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Le pacte des loups

L’affiche du film de Christophe Gans (image tirée du site)

Ils ont défrayé la chronique en Suisse. Aujourd'hui, les loups réapparaissent sur tous les écrans de cinéma de Romandie pour ressusciter le mythe de la bête de Gévaudan.

Nous sommes en 1766, en Gévaudan (ancien pays de France situé dans le Massif central). Un monstre décime la région depuis deux ans. Plus de 130 victimes ont été sauvagement éventrées ou décapitées.

Le chevalier de Fronsac (Samuel Le Bihan) est alors dépêché par le roi de France, Louis XV, pour dresser le portrait de l’animal, puis le chasser et l’empailler. Car personne en Gévaudan n’est parvenu jusqu’à ce jour à mettre la main sur l’auteur de ces crimes. Les rares témoins parlent d’un énorme loup, d’autres d’un dragon.

D’entrée, le ton est donné, le décor planté. Une jeune femme est poursuivie dans le Massif central et se fait littéralement massacrer par celui que l’on assimile à une manifestation du diable.

Le pacte des loups de Christophe Gans flirte avec le film de cape et d’épée et avec le conte philosophique. Trois pouvoirs sont aux prises: celui de la royauté qui pressent la Révolution française, celui de l’église de Rome qui compte rappeler la volonté divine sur tous les royaumes et le peuple de France qui couve les prémices de la rébellion.

Au-delà du héros (Fronsac), et de sa cour faussement admirative en Gévaudan, deux personnages incarnent l’intrigue. La sublime courtisane Sylvia (Monica Belluci) qui, en ange noir, séduit le preux chevalier de Fronsac pour que sorcellerie et société secrète perdurent en Gévaudan. Tandis qu’en ange de lumière et frère de sang de Fronsac, le bel Indien Mani (Mark Dacascos) personnifie fidélité, honneur et sagesse.

Très vite, le spectateur devine que l’Iroquois de la tribu des Mohawka a capté la trame secrète qui se tisse en Gévaudan. Car Mani sait écouter les arbres et comprend le langage des loups. Ainsi, le réalisateur français Christophe Gans donne sa version sur le mystère jamais percé de la bête de Gévaudan. Derrière l’animal se dissimule une intelligence. Et un homme peut en cacher des autres.

Mais ce qui marque le plus dans «Le pacte des loups», ce sont les combats chorégraphiés. Violents à souhait et de toute beauté. Certes, on croit percevoir du kung-fu. Or, il n’en est rien, ou presque. A l’époque, les gens utilisaient souvent des armes bizarres, construites spécialement pour eux. Ils se battaient pour la vie.

Alors le ralenti poétise le mouvement. Les gros plans accentuent force et précision du geste. Le sang gicle sur l’écran comme une pluie qui tarde à retomber sur le sol boueux du Gévaudan. En ce sens, Christophe Gans parvient à réconcilier cinéma français et cinéma américain.

Mais le cinéaste français n’en a pas moins ciselé au plus près le contour psychologique de ses personnages. Et la trame de son histoire tient en haleine le spectateur jusqu’au bout… de cette profonde forêt du Gévaudan qui, jalousement, défend son secret.

C’est alors que l’on imagine une histoire semblable prendre place dans les montagnes du Valais ou par monts et par vaux, en Suisse centrale…

Emmanuel Manzi

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