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«Les Suisses de l’étranger peuvent être fiers du soutien qu’ils apportent à leur pays»

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Marianne Jenni dans les locaux de la Direction consulaire, à Berne. DFAE / DANIELLE LINIGER

Depuis janvier 2025, Marianne Jenni occupe le poste de directrice de la Direction consulaire au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Mesures d’économies de la Confédération, numérisation des services consulaires, prévention auprès des Suisses à l’étranger: après 100 jours en exercice, elle tire un premier bilan.

La Direction consulaire est une entité qui dépend du DFAE et qui chapeaute le réseau consulaire helvétique. Sa bonne marche est essentielle pour les Suisses à l’étranger, puisque ses décisions ont un impact direct sur la diaspora.

À sa tête se trouve désormais Marianne Jenni, dernièrement en poste en tant qu’ambassadrice à Quito, en Équateur. Avec plus de 30 ans de carrière consulaire à son actif, la Bernoise connaît bien les défis que représente la vie à l’étranger.

swissinfo.ch: Marianne Jenni, vous êtes en poste à la tête de la Direction consulaire depuis 100 jours. Quel premier bilan tirez-vous?

Marianne Jenni: Un bilan très positif. La Direction consulaire fonctionne très bien, grâce à un personnel qualifié qui fournit d’excellentes prestations. J’ai été frappée par leur inextinguible motivation et par tous les projets en cours.

J’ai aussi profité de mon entrée en fonction pour tisser des liens avec nos différents partenaires, tels que l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) ou encore l’intergroupe parlementaire «Suisses de l’étranger».

Où les défis les plus importants se situent-ils actuellement, selon vous?

La numérisation des services consulaires est sans doute le plus important d’entre eux. De plus en plus de Suisses s’installent à l’étranger, en particulier des personnes âgées. Or, qui plus est en cette phase de mesures d’économies fédérales, le personnel consulaire n’augmente pas. Nous devons donc trouver des solutions afin d’apporter un service de même qualité à plus de monde, et la numérisation en est une.

La prévention représente également un défi majeur. Nombre de Suisses partent vivre ou voyager dans des régions dangereuses. Une bonne préparation est aussi importante pour les personnes retraitées, afin qu’elles ne sous-estiment pas les enjeux d’un départ à l’étranger. Notre rôle est de leur fournir des instruments utiles et de les informer afin qu’elles soient les mieux préparées possible. Nous le faisons par exemple grâce à des campagnes comme Ageing AbroadLien externe ou à des webinairesLien externe organisés avec l’OSE.

En novembre 2025, la Loi sur les Suisses de l’étrangerLien externe fête ses dix ans. Nous allons profiter de cette occasion pour sensibiliser sur l’importance de la prévention et pour rappeler le principe de la responsabilité individuelle.

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Avez-vous déjà des pistes concrètes en matière de numérisation des prestations consulaires?

Nous travaillons à la mise en place d’une plateforme numérique pour les services consulaires, notamment les déclarations administratives telles que les mariages ou les naissances. Ce travail se fait en collaboration avec d’autres offices fédéraux.

Nous réfléchissons aussi à la manière dont la HelplineLien externe du DFAE, disponible 24h/24 7j/7, pourrait être soutenue grâce à l’intelligence artificielle.

Avec une population de Suisses de l’étranger vieillissante, qui a peut-être moins d’affinités avec le numérique, ne craignez-vous pas d’exclure une partie de votre clientèle?

Effectivement, ce risque existe. Nous souhaitons le prévenir, autant que faire se peut, grâce à l’anticipation. En outre, le personnel de nos représentations et notre Helpline sont toujours disponibles pour répondre aux demandes de nos compatriotes.

Les plus jeunes générations sont quant à elles en demande de cette numérisation, qui leur facilitera la vie à bien des égards.

Quelles sont vos priorités immédiates en tant que nouvelle directrice de la Direction consulaire?

