Expo.02, l’album (5): Le sous-marin abandonné
Le Mésoscaphe de Jacques Piccard fut une «icône» de Vidy 64. Avec Expo.02, le symbole a changé de contenu.
L’année écoulée a été marquée par Expo.02. Album-souvenir en 12 images étonnantes.
De Vidy 1964, je me souviens de la «Machine à Tinguely», hymne rigolard à l’inutilité. D’un tortillard bizarre aussi, qui survolait le site de l’exposition nationale accroché à son monorail.
Je me souviens également de la garderie d’enfants, où nous, les mômes, étions affublés de tabliers et d’étranges chapeaux, oranges ou jaunes, je ne sais plus.
Et je n’ai pas oublié Gulliver, qui, vu de mes quatre ans, était vraiment très grand. Mais c’est bien plus tard que j’ai appris que ce vertigineux personnages représentait la partie saillante d’un questionnaire ludique en apparence, mais réellement sociologique, un questionnaire qui avait fait peur aux autorités fédérales de l’époque.
A la poubelle, les résultats! Pour continuer à croire en une Suisse ‘propre en ordre’, il était tellement plus simple de jouer la carte des trois singes – bouches, oreilles, yeux clos.
A la dérive…
Je me souviens aussi du Mésoscaphe de Jacques Piccard, sous-marin blanc et effilé, que j’avais entrevu sans monter pour autant à bord. Mes parents m’en avaient offert un modèle réduit, qui longtemps trôna dans ma chambre d’enfant.
Submersible magique, presque autant que le «Yellow Submarine» des Beatles, qui ne déboula sur les écrans que quatre ans plus tard.
2002, quais de Morat. La vieille chose est là, abîmée, rongée, corrodée, déglinguée, offerte au regard des passants et aux fientes des mouettes.
«Instant et Eternité», claironne l’arteplage de Morat. A constater ce qu’une petite quarantaine d’années peut infliger comme dégâts à un ex-symbole de modernité, on comprend que les responsables d’Expo.02 aient préféré miser sur la grâce de l’éphémère et le filtre mystérieux de la mémoire.
Encore qu’avec son monolithe pré-rouillé, Jean Nouvel avait pris le temps de vitesse, si j’ose dire.
swissinfo/Bernard Léchot
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