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Guillaume Tell, ce héros de l’Helvétie

Quatre des solistes, dont Guillaume Tell (à l'extrême droite). Keystone

Dans des arènes d'Avenches fort bien garnies, l'opéra «Guillaume Tell» de Rossini recueille un tonnerre d'applaudissements.

Le ciel était pourtant menaçant, mais il n’a finalement pas plu. Le mythe fondateur de la Suisse a pu être joué et chanté. A l’image de ce feu qui, au milieu de la scène, a brûlé jusqu’à la fin du spectacle en quatre actes.

Les arènes d’Avenches nous rappellent que les peuplades helvétiques étaient déjà sous le joug de l’Empire romain au début du premier millénaire. Comme elles le furent sous celui des seigneurs de la maison de Habsbourg mille ans plus tard.

Magnifique ouverture

De la fosse, un violoncelle s’élève, tandis que le soleil se couche sur la tour qui surplombe les arènes. Et puis deux roulements de tambour annoncent un air de révolte. Jusqu’au fameux et trépidant allegro de cette très belle ouverture du compositeur italien, Gioacchino Rossini.

Mais la force majeure de l’adaptation d’Etienne de Jouy et Hippolyte Bis réside dans la mise en scène, les décors et les costumes. C’est bien simple, on se retrouve d’entrée sur les rochers surplombant le lac des Quatre Cantons. Là où tout a commencé…

Décidément, la pomme est au centre des mythes fondateurs. Celle qu’offre la Genèse pour connaître le bien et le mal à celle que transperce la flèche du héros légendaire Guillaume Tell pour connaître la force d’une alliance pour l’indépendance.

Espace scénique envoûtant

Tout l’espace scénique est admirablement occupé. Sur le haut des gradins apparaissent furtivement les occupants qui se rapprochent de la fête au village qui se donne au-devant de la vaste scène sur trois niveaux.

Paysans et paysannes célèbrent trois mariages dans leurs costumes folkloriques avant de reprendre leurs habits de travail bordeaux et bruns. Ils forment le Chœur du Festival d’opéra d’Avenches et chantent admirablement bien.

C’est qu’ils ont pour écrin le Philharmonique de Turin, dirigé de mains de maître par le réputé chef d’orchestre italien, Nello Santi.

Héros pour la liberté

Fier et rebelle, Guillaume Tell (Giorgio Cebrian) impose par sa stature, sa crinière au vent et ses bottes de géant. Planté au milieu de la scène, il chante pour la liberté de ses frères de sang et pour l’indépendance des cols et des sommets de la Suisse centrale.

Or, son combat sera long et difficile. Pour ne pas s’être prosterné devant le chapeau du gouverneur Gessler à Altdorf, Tell est fait prisonnier.

La tragédie est sensiblement mieux interprétée par les solistes féminins. Bien qu’on ait relevé de très jolis trios vocaux masculins.

Ainsi, on soulignera surtout l’agilité vocale d’Adriana Marfisi dans le rôle de Mathilde (sœur du gouverneur Gessler amoureuse de l’Helvète Arnold) et l’ardeur de Bénédicte Tauran dans celui du jeune fils de Tell, Jemmy.

Si le deuxième acte consacre par un chant d’ensemble tonitruant l’union des trois cantons Schwyz, Uri et Unterwald, le troisième acte voit Guillaume Tell gagner le pari que lui a lancé le gouverneur Gessler.

Légende d’une naissance

L’arbalète de Tell ne tremble pas. La flèche transperce bel et bien la pomme placée sur la tête de son fils Jemmy.

Dès lors, l’exemple de la bravoure de Tell va donner des ailes pour un soulèvement général des Helvètes contre l’oppression étrangère.

Heureuse est la fin de la légende. Au quatrième acte, un immense drap bleu s’étend sur la scène. On lui donne du mouvement car il symbolise les flots en colère du lac des Quatre Cantons. C’est que Tell est encore prisonnier.

Mais Guillaume est le seul à gagner la rive. Il repousse la barque et ses occupants dans la tempête. Et d’une flèche tue le gouverneur Gessler. La Suisse est née, la Suisse respire la liberté!

La fresque est certes emphatique et naïve, mais elle est émouvante et belle à voir. En cette année d’exposition nationale, l’opéra se devait de chanter une alliance, celle qui a donné naissance à la Confédération helvétique.

swissinfo/Emmanuel Manzi à Avenches

Troisième et dernière représentation: samedi 13 juillet à 20h30

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