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Architectes romands et français à l’honneur à Bâle

«Ici et le monde»: c'est le titre donné par le Musée suisse d'architecture de Bâle à une rétrospective de dix bureaux d'architectes de Suisse romande et de la région Rhônes-Alpes. Regards sur la spécificité francophone et la globalisation.

L’espace est restreint mais le matériau exposé d’une grande richesse: ce ne sont pas moins de trente projets architecturaux récents de Suisse romande et de la région Rhône Alpes qui sont présentés dans les locaux du Musée suisse d’architecture (SAM) à Bâle.

L’exposition s’inscrit dans le cadre du programme d’échange transfrontalier «La belle voisine», consacré à la création contemporaine en Suisse et dans la région Rhône-Alpes. Elle est co-organisée par Valérie Disdier, directrice de la Maison de l’architecture Rhone-Alpes, et Francesca Ferguson, son homologue du SAM.

Les commissaires ont choisi de dix bureaux, quatre suisses et six français. Y a-t-il une spécificité de la création architecturale francophone? Légitime, la question est difficile – aussi difficile que si l’on considérait deux bureaux entre Bâle et Lucerne. A en croire l’exposition, la réponse est plutôt négative. Tout au plus verra-t-on des différences – également patentes dans les déclarations des architectes – entre les usages suisses et les usages français.

La question de la globalisation «l’emporte»

La démarche se complique par une deuxième grille de lecture, «qui a joué tel un tamis pour faire remonter dix bureaux d’architecture à la surface», selon les commissaires d’exposition: quelle est l’influence de la globalisation sur la création architecturale, quels sont la place et les enjeux du local dans un monde globalisé?

Dans l’exposition, et peut-être du fait de la grande difficulté à répondre à la première interrogation sur la «spécificité» francophone, cette question devient le fil du parcours.

Des interviews des architectes (malheureusement difficilement audibles, mais peut-être ce défaut a-t-il été entretemps corrigé) accompagnent les photographies, plans et maquettes, alignés selon une belle scénographie où le bois clair met bien en valeur les travaux.

Aller au-delà des oppositions

A la question de l’influence de la mondialisation sur la création architecturale, la plupart des architectes rétorquent sur l’importance du contexte local. «Avec l’architecture, on travaille sur l’hyperlocal traversé par le global», répond ainsi Isabel Hérault, du bureau Herault & Arnod de Grenoble, dont les réalisations aux accents traditionnels (le bois découpé du projet Amphibia) sont aussi, en même temps, très modernes.

Galletti et Matter (Lausanne) de leur côté explorent un autre contraste, qu’ils résolvent, en le supprimant: «Nous ne cherchons plus l’opposition entre ville et paysage, disent-ils. Nous cherchons l’intensité. Nous avons une approche du contexte au sens large.»

Ne pas perdre l’ancrage local

Gilles Perraudin, un des architectes les plus expérimentés de cette mini rétrospective, balaie la question: «La globalisation n’a aucune importance, dit-il. L’inspiration vient toujours d’une confrontation vécue, vivante. Par contre, on peut être excité en permanence, probablement trop, par le flot d’informations.»

En écho, Doris Brauen, du bureau Brauen & Wälchli (Lausanne), va dans le même sens, et précise les questions: «L’architecture mondiale souffre un peu de ce flux, dit-elle. On reprend des projets du Japon tels quels, mais l’ancrage est perdu. Mais on ne peut pas ne pas tenir compte du contexte.»

Ou, comme le disent les architectes de Tectoniques (Lyon): «Si on était ailleurs, on n’existerait pas de cette manière-là.» Chez les architectes, globalisation ou non, l’«ici» semble donc continuer à primer sur «le monde». Indépendamment de la globalisation, l’exposition est une bonne occasion de découvrir les travaux récents qui marquent la région d’une nouvelle empreinte.

Ariane Gigon, Bâle, swissinfo.ch

A voir jusqu’au 13 septembre à Bâle, l’exposition est une coproduction entre le Musée suisse de l’architecture et la Maison de l’architecture Rhône-Alpes de Lyon.

Elle voyagera ensuite dans d’autres villes. Le parcours n’a pas encore été fixé.

La rétrospective présente des travaux récents des dix bureaux suivants: 2B Architectes, Bonnard Woeffray, Brauen+Wälchli, Galletti & Matter, Philippe Guyard (tous à Lausanne sauf Bonnard Woeffray à Monthey), Herault & Arnod Grenoble), Novae (Lyon), Gilles Perraudin (Lyon), Tectoniques (Lyon) et Dominique Vigier (Saint-Etienne).

SAM. Le Musée suisse de l’architecture (SAM) fête ses 25 ans cette année. Fondation privée, le musée expose des travaux d’architectes internationaux et romands.

Economies. Le musée est actuellement confronté à des difficultés financières. En février dernier, des «mesures d’économie drastiques» ont été décidées. Le nombre d’expositions par année passe de 4 à 3.

Départ. La directrice Francesca Ferguson, en place depuis 2006, vient de quitter son poste « d’un commun accord » avec le conseil de fondation. Une structure de direction à deux têtes, avec direction artistique soumise à une direction administrative, devra être mise en place en 2010.

«La belle voisine» est un programme d’échanges pluridisciplinaires axés sur la création contemporaine entre la Suisse et la région Rhône-Alpes. Il est notamment soutenu par Pro Helvetia, Présence Suisse et le Consulat général de Suisse à Lyon.

«La belle voisine» vise à favoriser durablement les échanges entre institutions et artistes suisses et rhônalpins.

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