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L’amour comme un rêve éveillé

Sylvie Testud, en scène dans «La pitié dangereuse». Bruno Amsellem

En co-production avec deux scènes françaises, le Théâtre de Vidy-Lausanne présente «La pitié dangereuse» de Stefan Zweig.

Cette histoire romanesque de l’écrivain autrichien est adaptée à la scène par Philippe Faure et jouée, entre autres, par Sylvie Testud. Du lyrisme sans pathos.

Que les lyriques se rassurent, la passion amoureuse a encore de l’avenir sur les planches. On la croyait enterrée sous une modernité cynique, comme en témoignent de nombreuses pièces écrites aujourd’hui. Mais voilà que cette passion ressurgit dans sa facture classique, au rythme de sentiments difficiles à assumer et qui s’expriment comme dans un rêve éveillé.

Atmosphère fantomatique donc pour cette «Pitié dangereuse», roman de l’Autrichien Stefan Zweig que Philippe Faure met en scène au Théâtre de Vidy-Lausanne dans une adaptation qu’il signe lui-même.

Co-production franco-suisse, le spectacle réunit cinq acteurs chevronnés dont Sylvie Testud qu’on a pu voir notamment dans «Les blessures assassines», le film de Jean-Pierre Denis.

Entre fantasme et fantômes

Assassine est également la pitié dont souffre à mort Sylvie Testud, ou plutôt le personnage qu’elle incarne. Soit une très jeune paralytique qui répond au nom d’Edith et qui un soir fait la connaissance d’Anton (Benjamin Egner). Un très beau lieutenant qui l’invite à danser sans se douter qu’elle est invalide.

Cette danse, qui ne pourra donc pas se réaliser, déclenche chez la jeune infirme une passion fantasmée et brûlante que le lieutenant va entretenir malgré lui, par pitié pour sa victime justement.

L’histoire se passe dans l’Autriche du début du XXe siècle, et plus précisément dans le château de Kekesfalva où demeurent Edith, son père et sa cousine.

De ce château, le metteur en scène en scène Philippe Faure fait une «maison hantée» où les comédiens entrent et sortent à la manière de fantômes donnant, ainsi, l’impression que leurs personnages se diluent dans les sphères de l’imaginaire.

Ce qui est une excellente manière de répondre à Stefan Zweig qui ne voyait dans la relation amoureuse du jeune couple qu’une illusion perdue d’avance. Qu’une passion chimérique dont la mécanique délirante se fait et se défait sur la plateau, comme dans un tour de passe-passe.

Du vaste roman de Zweig, Philippe Faure retient l’essentiel: les oscillations de l’âme d’une femme piégée par ses sentiments.

swissinfo, Ghania Adamo

«La pitié dangereuse», roman de Stefan Zweig, adapté à la scène par Philippe Faure.
A voir au Théâtre de Vidy-Lausanne jusqu’au 18 novembre.

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