Ce violoncelle qui fait voltiger le danseur
Le festival Steps #8 fait étape à la Dampfzentrale de Berne. Le duo José Navas/Walter Haman y conjugue danse au son de l'archet d'un violoncelle.
Sur une scène vide se rencontrent un violoncelliste et un danseur. L’ambiance est intimiste. Un dialogue s’engage. Sur une ligne chorégraphique dictée par les premiers sons et mouvements.
«Il y a des moments où c’est le violoncelliste Walter Haman qui donne les impulsions au danseur José Navas, explique Isabella Spirig, de l’équipe dirigeante de Steps #8. Et, à d’autres instants, c’est le danseur qui inspire et guide son violoncelliste».
Création en développement
Le projet Haman/Navas est un exemple de travail créatif en perpétuel développement entre deux artistes hors du commun. Depuis 1999, ils entretiennent une sorte de conversation autour de la musique de Benjamin Britten et d’Allan Hovhaness.
Walter Haman vient de Californie. Il est premier violoncelle du Spoleto Festival Orchester en Italie et du Napa Valley Symphonie Orchester. Mais ce musicien accorde sa préférence à la musique contemporaine.
C’est ainsi qu’Haman a collaboré avec les compositeurs John Adams et John Zorn. Concentration et fusion sur son instrument lui donnent la liberté d’une grande ouverture pour son danseur José Navas.
Danseur vénézuélien
Chorégraphe et danseur de 35 ans, José Navas, lui, cultive le style latino bohème. Il a débuté dans la danse au Venezuela, son pays d’origine. Puis, il est allé étudier à New York chez Merce Cunningham, grand maître de la danse contemporaine.
En 1995, il a créé à Montréal sa propre compagnie, «FLAK». Aujourd’hui, ses œuvres sont représentées dans tous les grands festivals. Il est considéré au Canada comme le principal ambassadeur du pays en matière de danse contemporaine.
José Navas est un danseur hors du commun. Son rythme de rotation des bras est à couper le souffle. Il interrompt le mouvement une seconde, et dans l’instant de silence, paraît comme suspendre le temps.
José Navas peut aussi adopter une extrême lenteur, articuler chaque muscle des orteils à la pointe des doigts. Il révèle au grand jour le miracle d’un corps parfait. Sa danse est extrême sans qu’il y paraisse.
Comme des musiciens de jazz
Walter Haman et José Navas jouent ensemble comme deux musiciens de jazz. Le public ne peut s’orienter qu’en suivant le fil de ses propres émotions. Non sans effets: «Je crois que je peux toucher les gens, les inciter à discuter de certaines choses», déclare José Navas.
Il faut dire que celui-ci n’arrête plus de danser depuis qu’il a perdu le plus bel amour de sa vie: le chorégraphe canadien William Douglas qu’il avait jadis suivi jusqu’à Montréal et qui est décédé en 1996.
swissinfo/Emmanuel Manzi
Mardi à 20h30 à la Dampfzentrale à Berne
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