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Léonard De Vinci, tous azimuts

Le célèbre autoportrait, datant de 1516. Biblioteca Reale di Torino

Créée en 1994, l´exposition «Leonardo Da Vinci: scientifique, inventeur et artiste» a tourné en Europe, en Asie et en Afrique. On peut la voir au Landesmuseum de Zurich dès ce samedi, et c´est là qu´elle se conclura définitivement, le 7 janvier 2001.

Ce panorama de l’œuvre de Léonard, monté par l’Institut d’échange culturel de Tübingen, en Allemagne, a déjà drainé trois millions de visiteurs autour de la planète. Mais pourquoi sa présence au Musée National Suisse, alors qu’a priori, le génie italien n’a pas grand-chose à voir avec la Confédération helvétique?

«Actuellement, le Landesmuseum connaît une période de changements» explique Bernard Schüle, chef du projet à Zurich. Et d’ajouter: «La Suisse n’a pas toujours existé que par elle-même: l’Europe qui l’entoure a eu une influence sur elle, et le Musée national veut montrer désormais ce type de mouvements. Léonard de Vinci a eu une énorme influence, ailleurs comme ici. Il nous a donc paru justifié de présenter cette exposition.» Lucide constatation.

Leonard de Vinci… Né en 1452 à Vinci, il est le fils illégitime et néanmoins reconnu du notaire Piero Fruosino di Antonio Da Vinci. Mais comme il l’écrira plus tard, en marge d’un ensemble de dessins anatomiques: «Si le coït se fait avec grand amour et grand désir l’un de l’autre, alors l’enfant sera de grande intelligence et plein d’esprit, de vivacité et de grâce.»

Autoportrait? En matière d’esprit et d’intelligence en tout cas, l’exposition qu’on peut voir à Zurich ne laisse planer aucun doute. En dix sections et 250 objets (dessins et textes, maquettes, toiles) c’est un formidable aperçu de l’ensemble de son œuvre qui nous est présenté. Et cela donne le vertige.

En ce qui concerne l’artiste, il y a des peintures originales, attribuées à Léonard, à son école ou à son «environnement», notamment des œuvres de Raphaël et Bramantino. Même Mona Lisa a fait le trajet de Zurich… Mais restons calmes, il s’agit de la version dite «de Gothenburg», une copie qui date du 19e siècle. Quelques sculptures sont également là, que l’on doit à Léonard de Vinci et à son maître, Verrocchio, pour lequel il travailla dès 1469. Et une multitude de fac-similés de dessins, études de drapés, portraits, caricatures…

Mais ce sont peut-être les recherches du scientifique et de l’inventeur qui sont les plus impressionnantes. Car de Vinci – on le sait mais c’est encore plus frappant en le voyant – a touché à tout. Planches anatomiques. Etudes géométriques. Recherches sur la mesure du temps ou le mouvement perpétuel.

Architecture également, avec des projets ayant trait aussi bien au génie civil, notamment un pont sur le Bosphore, qu’à des fortifications ou à des propositions d’urbanisation de Milan. Ingénierie militaire, avec l’invention d’une multitude d’armes atroces et pourtant toujours esthétiquement dessinées.

Et puis, pour couronner le tout, ce vieux rêve de voir l’humain voler… Planeur, parachute et hélicoptère: il est le premier à avoir conçu un appareil censé s’élever dans les airs verticalement grâce à une vis hélicoïdale… «Léonard de Vinci pouvait inventer des choses tout en sachant qu’elles ne fonctionneraient pas à son époque. Mais il avait le courage de dire: j’ai inventé quelque chose qui aujourd’hui ne fonctionne pas, mais un jour viendra…», commente Bernard Schüle.

Cela voudrait-il dire que les véritables génies sont à chercher davantage du côté des rêveurs de la science-fiction plutôt que chez les chercheurs confinés dans leur laboratoire? Ce serait un raccourci un peu abrupt. Mais cela signifie en tout cas que chez Léonard de Vinci, la frontière séparant l’artiste du scientifique était particulièrement ténue.

L’exposition, évolutive, s’est enrichie au gré de ses étapes. A Zurich, deux pièces originales, un large fragment des dernières pages du Codex atlanticus, ainsi qu’un feuillet d’études technologiques, sont présentées pour la première fois au public.

Bernard Léchot

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