La Rome antique s’invite à Augusta Raurica
Le plus important site archéologique de Suisse a fait, ce week-end, un bond en arrière de 2000 ans. La population d'Augst (BL) a célébré la Rome antique.
Par dizaines, gladiateurs, légionnaires, artisans et artistes ont restitué l’atmosphère de leur ville du temps de l’Empire romain.
«Du pain et des jeux» en fin de semaine dernière à Augst (BL) dans l’enceinte du plus important site archéologique romain de Suisse: Augusta Raurica.
De fait, de la préparation du pain jusqu’aux jeux dans l’arène, rien n’est laissé au hasard pour cette fête romaine du souvenir.
Il s’agit de la dixième célébration du genre organisée dans l’antique ville romaine d’Augusta Raurica. Par la même occasion, le site commémore cette année le 50ème anniversaire de l’inauguration de son Musée et de la Maison romaine.
Deux commémorations, certes, importantes pour la redécouverte des racines romaines de la Suisse. Mais deux ‘petits’ anniversaires…au vu de l’histoire millénaire du site bâlois.
Premier marché européen unique
Fondée en l’an 44 avant Jésus-Christ par Lucius Munatius Plancus, commandant romain et ami de César, la «Colonia Raurica» avait initialement pour but de défendre les nouvelles frontières romaines le long du Rhin, après la conquête de la Gaule.
Les premières traces de l’installation des Romains remontent à l’an 15 avant Jésus-Christ quand l’empereur Auguste, fils adoptif de Jules César, annexe l’Helvétie à l’empire.
D’abord base militaire, Augusta Raurica devient rapidement un point névralgique de passage et d’échange dans un vaste marché unique qui s’étend de la Grande-Bretagne à l’Afrique, de la Péninsule ibérique à l’Asie.
Deniers et sesterces deviennent monnaie d’échange dans une zone plus vaste que celle qui est actuellement couverte par l’euro. La libre circulation des marchandises et des personnes sur le premier réseau routier européen encourage la consommation et le développement économique, également dans les colonies helvètes de l’empire romain.
Ainsi, peu de décennies après sa fondation, le campement militaire d’Augusta Raurica connaît un véritable essor et devient un centre européen important.
Les fortifications et les demeures en bois cèdent la place à une agglomération construite en damier avec de larges avenues et d’imposantes constructions de briques et ciment.
Une cohabitation pacifique
«Au deuxième siècle avant J-C, Augusta Raurica comptait déjà 20’000 habitants. Aujourd’hui, dans cette même zone, il n’en reste que 800», souligne Karin Kob, responsable des relations publiques du site archéologique.
«’La colonie Raurica’, poursuit-elle, est un parfait exemple de la romanisation de l’empire: les indigènes cohabitaient pacifiquement avec les milliers de légionnaires romains qui, au terme de 20 ans de service, recevaient, à leur retraite, des terrains dans la colonie même.»
Des villas luxueuses, des théâtres, des amphithéâtres, des bains publics, des marchés et des tavernes impriment une touche urbaine jusqu’alors inconnue et font connaître aux peuples celtes de la plaine, les nouveaux plaisirs de l’existence.
En fait le niveau de vie augmente de façon spectaculaire: les routes pavées, les canalisations, l’eau courante et potable dans les maisons, le chauffage au sol sont autant d’améliorations. Et, à l’époque déjà, la diète méditerranéenne était en vogue.
«Les Romains avaient réalisé une incroyable infrastructure commerciale et routière. A Augusta, de nombreuses amphores d’huile d’olive et de vain, importées des îles du sud, ont été retrouvées. On a aussi découvert des restes de poissons, d’huîtres, de fruits et légumes exotiques», ajoute Karin Kob.
Artisans et gladiateurs
Cet héritage de la Rome antique est resté enfoui des siècles durant. Après l’invasion barbare, il a été sorti de l’oubli. Mais, il n’a été valorisé que durant ces dernières décennies.
Aujourd’hui, plus de 140’000 personnes visitent annuellement l’antique colonie romaine. Et environ 15’000 spectateurs participent aux traditionnelles fêtes romaines.
Il s’agit d’une occasion unique pour redécouvrir la vie et les coutumes des Romains mais aussi pour connaître les techniques artisanales en usage il y a plus de 2000 ans.
«Nous avons remarqué que le public est fasciné par la contemplation des méthodes de travail et du savoir de ce temps-là», explique l’archéologue Max Zurbuchen.
Des jeux de cirque, des luttes de gladiateurs, des courses de chars, des musiques et des danses rappellent aux visiteurs que les spectacles et les loisirs étaient très prisés des Romains.
Pour la fête de cette année, les organisateurs ont fait appel à une troupe de gladiateurs professionnels qui vient de Milan. Elle est composée de spécialistes des arts martiaux.
«Nous avons presque été choqués de constater que, pour plaire au public, ces gladiateurs poussent tellement loin leur mise en scène qu’ils vont jusqu’à se faire mal ou même à se blesser légèrement», souligne Margrit Scheiblechner, responsable des manifestations annuelles d’Augusta Raurica.
D’un point de vue historique, un tel excès est pardonnable: au temps des Romains, la réalité quotidienne était faite de guerres, massacres et cruautés.
swissinfo, Armando Mombelli
(Traduction de l’italien, Gemma d’Urso)
La dixième édition des Fêtes romaines a eu lieu les 27 et 28 août.
Elle devrait attirer quelque 15’000 spectateurs.
140’000 personnes visitent chaque année le plus important site archéologique romain de Suisse, près d’Augst (BL).
Augusta Raurica a célébré cette année le 50ème anniversaire de l’ouverture de son musée et de la Maison romaine.
– Après l’occupation de la Gaule par les légions de César, en l’an 44 avant Jésus-Christ, la première colonie romaine sur le Rhin s’est fixée à Colonia Raurica, dans la région de Bâle-Campagne.
– Les premiers témoignages romains sur le site remontent à l’an 15 avant Jésus-Christ.
– Au cours du IIème siècle après Jésus-Christ, la petite ville devient la principale colonie romaine en Helvétie. Elle compte alors plus de 20’000 habitants.
– La fin d’Augusta Raurica serait due à un tremblement de terre qui a eu lieu vers l’an 250 après Jésus-Christ et à l’invasion des hordes barbares aux 4ème et 5ème siècles après J-C.
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