les gens sont sensibles au talent, et qu’il ne suffit plus d’avoir une belle gueule pour faire chavirer les cœurs».
Reste à voir jusqu’où ira la nouvelle chouchoute des Romands. Pour Mario Sessa, c’est clair: «une fois l’émission terminée, au revoir, elle n’existera plus… à moins qu’elle gagne, et qu’elle fasse une carrière».
Moins sévères, Pascal Pellegrino et Blaise Calame n’en sont pas moins parfaitement lucides sur la valeur réelle des artistes que fabrique à longueur d’années la téléréalité. Propre sur elle, pudique, croyante, volontaire, Cindy se trouve incarner à merveille l’idéal d’une jeunesse finalement assez sage.
Sans oublier le zeste de scandale et le parfum de romance: Cindy, qui avait largué son petit ami juste avant de se lancer dans l’aventure parisienne, affiche maintenant son coup de foudre pour un des candidats de l’émission.
«Tout le monde dit “chanteuse non formatée”, mais ça veut dire quoi ? s’interroge le journaliste de L’Illustré. Moi, au contraire, je la trouve parfaitement formatée. Même si ce n’est pas voulu».
swissinfo, Marc-André Miserez
– Championnes des téléréalités en tous genres, les chaînes privées françaises M6 et TF1 sont largement diffusées et très regardées en Suisse romande. M6 a même un décrochage régional pour des écrans publicitaires suisses.
– Avant Cindy, quelques jeunes représentants d’une Suisse multicolore, moderne et branchée se sont illustrés dans ce type d’émissions.
– Alizée, de père haïtien et de mère valaisanne, gagne “Top Model 2005” sur M6.
– En 2004, Pascal, de père vaudois et de mère camerounaise, et Julien, Français de Genève, parviennent dans le dernier carré de “Nouvelle Star”. Le second nommé n’est battu qu’en finale.
– En 2003, Icaro, Brésilien de Lausanne, fait partie du dernier carré de la “Star Academy”, sur TF1.
Cindy Santos a eu 21 ans le 11 mars 2006.
Elle commence la musique dès l’âge de 10 ans, avec son père, pianiste.
A 11 ans, elle se produit sur scène, comme choriste dans le groupe paternel.
Elle participe ensuite à diverses expériences musicales avec des groupes locaux.
Elle chante aussi bien le Rn’B que le gospel ou le fado de ses origines.
“Nouvelle Star” est sa première tentative pour accéder à l’échelon supérieur. A quelques semaines du dénouement, beaucoup – et pas seulement en Suisse – voient en elle une finaliste potentielle.
Depuis son premier passage sur M6 le 1er mars, elle a fait l’objet d’une centaine d’articles dans la presse romande. Elle est également très présente dans certains magazines français à très gros tirage.
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