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Haïti en images à Lugano

Haïti en images, c'est bien sûr aussi des images du séisme de 2010. Roberto Stephenson

Le Musée des cultures de Lugano (MCL) a choisi Haïti pour le 6e volet de son cycle d’expositions «Esovisioni». C’est la première fois qu’il propose le parcours et la recherche artistique d'un photographe contemporain. En l'occurrence ceux de l’Italo-Haïtien Roberto Stephenson.

«Notre travail avec Roberto Stephenson a commencé en 2009 à l’occasion d’une exposition sur Haïti organisée à Milan, explique Alessia Borelli, curatrice de l’exposition. Au départ, pour le MCL, il s’agissait d’exposer une série de portraits géants d’habitants de l’île ainsi que des paysages. Puis le tremblement de terre a donné une nouvelle dimension au projet et nous avons décidé d’y inclure une série de clichés de l’après-séisme.»

 

L’exposition qui a ouvert ses portes le 22 octobre à la Villa Ciani, le musée de la ville de Lugano, est ainsi divisée en cinq sections: «Portraits», «Port-au-Prince», «Tremblement de terre», «Tentes» et «Paysages». Toutes les photos ont été prises de 2000 à 2010 et, exception faite pour les séries «Tremblement de terre» et «Tentes», elles ont été réélaborées numériquement.

100 photos

Au total 100 photos en couleur ont été sélectionnées pour illustrer le parcours de Roberto Stephenson, photographe professionnel et globe-trotter qui a définitivement jeté l’ancre dans l’île de son père en 2000.

«Je n’étais pas vraiment attiré par Haïti que je connaissais pour y avoir passé des vacances dans ma famille paternelle, raconte-t-il. En 2000, j’habitais à Londres. J’y suis retourné sur l’invitation d’une de mes cousines qui me proposait de faire des photos pour un catalogue d’architecture et de design. En fin de compte, le catalogue ne s’est pas fait, mais à Haïti, j’ai connu celle qui allait devenir ma femme et je suis resté.»

Installée sur deux étages, l’exposition s’ouvre sur seize portraits géants dont neuf mesurent 2,4 m de haut sur 3,6 de large et sept de 1,80 m sur 2,70. Montés sur des châssis en bois, les visages sont ceux d’habitants de l’île, pêle-mêle jeunes et moins jeunes, beaux et moins beaux, noirs et métissés, un aperçu réaliste et sans fards.

Entre destruction et beauté

Les clichés des quatre autres sections ont tous une hauteur uniforme de 70 cm, mais une longueur variable selon les scènes immortalisées. Les photos de l’après-tremblement de terre sont frappantes. Elles révèlent toute l’ampleur du désastre qui a rendu cette île des Caraïbes plus misérable encore: destruction et désolation qu’un ciel presque toujours bleu cobalt ne suffit pas à rendre plus supportables.

La dernière section de l’exposition, «Paysages», rappelle cependant au visiteur qu’Haïti, c’est aussi une nature merveilleuse faite d’horizons infinis, de végétation luxuriante, de lacs scintillants.

«Les paysages sont intemporels. Ils donnent une idée de la grandeur de ces lieux et de la force intrinsèque de la nature vierge, dit encore Roberto Stephenson. En la photographiant, j’ai voulu nuancer cette image d’Haïti meurtrie par le séisme, misérable et détruite.»

L’exposition est à voir jusqu’au 26 février. Après Lugano, elle prendra le chemin de la Galerie Allegretti de Turin. Par la suite, les clichés des séries «Portraits» et «Port-au-Prince» seront inclus dans les collections permanentes du Musée des cultures installé à Villa Heleneum sur les rives du lac de Lugano.

Né à Rome en 1964 de père haïtien et mère italienne.

Attiré par la photographie dès l’adolescence, après des études de graphisme en design, il se consacre principalement à la photo en devenant assistant dans un laboratoire professionnel, puis indépendant dès 1990.

Il visite plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Asie et s’établit à New York d’abord, à Londres ensuite, avant de s’installer définitivement à Haïti en 2000.

Lauréat de plusieurs prix internationaux, Roberto Stephenson expose en Europe, en Afrique, au Canada, en Amérique du sud et dans les Caraïbes.

En 2006, il fonde à Port-au-Prince le «Centre expérimental de communication visuelle» (MWEM).

Sis à la Villa Heleneum, à Castagnola, sur les rives du lac de Lugano, le Musée des cultures de Lugano a été inauguré en 1989 sous le nom de «Musée des cultures extra-européennes» dans la superbe demeure légué à la ville par l’artiste tessinois Serge Brignoni.

Sa collection d’objets provenant de civilisations extra-européennes, rassemblée de 1930 à la moitié des années 1980, constitue la collection permanente du Musée.

En 2007, à la suite de plusieurs changements au sein de la direction et après avoir risqué de fermer définitivement ses portes, le Musée est rebaptisé «Musée des cultures» et passe sous la houlette de la municipalité de Lugano. Depuis, il organise régulièrement des expositions de grande envergure.

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