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Court métrage, belle visibilité romande

Jusqu'au 25 novembre, ce chat sera visible dans dix villes romandes et à Lugano. swissfilms.ch

Après Genève et Lugano, il y a Fribourg, Morges, Delémont, Sion… Dix villes de Suisse latine accueillent, jusqu’au 25 novembre, la 9e Tournée de la Nuit du court métrage. Entretien avec son programmateur Marcel Müller.

Organisée par Swiss Films Genève, cette 9e Tournée offre au grand public un choix très éclectique de courts métrages. Œuvres régionales et internationales se partagent l’affiche. Vingt et un films à découvrir, dont onze suisses. L’ensemble est réparti sur quatre programmes dont nous parle Marcel Müller. Entretien.

swissinfo.ch: Le court métrage est-il une aubaine dans un monde qui privilégie la vitesse et le zapping?

Marcel Müller: Tout dépend de la durée du court métrage. Jusqu’à 10 minutes, les spectateurs sont en général patients. En revanche, lorsqu’un film plus long ne les accroche pas, ils ont tendance à zapper. Mais bon, le court métrage reste quand même une aubaine, ne serait-ce que parce qu’il permet aux réalisateurs de se faire la main. A Genève, comme à Lausanne, à Zurich et à Lucerne, les écoles de cinéma l’enseignent. Il a donc sa raison d’être.

Ceci dit, la Tournée que nous organisons a un autre avantage: au public pressé, elle offre des séances réanimées sans arrêt. Les films sont projetés à la file durant une même soirée. Chaque quart d’heure, il y a une nouvelle histoire, un nouveau format, une nouvelle technique… On passe ainsi d’une catégorie à une autre, de la fiction, au documentaire, à l’animation.

swissinfo.ch: Quatre programmes composent l’affiche de la Tournée. Leur thématique varie d’année en année. Il y en a un qui ne change pas, celui réservé aux «Quartz» (Prix du cinéma suisse). Chaque édition met à l’affiche les lauréats et les films nominés pour les «Quartz» de l’année en cours. Les raisons de ce choix?

M. M. : Je rappelle que cette Tournée est initiée par Swiss Films et que, dès notre première édition en 2003, notre mission principale fut la défense et la diffusion de notre cinéma. Il est donc important d’avoir une plateforme qui montre la production locale.

Il faut dire qu’avec le court métrage il y a un problème de «visibilité»: si vous n’êtes pas un aficionado de festival, il ne vous reste, pour apprécier ce genre cinématographique, que la télévision, et encore… Car Arte, la TSR ou France3 ne programment des courts métrages qu’après minuit. Or il est difficile à cette heure-là de rendre ces films attrayants, surtout quand on sait que leurs réalisateurs sont pour la plupart inconnus. Notre but est donc d’offrir une vitrine à nos cinéastes.

swissinfo.ch: Cette 9e Tournée se tient jusqu’au 25 novembre dans neuf villes romandes, plus Lugano. Elle a eu lieu il y a quelques mois en Suisse alémanique. Avez-vous un programme commun avec les villes d’Outre-Sarine?

M. M. : Le programme commun est celui consacré aux «Quartz». Pour le reste, les choix divergent. En Suisse alémanique, c’est Swiss Films Zurich qui organise la Tournée. Ils ont donc une affiche qui répond aux sensibilités du public germanophone. Révélateur, le film d’humour. Là-bas, on ne rit pas comme nous ou en même temps que nous. Même dans ce domaine le Röstigraben fonctionne.

swissinfo.ch: Hormis les «Quartz», vous avez trois autres programmes, dont un réservé aux films d’animation. Trouve-t-il son public?

M. M. : Oui, beaucoup plus qu’on ne l’imagine. Il faut dire que l’animation vit un temps fort. Tout le monde peut en faire, grâce aux nouvelles technologies. Et Dieu sait si les productions sont nombreuses. Nous avons donc pensé que c’était là un domaine à exploiter, et nous l’avons introduit dans notre Tournée il y a cinq ans. On n’a pas eu tort: le public est très preneur.

