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La musique sacrée, un genre plein de vitalité

Le festival, dont l'Egyptien Sheikh Ahmad Al-Tûni sera l'une des voix, comprend le sacré au sens large. films-fribourg.ch

Les fidèles ne sont plus légion sur les bancs des églises. Mais celles-ci se remplissent lorsqu'a lieu le Festival international de musiques sacrées de Fribourg (FIMS). Rendez-vous estival très attendu des mélomanes, il transcende les époques et les cultures.

Tous les deux ans, Fribourg la catholique renoue avec ses racines et vibre aux notes de la musique sacrée. Ou plutôt des musiques sacrées, puisque le festival fribourgeois qui leur est consacré se veut avant tout pluriel et ouvert au monde.

Qui dit musique sacrée en effet ne dit pas uniquement Stabat Mater, passions ou negro spirituals. «Notre fil rouge est la rencontre autour de la dimension universelle de la musique sacrée, de cette émotion intérieure qu’elle génère, par-delà les clivages», explique Philippe Trinchan, attaché de presse du FIMS.

Et de souligner que le genre est en pleine «explosion» tant il suscite d’intérêt. De fait, l’affiche de cette 12ème édition qui se tiendra du 5 au 13 juillet constitue un véritable voyage à travers les cultures mais aussi à travers le temps.

Lors des 14 concerts prévus au programme, Bach dialoguera avec Messiaen et d’autres compositeurs contemporains. Quant aux interprètes venus d’Europe et d’ailleurs, ils mettront leur art au service du sacré, au sens large.

La Méditerranée à l’honneur

Prévu en ouverture, le concert de l’ensemble Accentus s’annonce à l’image du festival, riche en rythmes et en couleurs. Avec ses deux chanteurs ibériques, la formation autrichienne jouera des romances séfarades appartenant à un répertoire composé par ces juifs qui durent quitter l’Espagne après la Reconquête chrétienne achevée en 1492.

Leur émigration autour de la Méditerranée trouvera un écho musical dans quatre concerts tout spécialement programmés par le festival pour rendre hommage à ce berceau des civilisations. Grâce à ce cycle «Autour de la Méditerranée», les visiteurs pourront faire escale dans des cultures ancestrales.

L’Italie, les Pouilles plus précisément, seront chantées par Pino de Vittorio. Avec son groupe, il restituera la fascinante tradition de «La Tarentelle del Rimorso», cette forme musicale très vive accompagnée d’une danse frénétique qui était censée avoir des vertus thérapeutiques.

Les côtes orientales de la Méditerranée seront aussi représentées. Par Sheikh Ahmad Al-Tûni d’abord. Considéré comme le plus grand chantre de la Haute-Egypte, il interprétera des chants soufis entre poésie ancienne et tradition populaire.

Quant à l’ensemble Naguila, composé de deux juifs et deux musulmans, il donnera un concert placé sous l’égide de Maïmonide, ce médecin et philosophe juif du 12ème siècle qui s’établit à Fès puis à Bagdad.

L’ethnomusicologue libanaise Ghada Shbeir offrira une synthèse de toutes ces influences. Puisant aux traditions maronite, orthodoxe, chaldéenne et byzantine, elle est actuellement l’une des plus grande voix du folklore chrétien oriental.

La messe en si de Bach

Les amateurs de musique sacrée européenne trouveront aussi leur bonheur dans le cadre majestueux de l’église du Collège Saint-Michel. A commencer par la Messe en si mineur de Bach. Une oeuvre à laquelle le compositeur a travaillé plus de 20 ans, que Michel Corboz et l’ensemble Vocal et Instrumental de Lausanne n’ont cessé de remettre sur le métier.

Incontournable en matière de musique sacrée, le répertoire médiéval sera chanté par l’un de ses meilleurs ambassadeurs, La Reverdie.

Au chapitre des classiques du registre sacré figure également le «Salve Regina» et le «Stabat Mater» de Pergolèse, qui seront donnés par la soprano Nuria Real et le haute-contre Carlos Mena en concert de clôture. Marco Beasley sera lui de retour à Fribourg pour donner cette fois de la musique vénitienne du 17ème siècle.

Le FIMS accueillera également l’hautboïste Paul Dombrecht, l’un des plus grands pionniers de la musique ancienne sur instruments anciens. Avec Il Fondamento, il exécutera quelques pièces du baroque flamboyant de Vivaldi, Haendel et J.-S. Bach.

Un répertoire oublié

Accordant une place privilégiée à la création, le festival fribourgeois organise un concours de composition «Pour la première fois cette année, c’est un Suisse, Denis Schuler, qui l’a remporté avec une œuvre consacrée à Dante», indique Philippe Trinchan.

Vieillotte la musique sacrée ? Le FIMS veut démontrer le contraire en programmant des pièces contemporaines. Les Suisses du Romanticonsort joueront ainsi le «Quatuor pour la fin du temps» composé par Olivier Messiaen lorsqu’il était prisonnier dans le stalag de Görlitz en 1941.

Le chœur de chambre néerlandais Nederlands Kamerkoor et la jeune formation slovaque Solamente Naturali & Bratislava Conservatory illustreront aussi le registre contemporain.

Enfin, fidèle à sa volonté d’embrasser à la fois le passé et l’avenir, le festival offrira une voix à des pièces baroques italiennes exhumées des bibliothèques des monastères suisses dans le cadre d’un projet dirigé par la chaire de musicologie de l’Université de Fribourg.

Ce sont l’orchestre Capriccio Basel – constitué d’anciens élèves de la fameuse Schola Cantorum de Bâle – et l’ensemble alémanique Capella Murensis qui feront entendre ces trésors oubliés.

swissinfo, Carole Wälti

Le «Festival international de musiques sacrées, Fribourg» (FIMS) a été créé en 1986.
La manifestation a lieu tous les deux ans au début juillet.
La 12ème édition se tiendra du 5 au 13 juillet.
En 2006, le FIMS a accueilli environ 4000 spectateurs.
Il est le festival le plus radiodiffusé au niveau international.
Près de 80 chaînes radios le reprennent en direct ou en différé.

La musique sacrée regroupe les genres musicaux associés d’une manière ou d’une autre à des pratiques religieuses.

Elle est fréquemment vocale, comme dans le cas des psaumes, du chant grégorien, des oratorios ou encore des negro spirituals.

Mais la musique sacrée peut également être exclusivement instrumentale.

Pour sa part, le Festival international de musiques sacrées de Fribourg entend promouvoir la musique sacrée au sens large.

Des œuvres de toutes les époques et de toutes les cultures figurent au programme.

Les traditions sacrées extra-européennes, comme l’hindouisme (kathakali, Inde), le soufisme (musiciens et derviches de Syrie) ou le judaïsme (klezmer) ont leur place à Fribourg depuis 1998.

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