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Jean Liermier dirigera le Théâtre de Carouge

Jean Liermier dirige une répétition en 2004.

A partir de juillet 2008, le jeune et très dynamique metteur en scène et acteur franco-suisse prendra la tête de la vénérable institution sise près de Genève.

Il succède ainsi à François Rochaix et entend donner un nouveau souffle à cette maison cinquantenaire. Entretien.

Il fallait impérativement une nouvelle fraîcheur au Théâtre de Carouge, et c’est fait. Jean Liermier, 37 ans, metteur en scène et acteur, ardent, passionné, battant, dirigera la vénérable institution sise tout près de Genève et fondée en 1957 par Philippe Mentha et François Simon – fils de Michel.

Un héritage que Jean Liermier revendique avec fierté, lui qui entrera en fonction le 1er juillet 2008, à point nommé pour fêter le 50e anniversaire de cette scène genevoise. «Nous serons dans la seconde moitié des festivités, dit-il dans un rire, mais c’est déjà un signe pour moi. Ma tâche consiste à redonner un second souffle et une seconde jeunesse à cette maison, à rester aussi dans la ligne de ses fondateurs en pratiquant un théâtre d’art».

Ouverture

Nommé le 11 juin dernier, Jean Liermier succède donc à François Rochaix l’actuel directeur des lieux. Cette succession augure d’un bel avenir pour la maison (jusque-là très genevo-genevoise) qui «s’exportera» plus facilement dans l’avenir grâce aux liens serrés et fructueux que Liermier entretient avec les scènes françaises notamment.

Carouge en avait largement besoin, pour son rayonnement à l’étranger d’abord, pour des raisons financières ensuite.

Double national, Jean Liermier, né à Annemasse, en France voisine (Haute-Savoie), a fait ses classes au Conservatoire d’art dramatique de Genève et s’est formé, en tant que metteur en scène, auprès des plus grands créateurs européens: de André Engel à Matthias Langhoff en passant par Claude Stratz.

Il connaît donc très bien le milieu théâtral suisse et français, et c’est sur ses contacts parisiens qu’il s’appuie notamment pour favoriser les échanges entre Carouge et les scènes hexagonales. Dans l’avenir, Paris lui ouvrira sans doute d’autres portes européennes.

L’axe Carouge – Maison de Molière

Mais pour l’heure, c’est avec la Comédie-Française (rien que ça!) qu’il a les contacts les plus florissants. Pour la maison de Molière, il signera en septembre et en janvier prochains deux mises en scène. Effets de cette collaboration: les coproductions à venir.

«J’ai discuté avec Murielle Mayette l’administratrice générale du Français, confie Liermier. Je monterai en 2009 un spectacle au Vieux-Colombier (2e salle de la Comédie-Française, ndlr) dans lequel joueront des acteurs suisses également. Ensuite le spectacle viendra à Carouge. On y gagnera au niveau humain et artistique bien sûr, mais également au niveau financier. Coproduire ramène de l’argent à la maison et permet de monter des spectacles ici.»

On sait les difficultés que Carouge a connues ces derniers temps après le retrait des subventions qui lui étaient accordées par la Ville de Genève à hauteur de 500.000 francs. On n’est donc jamais à l’abri des menaces financières que Liermier entend contourner par les échanges précisément.

Sur le plan local, le nouveau directeur aura aussi à se faire sa place dans le paysage théâtral romand et genevois surtout, Genève ne manquant pas de scènes institutionnelles. Si Saint-Gervais chasse sur le terrain des auteurs (politiquement) engagés, et Le Poche sur celui des auteurs éminemment contemporains, la Comédie, elle, classique dans sa ligne, risque d’être en concurrence avec Liermier. Lequel s’entend très bien avec Musset, Molière, Marivaux et consorts.

On le lui dit. Il répond: «On ne peut pas parler de concurrence lorsqu’il s’agit d’art. La compétitivité dans ce cas devient contre-productive. J’ai déjà pris rendez-vous avec Anne Bisang, directrice de la Comédie, pour discuter de l’identité de nos deux théâtres. Nos rapports de force créeront une dynamique qui ne fera qu’enrichir l’offre pour le public».

C’est aussi ce qu’on souhaite ardemment.

swissinfo, Ghania Adamo

Né à Annemasse en 1970

Il suit les cours du Conservatoire d’Art dramatique de Genève.

Depuis 1992 travaille comme comédien en Suisse et en France.

En 2001, il joue le rôle de Tintin dans les «Bijoux de la Castafiore», un spectacle mémorable.

Il signe également plusieurs mises en scène, dont «Le Médecin malgré lui», présenté récemment au Théâtre de Carouge.

Prochain spectacle: «Les Sincères» de Marivaux, qui sera donné à la Comédie-Française en septembre prochain.

Le ‘Théâtre de Carouge’ est né en 1958. Rassemblée d’abord autour de François Simon, la troupe travaille à Carouge dans une ancienne église, qu’elle aménage superbement. Elle doit la quitter en 1967.

Sous la direction de Philippe Mentha, elle reste un temps itinérante, puis trouve abri au Théâtre Pitoëff, à Genève.

Retour à Carouge en 1972, dans la nouvelle salle construite pour elle. Depuis 1982, année où un second lieu de représentation, plus petit, est ajouté, on la nomme Salle François-Simon,

Parmi les directeurs historiques du lieu, François Rochaix de 1975 à 1981, puis Georges Wod durant vingt-et-un ans, et François Rochaix de 2002 à 2007.

La saison 2007/08 marque le 50e anniversaire du Théâtre de Carouge qui, au cours de son premier demi-siècle de création, aura présenté au public environ 500 spectacles, dont près de 300 nouvelles productions.

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