Pour ce qui est des deux autres programmes, ils dépendent de nos coups de cœur. Nous parcourons les festivals. Au bout d’une cinquantaine de films vus, une tendance se dégage. Cette année, par exemple, on a opté pour des courts métrages qui cultivent l’étrange. On les projette dans le cadre d’un programme intitulé «Absurdum Delirium». Comme dans la section «Animation», il n’y a pas ici que des productions suisses. Les réalisateurs viennent de différents pays.

swissinfo.ch: Chaque édition consacre un pays. Cette année, c’est l’Argentine. Elle fait l’objet du programme 4. En fonction de quels critères choisissez-vous le pays?

M. M. : Je précise que l’Argentine n’est pas vue ici par des cinéastes argentins, mais par deux réalisateurs français. L’important ce n’est pas, si vous voulez, l’identité de l’auteur, mais le regard que celui-porte sur une terre, un univers.

Les deux films programmés à cet effet (Donde està Kim Basinger et La Difunta Correa) ont un dénominateur commun. Ils mettent en scène deux couples paumés, les uns projetés à Buenos Aires, les autres en plein cœur de la Cordillère des Andes. Cette thématique marque un suivi : elle recoupe en quelque sorte les sujets abordés l’année dernière avec un autre pays, la France, dont nous avions présenté deux films, avec comme personnages principaux des «loosers».

swissinfo.ch: Des séances spéciales sont prévues pour chaque ville. Tiennent-elles compte des talents régionaux?

M. M. : Oui, bien sûr. Je prends l’exemple de Sainte-Croix, dans le Jura. On y présentera le 19 novembre un film de Carmen Jaquier, une étudiante à la Haute Ecole d’arts appliqués de Lausanne. Nous suivons de très près le travail des jeunes. Les œuvres choisies datent de 2010-2011. Pas de vieilles productions dans notre Tournée.

swissinfo.ch: La tournée est une formule associée en général au théâtre. Le cinéma s’inspire-t-il ici de la scène?

M. M.  : Oui, dans ce sens où il permet une décentralisation. La plupart des festivals de cinéma romands se déroulent à Genève ou à Lausanne. Il nous fallait un élargissement pour inclure des villes laissées à l’écart. Je repense à Sainte-Croix et à son public chaleureux. C’est tout le village qui vient à nos soirées.

Licencié en lettres de l’Université de Genève, il termine son cursus universitaire avec un mémoire qui porte sur l’adaptation d’œuvres littéraires au cinéma.

En 2005, il est engagé comme responsable du Bureau Genève pour Swiss Films, agence de promotion nationale du cinéma suisse.

Depuis 2005, il programme la Nuit du court métrage.

Depuis 2008, il fait partie du département Events & Programmes, dans le cadre duquel il élabore des programmes (fictions, documentaires, courts métrages fiction et animation) de films suisses à l’étranger et en Suisse.

La «9e Tournée de la Nuit du court métrage», jusqu’au 25 novembre. Fribourg, 28 octobre. Morges, 3 novembre. Delémont, 5 novembre. Sion, 10 novembre. La Chaux-de-Fonds, 11 novembre. Neuchâtel, 12 novembre. Sainte-Croix, 19 novembre. Lausanne, 25 novembre.

Organisée par SwissFilms, la manifestation, créée en 2003, a pour but de promouvoir le court métrage helvétique et international sous toutes ses formes.

Cette année, Genève a été la première cité à accueillir cet événement cinématographique itinérant dont les films sont exclusivement projetés sur support pellicule 35mm.

Neuf villes romandes, plus Lugano, font partie du parcours. Le public a accès à 21 films, dont 11 suisses, répartis sur 4 programmes.

Des projections spéciales de films régionaux agrémentent également les Nuits.

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