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«Je refuse d’être manipulé»

Antoine Plantevin a décidé de ne pas regarder les premières images du conflit. swissinfo.ch

Cinéaste, Antoine Plantevin n'a pas allumé sa télévision depuis le début de la guerre en Irak.

Et il ne le fera pas tant que l’image et le contexte s’inscrivent dans un registre passionnel.

swissinfo: Quelle a été votre première impression en découvrant les images de la guerre en Irak?

Antoine Plantevin: Je ne les regarde pas! C’est un choix que j’avais déjà fait lors des événements du 11 septembre 2001.

Quand l’image et le contexte sont passionnels, je refuse d’allumer ma télévision.

Ce n’est pas facile de séparer l’image du rôle qu’on lui donne. Et je veux donc me préserver au maximum de la torsion de sens qui en découle. En fait, je refuse d’être manipulé.

Les images, on s’en sert… Par exemple, le 11 septembre, sans ces images, n’aurait pas suscité les réactions dont on vit les suites actuellement.

Et, en Irak, la principale guerre est une guerre d’information.

swissinfo: Ces images, vous les regarderez un jour?

A. P.: Oui, plus tard, quand la diversité des sources reprendra son droit. Parce que les images prennent leur sens les unes par rapport aux autres. Et alors seulement, elles traduisent un événement.

Par la suite, je pourrai découvrir cette réalité visuellement, après l’avoir suivie par la presse écrite ou la radio. Et surtout, avec la distance, je comprendrai mieux le sens qu’on a bien voulu donner aux images à ce moment-là.

swissinfo:On pourrait alors renoncer à leur diffusion tant que le registre est passionnel…

A. P.: Cela poserait un problème: on risque de ne pas croire que ce qui se passe est réel. Notre société est basée sur l’image. S’il n’y en a pas, on doute de la véracité des événements. Elle est la seule preuve tangible qu’un événement s’est produit.

Donc les images des premiers jours ont leur raison d’être. Ensuite, libre à chacun de les regarder ou non. Moi, j’ai choisi d’y mettre un filtre.

Interview swissinfo: Alexandra Richard

– Antoine Plantevin est né en France, en 1963. Aujourd’hui, il est notamment réalisateur à la TSR où il a fait sa formation.

– Il a réalisé plusieurs films, courts et longs métrages. Entre autres, «C’est mourir un peu?», en 2001.

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