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Incertitude sur le Centre culturel suisse à Paris

Depuis son arrivée à Paris le 1er septembre 2002, Michel Ritter et son équipe se déchirent. Keystone Archive

La crise entre le directeur du Centre culturel suisse de Paris et son équipe est insoluble, assure Pius Knüsel. Pour le directeur de Pro Helvetia, il est temps de choisir.

Le fonctionnement du centre sera revu. Pro Helvetia annonce une réorganisation.

Annoncée initialement pour le 16 avril, la décision de Pro Helvetia visant à mettre un terme au conflit minant sa représentation parisienne a été une nouvelle fois repoussée.

«La résolution des problèmes prend plus de temps que prévu», écrit la Fondation dans un court communiqué diffusé lundi.

La raison du retard? Interrogé par swissinfo, le directeur de Pro Helvetia, Pius Knüsel, répond sans ambages: «Dans une crise aussi douloureuse, qui met en péril les fondements même du centre, il est impossible de trouver une solution rapidement».

La situation est totalement bloquée: «C’est soit Michel Ritter, soit l’équipe. Aucun compromis n’est possible. Il y aura donc du sang, comme on dit en allemand, si vous me permettez l’expression.»

L’échec d’une médiation

Depuis son arrivée à la tête du Centre culturel suisse de Paris (CCSP), le 1er septembre 2002, Michel Ritter et son équipe se déchirent.

A Zurich, siège de Pro Helvetia, les divisions parisiennes ont été connues dès décembre. Après des entretiens téléphoniques, la direction s’est rendue à Paris en mars pour tenter une médiation. En vain.

«Il n’y a aucune chance de trouver un compromis, dit Pius Knüsel, et c’est ainsi depuis le début. Les sept personnes formant l’équipe parisienne sont unanimes, à une exception près. Nous ne pouvons pas sous-estimer leur expérience.»

Des reproches mutuels

Les employés reprochent à l’ancien directeur du Centre d’art contemporain de Fribourg de ne s’intéresser qu’aux arts visuels et de dilapider le budget.

Michel Ritter rejette ces accusations et demande qu’on lui laisse le temps de faire ses preuves. Des artistes, comme le plasticien Thomas Hirschorn, se sont exprimés publiquement pour soutenir le nouveau directeur.

Si le «programme artistique de Michel Ritter n’est pas remis en cause», selon le communiqué de Pro Helvetia, la Fondation va maintenant mener des entretiens approfondis.

«Jusqu’ici, seule la présidente Yvette Jaggi a parlé avec Michel Ritter. Le comité directeur veut l’entendre», précise Pius Knüsel.

Interrogé par l’ATS, Michel Ritter s’est de son côté déclaré «très content que le concept actuel ne soit pas remis en cause».

Une mission à redéfinir

Ces prochaines semaines, les entretiens viseront également à redéfinir la mission du CCSP. Les tâches du centre se sont en effet considérablement développées sans que les structures aient été adaptées, explique Pro Helvetia.

«Nous voulons définir clairement la mission de Pro Helvetia à l’étranger. Notre force n’est pas de provoquer des événements, comme Michel Ritter décrit ses expositions, mais de transmettre des œuvres d’art», affirme Pius Knüsel.

Et ce dernier de préciser: «Cela est valable pour tous les centres ou bureaux de Pro Helvetia. Et il n’y a pas de raison que Paris fasse exception.»

Un contrôle renforcé

Depuis sa création, le CCSP jouit d’une grande autonomie, rappelle encore le directeur de la Fondation. «Zurich ne s’en est pas trop occupé. De plus, les choses fonctionnaient.

Mais nous ne devons pas oublier que Pro Helvetia existe grâce à l’argent des contribuables. Cela nous oblige à un certain contrôle.»

Pius Knüsel entend donc renforcer le rôle du service de coordination internationale, déjà existant.

Mais il ne s’agit pas, précise-t-il, d’organiser des activités culturelles communes entre les différents centres. «Nous voulons un accompagnement plus présent, plus étroit.» Pro Helvetia annonce des décisions pour mi-mai.

Un centre pionnier

Créé en 1985 dans l’ancien hôtel de résidence Poussepin, dans le quartier du Marais, le CCSP était la première représentation de Pro Helvetia à l’étranger.

Entretemps, la Fondation en compte seize, qui n’ont pas toutes le rang de centre culturel, comme Paris ou Milan, mais qui font office de bureaux. La majorité se trouve en Europe de l’Est.

Après des débuts de direction plutôt collégiale, trois directeurs se sont succédés à Paris avant Michel Ritter, dont l’homme de théâtre alémanique Werner Duggelin, de 1998 à 1991.

swissinfo, Ariane Gigon-Bormann, Zurich

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