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Georges Haldas s’en est allé

Georges Haldas, la pensée et la vie. Keystone

Le poète et écrivain gréco-genevois Georges Haldas est décédé dimanche dernier 24 octobre au Mont-sur-Lausanne à l'âge de 93 ans, ont indiqué ses proches. Les lettres romandes perdent un auteur considéré comme l'un des plus originaux de la littérature d'expression française contemporaine.

Georges Haldas avait séjourné plusieurs semaines à l’hôpital. Ses obsèques ont eu lieu vendredi à Lausanne. Les cendres de l’écrivain seront dispersées dans un endroit qu’il aimait bien, a indiqué sa compagne sans préciser le lieu exact.

Né le 14 août 1917 à Genève, de père italo-grec et de mère suisse, Georges Haldas expliquait son œuvre par ce double héritage, indissociable. Son père menait de longs entretiens avec lui sur des questions métaphysiques alors que sa mère se montrait surtout réceptive à la poésie du quotidien.

Un habitué des bistrots genevois

Après des études classiques, il étudie les lettres à l’Université de Genève. Un moment, il pense devenir théologien ou tenter une carrière dans le football, une passion que lui a transmise son père. Georges Haldas écrira d’ailleurs divers ouvrages sur ce sport. Mais à vingt ans, il sait qu’il consacrera sa vie à l’écriture car entretemps, un de ses professeurs l’éveille à la poésie.

Ses livres, il les a écrits essentiellement sur les tables des bistrots genevois, notamment «Chez Saïd», le café où il venait presque chaque jour. Il écrivait alors environ cinq heures quotidiennement. Le reste du temps, il le consacrait à vivre, afin de pouvoir transmettre du vécu.

Un poète engagé

Mais Georges Haldas était surtout un poète. Il rêvait d’un monde où les hommes sont égaux, en dépit de leur différence de naissance, de situation, de talent. Cette attitude poétique débouchait aussi sur un certain engagement humain. Il dénonçait régulièrement tout ce qui nuit à l’égalité et à la dignité des hommes.

Même s’il a peu milité dans les milieux politiques, Georges Haldas a prôné la coexistence pacifique avec l’Union soviétique au temps de la Guerre froide. Plus tard, les troubles au Moyen-Orient ont également préoccupé cet intellectuel engagé. «Tant que les Palestiniens n’auront pas une terre comme Israël a la sienne, il n’y aura pas de paix», répétait-il. «La paix du monde passe aujourd’hui par le Moyen-Orient. C’est à quoi il faut travailler.»

L’écrivain de la résurrection

Georges Haldas évoque le souvenir de son éveil à la poésie dans «L’Emergence» paru en 1983. Ce livre est le premier tome de sa chronique «La Confession d’une graine». Dans le troisième tome, «L’Ecole du meurtre» paru en 1992, il détaille avec humour ces années, ce tournant de sa vie où il découvre quelle est sa vocation.

Il y raconte comment il doit concilier son amour de l’écriture avec sa vie quotidienne, son goût pour les escapades et ses liaisons féminines. Il y témoigne de sa vie spirituelle, explique sa conversion au catholicisme. Plus tard, il se détache de l’Eglise en tant qu’institution. Pour lui, les institutions sont porteuses de l’esprit de puissance et partant de meurtre.

«J’ai travaillé avec la mémoire», disait Georges Haldas. «La mémoire, ce n’est pas le tourisme du passé. C’est faire que le passé soit là. Ce n’est pas encore la résurrection, mais déjà un signe résurrectionnel. Les morts, quand vous les oubliez, vous les tuez une deuxième fois.»

Gréco-suisse. Georges Haldas est né à Genève en 1917, d’un père grec et d’une mère suisse.

Etudes. Il étudie les Lettres à l’université de Genève, puis séjourne à Paris et en Italie.

Edition. Tout en publiant de nombreux recueils de poésie, il collabore aux Éditions Rencontre, et dirige plusieurs collections littéraires (russes, espagnoles et italiennes).

Registres variés. Poète, essayiste et traducteur, il est lauréat de nombreux prix littéraires.

Fécond. Il a publié plus de 60 ouvrages. Parmi ses récits les plus connus: «Boulevard des Philosophes», «La légende des cafés», «Ulysse ou la lumière grecque».

Grand âge. Ces dernières années, Georges Haldas était devenu presque aveugle. A la fin de sa vie, Georges Haldas vivait à Mont-sur-Lausanne.

Prix Schiller (1971 & 1977)

Grand Prix de la ville de Genève (1971)

Prix Taormina (1970)

Prix Edouard Rod (2004) pour l’ensemble de son oeuvre

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