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Coup de projecteur sur le cinéma suisse à Locarno

De gauche à droite: Nicolas Bideau, Frédéric Jauslin et Micha Schiwow, directeur de Swiss Films. Keystone

Le Festival international du film de Locarno célèbre ce mardi la Journée du cinéma suisse. En toile de fond, une quantité plutôt mince de films suisses à sortir en salle cette année.

Organisée pour la deuxième année consécutive, cette journée spéciale a aussi pour but de mettre en valeur la production cinématographique indigène dans une perspective internationale.

«Cette journée se tient pour la deuxième fois et c’est déjà devenu une institution. Nous continuerons à l’organiser dans le futur. Elle permet au cinéma suisse et à son industrie de gagner en visibilité», a déclaré le directeur de l’Office fédéral de la culture (OFC) Frédéric Jauslin mardi à Locarno.

Quant au Monsieur Cinéma de la Confédération, Nicolas Bideau, il a relevé qu’une telle journée, organisée par Swiss Films, constituait une plateforme très importante.

«Les films sont de plus en plus nombreux, mais les nôtres sont bons et je suis convaincu qu’ils méritent plus d’attention», a-t-il confié à swissinfo.

Le fait que le nombre de films suisses projetés cette année dans les salles soit en diminution par rapport à 2006 ne l’inquiète ainsi pas outre mesure.

«Nous savons que le volume de sorties des films suisses est en dents de scie. Pour faire un bilan objectif de notre cinéma, il faut l’observer sur une période de deux ans, cycle naturel de fabrication d’un film», explique Nicolas Bideau.

Le cinéma suisse plus léger

Depuis presque deux ans maintenant, le chef de la section cinéma de l’OFC répète que les films suisses doivent trouver leur public. A force de marteler son message, il semble avoir passé, se réjouit Nicolas Bideau. «Il y a moins de flops, je suis content!»

Un succès que salue également Antonio Mariotti, critique cinématographique au journal tessinois ‘Corriere del Ticino’. «Il y a dix ans, le cinéma helvétique avait encore la réputation d’être lent, ennuyeux et intellectuel. Aujourd’hui, il a su se construire une image jeune et légère grâce à des films comme ‘Mein Name ist Eugen’, ‘Grounding’ ou ‘Die Herbstzeitlosen’.»

Pour Nicolas Bideau, il reste malgré tout des points noirs. «La distribution des films devrait être mieux coordonnée pour éviter ce phénomène en dents de scie. La Confédération pourrait l’influencer car elle accorde des aides au démarrage dans le domaine de la distribution.»

Etre présent à l’étranger

Autre souci de Nicolas Bideau, le jeune public qui boude souvent le cinéma indigène. A Locarno, la Journée du cinéma suisse vise à intéresser les jeunes grâce à une série de projections et d’animations. Un atelier montrera par exemple comment se fabrique un film d’animation.

Pour ce qui est de la promotion, Antonio Mariotti salue la tenue d’une journée suisse à Locarno. Il estime néanmoins qu’il serait «plus important d’organiser de telles journées dans les grands festivals à l’étranger, par exemple à Cannes, Berlin ou Venise.»

Directeur des Journées cinématographiques de Soleure, Ivo Kummer est lui beaucoup plus sceptique. Il estime en effet que les films helvétiques devraient être plus présents dans la compétition internationale et les autres sections.

«Je ne connais aucun festival international sérieux qui consacre un jour à sa production nationale. Mettre ainsi en évidence le cinéma suisse n’est pas une démarche saine. Il faut aussi voir ce que cela coûte : 300’000 francs, c’est beaucoup», critique-t-il dans une interview au quotidien alémanique ‘Bund’.

Une histoire du cinéma suisse

Profitant de cette journée spéciale, le directeur de la Cinémathèque suisse Hervé Dumont a présenté l’ouvrage de référence ‘Histoire du cinéma suisse 1966-2000’, qu’il a réalisé avec Maria Tortajada, professeure à l’Université de Lausanne.

Une table ronde est également au programme pour examiner le statut des acteurs suisses. A de rares exceptions près, ceux-ci ont en effet de la peine à trouver du travail hors du pays. Des directeurs de castings étrangers ont été conviés.

Divers gadgets promotionnels ont aussi été distribués, dont un T-shirt, un DVD de courts métrages et même des tatouages éphémères.

Enfin le public de Locarno a pu découvrir en première mondiale ‘1 Journée’, fiction que le réalisateur genevois Jacob Berger a tourné notamment à Genève et Lausanne. Son film raconte 24 heures de la vie d’un couple bouleversée par un accident de voiture.

swissinfo et les agences

2 films suisses seront projetés mardi sur la Piazza Grande.
1 film suisse est en lice dans la compétition internationale. Il est signé par le réalisateur tessinois Fulvio Bernasconi.
18 films figurent dans la section ‘Léopards de demain’ – catégorie suisse.
2 œuvres helvétiques sont au programme de la rétrospective ‘Retour à Locarno’.
10 films, dont 5 longs-métrages, figurent dans la catégorie ‘Apellation suisse’.

En marge de la Journée du Cinéma suisse, six projets de films suisses ont été récompensés par un prix d’encouragement d’une valeur totale de 105’000 francs.

Le jury avait le choix entre 100 projets.

Un chèque de 25’000 francs salue trois projets de fiction:
‘Der Kreis’ de Urs Frey et Marcel Gisler.
‘Sexy Boy’ d’Anna Luif.
‘La cosmétique du bonheur’ de Ruxandra Zenide et Alexandre Iordachescu.

Un chèque de 10’000 francs encourage trois projets de documentaires:
‘The End of Time’ de Peter Mettler.
‘Himmel und Hölle’ de Dieter Fahrer.
‘Money’ de Jean-Stéphane Bron.

Le compositeur alémanique Peter Scherer a obtenu le Prix de la Fondation SUISA pour la musique du film ‘Marmorera’.

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