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L’art primitif divise ethnologues et esthètes

A Genève comme à Paris, la querelle est aussi vieille que l'histoire des civilisations.

Le propriétaire du Musée Barbier-Mueller a fait partie des opposants à l’agrandissement du Musée d’ethnographie de Genève, refusé par le peuple en décembre 2001.

Ouvert au public depuis 1977 à Genève, le Musée Barbier-Mueller offre l’une des plus importantes collections privées au monde d’arts premiers, ou primitifs.

Une collection riche et célèbre



Il a été créé par le couple genevois Monique et Jean Paul Barbier-Mueller, passionné d’art africain, océanien, indonésien, précolombien, antique et contemporain.

Agé de 71 ans, juriste de formation, Jean-Paul Barbier avait auparavant créé la plus importante régie immobilière genevoise, la Société Privée de Gérance (SPG) en 1960. Puis il s’est consacré à sa passion.

L’ensemble avait été amorcé par le père de Monique Barbier, le Soleurois Josef Mueller (décédé en 1977). Le couple ayant continué d’enrichir sa collection, elle compte actuellement plus de 7000 objets de tous les continents.

Les deux collectionneurs ont également inauguré en 1997, à Barcelone, le Museo Barbier-Mueller d’Arte precolombino, consacré à l’art du Nouveau Monde.

Un Musée à l’étroit



Pourtant, curieusement, ce passionné d’arts premiers qu’est Jean-Paul Barbier a figuré parmi les opposants les plus acharnés à la construction d’un nouveau Musée d’ethnographie à Genève.

L’ancien musée étant coincé depuis cent ans dans une ancienne école, un énième projet a été rejeté par les citoyens genevois en décembre 2001.

Or, le projet avait alimenté au moins autant de controverses que le Musée des arts premiers de Jacques Chirac à Paris.

Contre le projet genevois, Jean-Paul Barbier avait motivé son rejet, comme d’autres opposants, en raison de l’ampleur de l’investissement et de l’intégration du bâtiment au centre de la Cité de Calvin.

Vieille querelle



Mais cette opposition s’explique aussi par des divergences de conceptions muséologiques. Une querelle déjà ancienne qui oppose les «esthètes» aux ethnologues.

Les premiers reprochent aux seconds d’accorder autant d’importance à des objets d’usage quotidien qu’à des œuvres d’art avérées. Bref, de privilégier l’aspect documentaire.

De leur côté, les ethnologues, comme le vieux Musée genevois d’Ethnographie, reprochent aux «esthètes» – souvent des négociants et collectionneurs privés… – de privilégier la beauté au détriment de la documentation. De présenter des objets, souvent funéraires et donc chargés de sens, sans explications anthropologiques et historiques des civilisations passées et actuelles.

Deux approches qui peuvent pourtant sembler complémentaires au néophyte.

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