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Frisson made in Ticino!

Frisson dans les entrailles du barrage! La Diga

Avec «La Diga» (Le barrage), présenté en compétition à «Cinéma tout écran», le Tessinois Fulvio Bernasconi ose un genre rare en Suisse: le thriller fantastique.

Plongée au cœur des montagnes, choc entre modernité et superstitions ancestrales.

Une vallée du sud des Alpes, où l’on parle italien. Un petit village, dominé par les parois rocheuses, et le mur vertigineux d’un gigantesque barrage.

C’est là que la citadine Elena vient d’hériter d’une maison de famille, suite au décès de sa tante. Pour redécouvrir ces lieux, où elle a vécu sa petite enfance, elle s’y rend avec sa fille d’une dizaine d’années, Giorgia.

Elle va rapidement se heurter au comportement étrange des habitants, hantés par des superstitions, des peurs ancestrales. Et surtout par un crime (un sacrifice?) commis il y a longtemps. Et son séjour va bien sûr tourner au cauchemar…

«Avec le scénariste, on voulait faire quelque chose sur la montagne, parce que c’est le décor le plus dramatique qu’on a en Suisse. Ensuite, on trouvait intéressant, visuellement déjà, le contraste entre cette grosse construction technologique et le paysage. Et avec les mythes liés à ces paysages, toute cette dimension surnaturelle», explique Fulvio Bernasconi.

Anecdote amusante: Fulvio Bernasconi, contractuellement, n’a pas le droit de révéler dans quel village le film a été tourné. Les habitants craindraient-ils que les forces obscures qui hantent le film ne déteignent sur leur quotidien? La fiction et la réalité ont parfois de drôles de connexions…

Film «de genre»

La séquence du voyage d’Elena et de sa fille est éloquente: une voiture file dans la montagne, avale kilomètres et virages. Elle est filmée de haut par un hélicoptère… Immédiatement, «The Shining», nous vient à l’esprit. Le clin d’œil est appuyé.

«C’est plus qu’un clin d’œil! C’est copié!», s’exclame Fulvio Bernasconi. «Je ne crois pas à l’originalité: tout a été fait. Pour moi, il s’agissait de montrer que le village était très reculé, qu’il fallait un long voyage. D’où l’hélicoptère, qui ramène évidemment à la scène d’ouverture de Shining. Cette scène, on l’a même regardée avec le pilote de l’hélico!»

Le réalisateur tessinois signe donc un thriller fantastique: «C’est assez nouveau en Suisse, et pour la télévision, et pour le cinéma. Ici, on fait plutôt des films à tendance sociale, naturaliste», constate-t-il.

Le fantastique est-il une simple expérience pour Fulvio Bernasconi, ou un registre qu’il compte développer? «Je me considère comme un artisan. J’ai un certain savoir-faire, et je peux donc aborder certains genres.»

«Mais je n’ai pas un genre de prédilection. Disons que j’aime bien que les choses ne soient pas tout à fait réalistes. Dans les films, j’aime bien le ‘bigger than life’!»

Un savoir-faire

Cette démarche artisane, on la comprend assez bien dans le cadre du documentaire, que Fulvio Bernasconi a pratiqué. Mais la fiction n’implique-t-elle pas une notion d’inspiration?

«Non, c’est un travail comme un autre. Je ne crois pas à l’inspiration. C’est un savoir-faire qu’on peut apprendre, et après, il y a des questions de sensibilité ou de talent.»

Ce savoir-faire, Fulvio Bernasconi, qui a mené des études de sciences politiques à Genève, l’a acquis en obtenant en 1996 un diplôme de réalisateur au DAVI, à Lausanne, et surtout en réalisant de nombreux courts métrages et plusieurs documentaires.

C’est à lui qu’on doit le film «Swiss Love», présenté sur l’arteplage d’Yverdon-les-Bains lors d’Expo.02. Une expérience de cinéma interactif qui permettait aux spectateurs de choisir le cours de l’intrigue du film. «Un autre film de genre, constate Fulvio Bernasconi, puisqu’il s’agissait d’une comédie romantique!»

Le réalisateur apprécie ces escapades hors des courants traditionnels du cinéma suisse, réputé introspectif, sérieux, lent. Le film de télévision est-il la meilleure échappatoire possible? «Ce qu’on peut constater, c’est que tous les jeunes cinéastes font plutôt des téléfilms. Ce sont des productions plus faciles à monter, plus rapides», répond-il.

«En fait, c’est un peu comme les séries B dans les années 60. Un lieu de formation, où l’on peut essayer des choses, et se former, avec une grande liberté, en Suisse, grâce à SRG SSR Idée suisse. On verra plus tard si cette énergie mise par les jeunes cinéastes dans les films de télévision réussira également à amener quelque chose au cinéma… s’il y a encore des salles!»

swissinfo, Bernard Léchot, Genève

– La 9e édition de «Cinéma tout écran» se tient jusqu’au 9 novembre à Genève, principalement à la Maison des Arts du Grütli et à l’Auditorium Arditi-Wilsdorf.

– Au rendez-vous, des compétitions (longs métrages, courts métrages, séries internationales), des invités d’honneur (RTBF et SF DRS), une rétrospective John Frankenheimer et plusieurs colloques internationaux.

– «Cinéma tout écran» a été le premier festival européen à se centrer sur le cinéma produit par et pour la télévision.

– «La Diga», thriller fantastique du réalisateur Fulvio Bernasconi, est présenté dans le cadre de la compétition des longs métrages.

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