À très court terme, je vais assister aux Congrès des clubs suisses en France, en Allemagne et en Italie, car je considère qu’il est important d’avoir des contacts avec les Suisses de l’étranger, en particulier dans les pays où ils sont les plus nombreux.

Il est aussi important d’écouter leurs préoccupations et leurs besoins. Je pense par exemple au souhait d’augmenter le nombre de stations mobiles de passeport. Notre réseau est dense, mais la Suisse ne peut pas être partout. Ce service est donc très important, j’en suis consciente.

Enfin, j’espère pouvoir conclure des accords supplémentaires avec des États qui ont des représentations dans des pays dont nous sommes absents, à l’image de notre partenariat avec l’Autriche. En cas de problèmes, les Suisses peuvent alors s’adresser à cette représentation. Cela nous permet d’être plus proches de nos concitoyennes et concitoyens et d’élargir notre réseau sans engranger de frais supplémentaires.

À ce propos, dans quelle mesure le réseau consulaire sera-t-il touché par les mesures d’économie de la Confédération?

Aucune fermeture d’ambassade ou de consulat n’est prévue. Comme je le disais juste avant, nous entendons au contraire étendre notre réseau grâce à des partenariats avec d’autres pays.

Marianne Jenni est entrée au DFAE en tant qu’employée consulaire en 1991. Elle a travaillé à Paris, Lagos, Rome, Londres, Bagdad, Kinshasa et au Cap avant de revenir à Berne en 2013, où elle a été responsable du personnel local et du personnel honoraire à l’étranger, ainsi que des biens immobiliers du DFAE. De 2021 à 2024, elle a été cheffe de mission à Quito, en Équateur.

Source: Revue Suisse

La gestion de crises est l’une des tâches clés de la Direction consulaire. Or, les Suisses de l’étranger se sentent souvent laissés pour compte lors d’événements extraordinaires. Quelle approche avez-vous de la question?

Lorsque l’on vit ou l’on séjourne à l’étranger et qu’une crise intervient, il faut d’abord se conformer aux conseils donnés par les autorités du pays concerné.

En cas de situation de crise, le DFAE et les représentations informent les ressortissants suisses et leur portent assistance dans la mesure du possible, dans le cadre de la protection consulaire. Mais nous ne pouvons pas toujours intervenir immédiatement dans toutes les parties du monde.

Dans certains cas et sous certaines conditions, nous collaborons avec d’autres États ou des tiers comme des compagnies aériennes, afin d’aider les Suisses à quitter la zone de crise.

En cas de crise persistante, le DFAE peut recommander le départ de la région. Les personnes concernées prennent alors librement la décision de partir et le font à leurs propres risques et à leurs propres frais.

Nous essayons également du mieux possible d’informer nos concitoyennes et concitoyens lorsque nous sentons qu’une crise est sur le point d’éclater et nous les encourageons à (ré)agir. Un instrument important à cet effet sont nos conseils pour les voyagesLien externe. Il ne faut pas oublier que la Loi sur les Suisses de l’étranger érige la responsabilité individuelle en principe fondamental de la relation entre la Confédération et les individus auxquels elle garantit des droits ou peut apporter une aide. 

En outre, la Direction consulaire et les représentations fournissent un important travail en coulisses pour aider les Suisses, dont on ne peut pas toujours parler publiquement.

En Suisse même, les Suisses de l’étranger n’ont pas toujours bonne presse. Ces derniers mois, on leur reproche souvent de profiter du système sans y participer. Qu’en pensez-vous?

Cette question revient régulièrement. Personnellement, j’ai constaté lors de toutes mes missions à l’étranger à quel point les Suisses de l’étranger sont importants pour l’image de la Suisse dans le monde. Ce n’est pas sans raison qu’on les surnomme les «ambassadeurs de la Suisse». Ces personnes peuvent être fières du soutien qu’elles apportent à leur pays d’origine.

Relu et vérifié par Samuel Jaberg

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