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Cléopâtre, la reine des peintres

«L'Entrevue d'Auguste et de Cléopâtre après la bataille d'Actium», huile sur toile de Louis Gauffier, 1788. Edimbourg, National Gallery of Scotland

Le Musée Rath à Genève accueille jusqu'au 1er août un personnage de l'histoire antique, sur lequel s'est greffée la légende.

Un panorama très complet des représentations de la reine d’Egypte dans l’art occidental, du XVIe au XXe siècle.

Cléopâtre, fille de Ptolémée XII, dernière reine de la dynastie des Lagides… Mais qu’on ne s’attende pas à se trouver parmi des pièces archéologiques, statues et autres peintures représentatives de l’Egypte ancienne.

Le titre de la manifestation l’indique bien, c’est à une vision indirecte de Cléopâtre que l’on est invité «dans le miroir de l’art occidental». Une soixantaine de peintures, du XVIe au XXe siècle, démontrent l’importance du mythe dans la conscience collective.

Inspirées des sources littéraires, de Plutarque ou Pline l’Ancien à Pouchkine et Théophile Gautier, en passant bien sûr par Shakespeare, ces peintures mettent en scène la reine, parfois Antoine, qui se suicida en même temps qu’elle, ou Octave, le futur empereur Auguste, leur ennemi.

La charge symbolique du suicide

Commissaire de l’exposition, Claude Ritschard a épluché les inventaires de collections publiques et privées, afin de trouver et d’obtenir les toiles les plus représentatives, parfois les moins connues du public.

Les noms de peintres célèbres, comme Guido Reni, Giambattista Tiepolo ou Arnold Böcklin, alternent ainsi avec ceux de maîtres moins populaires, tel cet élève de Guido Reni, Guido Cagnacci, qui a donné une version émouvante et charnelle de «La Mort de Cléopâtre».

Le moment du suicide est le plus souvent choisi par les artistes, notamment en raison du caractère spectaculaire de «l’instrument du crime», le serpent, qui permet d’insister sur la dimension symbolique, voire religieuse, de la scène.

Chronologique, l’exposition documente l’évolution des styles, du maniérisme au romantisme naissant, jusqu’aux compositions orientalistes des peintres de la fin du XIXe.

De l’Art au 7e Art

Le cinéma s’est empressé de s’emparer du personnage de Cléopâtre, dès 1899, au moment même où la peinture narrative l’abandonnait à son sort.

Parmi les soixante films qu’a inspirés Cléopâtre, deux sont mis en avant, par le biais d’affiches (celles où apparaît Liz Taylor se voient à leur tour interprétées par Andy Warhol et Mimmo Rotella), de costumes, de photographies colorisées.

Au sortir de ce panorama de l’art occidental, obsédé par une héroïne ambivalente, on se prend à rêver moins d’une femme que de ces peintres, sculpteurs et cinéastes qui ont subtilement navigué entre l’histoire et la légende, les codes de représentation et la liberté créative, l’érotisme et l’effroi devant la mort.

swissinfo, Laurence Chauvy

– «Cléopâtre dans le miroir de l’art occidental», à voir à Genève, au Musée Rath, jusqu’au 1er août.

– Ouvert de 10 à 17 heures et le mercredi de 12 à 21 heures. Fermé le lundi.

– Un catalogue est édité à cette occasion. Il comporte 408 pages et 208 illustrations en couleur. (Musées d’art et d’histoire et Éditions 5 Continents)

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