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Critiques contre la politique environnementale

Les zones à vitesse réduite sont un signe positif au yeux des écologistes. Keystone

Les associations de protection de l'environnement ont tiré jeudi un bilan mitigé de la législature de quatre ans qui s’achève cet automne.

Elles critiquent l’application boiteuse du protocole de Kyoto et demandent l’introduction d’une taxe sur le CO2.

Le protocole de Kyoto et la loi sur le CO2 sont deux instruments qui permettent de réaliser une politique climatique efficace, estime Adrian Stiefel, du WWF Suisse.

«Mais la ratification du protocole et les mesures volontaires ne suffisent pas. Elles doivent être soutenues par des réglementations politiques et légales», ajoute l’écologiste.

Dans le cadre du protocole de Kyoto, la Suisse s’est engagée d’ici à 2010 à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 8% par rapport à 1990, et ses émissions de CO2 de 10%.

Et pourtant, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté en Suisse de 1% entre 1990 et 2001. En clair, «la progression va dans le sens inverse!», constate Adrian Stiefel.

Budget à épargner

Les mêmes organisations refusent la réduction du budget annuel de SuisseEnergie envisagée par le gouvernement (de 55 à 20 millions de francs).

En cas de réduction, les objectifs de Kyoto ne seront jamais atteints, assure Kaspar Schuler, directeur de Greenpeace. A ses yeux, il faut plutôt augmenter ce budget de SuisseEnergie (à 100 millions de francs!)

Kaspar Schuler a des arguments. Ce programme d’encouragement des économies d’énergie et des énergies renouvelables a engendré en 2001 des investissements de 660 millions de francs.

Ces investissements se dirigent vers l’assainissement des bâtiments, les énergies renouvelables et les technologies visant à augmenter l’efficacité énergétique.

Qui plus est, SuisseEnergie suscite 4300 emplois chaque année. Et 60 millions de francs de recettes reviennent à la caisse fédérale par le biais de la taxe sur la valeur ajoutée.

La conclusion du directeur de Greenpeace se veut donc sans appel. Le projet de réduction du budget est «une absurdité sur le plan économique. Il est totalement incompréhensible».

Alpes malmenées

Parmi les succès environnementaux de la législature, le responsable de la politique des transports de l’Association transports et environnement (ATE) range l’introduction début 2002 des zones limitées à 30km/h dans les localités.

Adrian Schmid regrette en revanche que le Parlement soutienne sans réserve la construction des routes.

L’initiative Avanti demande l’élargissement à six voies des tronçons d’autoroute entre Berne et Zurich et entre Lausanne et Genève. Elle exige aussi un deuxième tunnel routier au Gothard.

Et pour Adrian Schmid, le Parlement va plus loin encore dans son contre-projet à l’initiative, en ficelant un paquet pour la construction des routes représentant un montant de 30 milliards de francs.

Adrian Schmid poursuit son réquisitoire. Le contre-projet à l’initiative Avanti menace la rentabilité des Nouvelles liaisons ferroviaires alpines (NLFA). Et le transfert de la route vers le rail y est renvoyé aux calendes grecques.

Qui plus est, la protection des Alpes est mise à mal par le projet de deuxième tube au Gothard.

Nouveau parc national

Pour sa part, le secrétaire central de Pro Natura critique les nombreux projets de développement et d’agrandissement de domaines skiables, néfastes pour l’environnement.

Otto Sieber reproche à la Confédération, aux cantons et aux communes de soutenir financièrement ces projets et de mettre la rentabilité avant la protection de l’environnement.

L’idée d’un nouveau parc national en Suisse va au contraire dans la bonne direction, estime Otto Sieber.

«Aujourd’hui, de nombreux milieux reconnaissent non seulement la possibilité mais également la nécessité, pour des raisons de protection de la nature et de développement régional, de surfaces telles que des parcs nationaux et régionaux», constate le secrétaire central de Pro Natura.

Réponse gouvernementale

«Nous sommes d’accord avec les organisations environnementales, indique le responsable de la communication du ministre de l’Environnement. Jusqu’ici, ce qui a été fait est insuffisant. Mais plutôt que de critiquer le gouvernement, elles devraient s’en prendre au Parlement, qui a pris son temps».

Hugo Schittenhelm tempère son propos. «Tout prend un peu de temps, c’est dans la nature de notre système politique. A long terme, c’est une bonne chose. Le public accepte plus facilement les objets qui ont le soutien des grands partis».

«Nous discutons actuellement de la taxe sur le CO2 et d’autres mesures, indique encore Hugo Schittenhelm à swissinfo. Notre ministre commencera l’analyse de ces mesures au début de l’an prochain. Je pense que si elle est acceptée, la taxe sur le CO2 pourrait être introduite en 2005.»

swissinfo et les agences

– Les succès, selon les organisations environnementales:
La ratification du Protocole de Kyoto, le programme SuisseEnergie, la facilitation de la création des zones 30 km/h, le projet de nouveau parc national.

– Les échecs:
L’introduction retardée de la taxe sur le CO2, la baisse envisagée du budget de SuisseEnergie, la réduction de moitié de l’emploi au sein de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage, l’initiative Avanti et son contre-projet parlementaire, l’extension tendancielle des domaines skiables.

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