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L’eau sous contrôle?

Avant de retourner à son cycle naturel, l'eau passe par des stations d'épuration. www.sensetal.ch

Très pollués jusqu'aux années 60, fleuves et lacs suisses ont été nettoyés grâce à une politique forcée d'épuration.

Mais de nouveaux dangers apparaissent, tels que les médicaments et les pesticides. L’eau reste donc un bien à protéger.

Les eaux suisses n’ont pas toujours été aussi propres et limpides qu’aujourd’hui. Encore dans la seconde moitié du 20e siècle, les cas de pollution, même graves, étaient plutôt fréquents, spécialement près des grands centres urbains.

Pour protéger la population, les autorités de certaines localités touristiques ont parfois été obligées d’interdire la baignade. Mais bien souvent, une interdiction n’était même pas nécessaire: des eaux troubles, malodorantes et recouvertes d’une écume peu appétissante suffisaient à dissuader les baigneurs.

Cette situation n’était pas due au hasard. En effet, les eaux usées, tant domestiques qu’industrielles, finissaient directement dans les cours d’eau.

Des milliards pour l’épuration

Il n’y avait qu’une solution pour remédier à cette situation dangereuse: nettoyer les eaux usées avant de les réintroduire dans le cycle naturel. Au cours des dernières décennies, la Suisse a dépensé des milliards de francs pour atteindre ce but.

Aujourd’hui, pratiquement tout le territoire national est relié aux canalisations et à des centaines de stations d’épuration. Les eaux y sont traitées et débarrassées de la plus grande partie des substances nocives.

De nos jours, les lacs et les cours d’eau de Suisse peuvent être considérés comme propres. Et cela malgré la croissance de la population, des centres urbains et des activités économiques. La qualité de l’eau potable et tout à fait satisfaisante, pour ne pas dire parfaite.

Les nouveaux dangers

Mais les stations d’épuration ont leurs limites. «Elles ne retiennent par exemple pas les restes de médicaments, explique Edwin Müller, chef de la section Hygiène de l’eau auprès de l’Office fédéral de l’environnement. Nous sommes en train d’étudier quelles peuvent être les conséquences de la présence de ces substances dans l’eau pour l’homme et la nature.»

Des restes de pommades ou de crèmes se retrouvent par exemple dans les égouts. Elles y arrivent avec l’eau qui s’écoule des douches, des baignoires et autres lavabos. Quant aux médicaments qui n’ont pas été totalement assimilés par l’organisme, ils y parviennent par le biais des toilettes.

«Nous sommes aujourd’hui capables de mesurer des micropollutions, déclare Edwin Müller. C’est ainsi que nous avons pu déceler la présence dans l’eau de certaines substances destinées à lutter contre le rhumatisme. Mais nous ne savons pas encore si des quantités aussi infimes peuvent représenter un danger pour l’environnement.»

Ces micropollutions ne proviennent pas seulement des restes de médicaments, mais aussi de substances industrielles qui n’ont pas pu être éliminées par les stations d’épuration. Et certains pesticides qui pénètrent dans le sol avec la pluie se retrouvent également dans l’eau à de très basses concentrations.

Retour à des cours d’eau naturels

Dans le cadre de la gestion des ses ressources hydrologiques, la Suisse s’est récemment donnée un nouvel objectif, celui de rendre aux cours d’eau leur aspect naturel. Corrigés et canalisés durant les derniers siècles, rivières et torrents devraient maintenant s’écouler librement en suivant leur lit naturel.

Les raisons ne manquent pas pour rétablir cet environnement naturel et pour respecter les équilibres écologiques. Une telle politique permet en effet de limiter les risques en cas de crue et de renforcer l’effet autonettoyant et auto régénérant des cours d’eau naturels.

«Mais il n’existe pour le moment pas de planification globale pour y parvenir, dit Edwin Müller. Nous nous contentons de réaliser quelques projets à l’échelon local.»

En effet, dans de nombreux cas, l’espace qui devrait être restitué aux cours d’eau n’existe plus. Par ailleurs, certaines interventions nécessiteraient des investissements beaucoup trop importants.

swissinfo, Fabio Mariani (traduction: Olivier Pauchard)

95% des ménages suisses sont reliés à une station d’épuration.
Ce taux est d’environ 60% en Europe et 70% aux Etats-Unis.
La Suisse utilise 5% de ses ressources en eau.
L’utilisation est de 11% dans les autres pays européens et de presque 20% aux Etats-Unis.

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