Montreux: festival «princier» et chiffres noirs
Après quatre éditions déficitaires, le Montreux Jazz Festival a retrouvé les chiffres noirs grâce à une nouvelle formule. Cerise sur le gâteau: le concert unique de Prince.
En seize jours, l’un des rendez-vous musicaux les plus fréquentés en Suisse et en Europe a vu affluer 230’000 visiteurs.
Le patron du Montreux Jazz Festival (MJF) et son équipe avaient le sourire, samedi en conférence de presse. Après quatre éditions déficitaires, le festival a en effet retrouvé les chiffres noirs grâce à une nouvelle formule.
Les soucis et polémiques de l’année dernière semblent bien enterrés. Restructurée, la 41e édition se distingue par des résultats financiers positifs et des coups de coeur artistiques d’une rare intensité.
Prince, le cadeau royal
Pour Claude Nobs, cette 41e édition est marquée par le concert de Prince. «Un cadeau princier, même royal».
Annoncé au début du festival seulement, son concert a rassemblé 4500 personnes. Visiblement ravi, le showman a égrené plusieurs ses succès sur un répertoire de près de trente ans. Comme «Purple Rain» ou «What’s My Name?» mais aussi «Nothing Compares 2 U» et son dernier single, «Guitar», un rock taillé pour la danse. Le show a duré deux heures et pris fin en douceur avec «Sometimes It Snows In April».
Prince n’a donné ni interview, ni prises de vue. Mais vers 3 heures du matin, il est réapparu au Montreux Jazz Café pour ses joindre à ses musiciens durant une quinzaine de minutes, le temps de deux chansons.
Année du renouveau
Malgré l’abandon du Casino cette année, le festival 2007 a produit autant d’heures de musique que par le passé, s’est félicité Claude Nobs. La nouvelle formule porte donc ses fruits et sera reconduite et encore «affinée» l’année prochaine.
Les chiffres définitifs ne sont pas encore connus mais la tendance est claire: 2007 est l’année du renouveau, a déclaré le secrétaire général du festival Mathieu Jaton. Avec plus de 80’000 billets, la vente est supérieure de 10% au budget.
Comme du reste la vente des boissons, le deuxième pilier financier, a augmenté de 20%. Précision de Claude Nobs: «Le nombre de consommations a augmenté alors que nous avions baissé leur prix de 50 centimes.»
Grosse déception
Claude Nobs n’a pas caché non plus «ce qui n’a pas marché», comme le concert de Sly and the Family Stone. «Nous étions dix en Europe» à le vouloir. L’artiste de légende n’a chanté que cinq chansons avant de s’enfuir en criant après avoir reçu une montre en cadeau.
Mais Claude Nobs s’y attendait et avait d’emblée complété le programme, notamment avec Beverly Night et Living Color. «Je venais d’apprendre que, la veille en Italie, Sly avait fait une seule chanson, d’autres festivals européens en ont eu trois ou quatre. Donc nous, nous avons eu le record!»
Quant à l’annulation du concert des Rita Mitsouko, ce sont «des choses qui arrivent», a regretté Lori Immi, responsable du Miles Davis Hall. Claude Nobs n’entamera aucune action, de son propre aveu, le groupe ayant «versé 10’000 euros de dédommagement pour les frais», a-t-il déclaré à la Radio romande.
Le directeur du festival estime néanmoins que le public en a eu pour son argent à Montreux. Il n’y a pas d’heure de police, pas de syndicat, ce qui permet d’allonger les soirées jusqu’au petit matin.
«Nous gardons notre indépendance»
Interrogé sur la thématique d’un soutien financier du canton, qui avait échauffé certains esprits l’an dernier, Claude Nobs a affirmé que «toutes les demandes de subvention avaient été abandonnées».
«Nous gardons notre indépendance», tout en créant en septembre une Fondation d’utilité publique, a-t-il ajouté. Riche déjà de 100’000 francs, elle servira à financer les activités gratuites et pédagogiques de la manifestation, les donateurs bénéficiant d’allègements fiscaux.
Et l’année prochaine? Claude Nobs n’a pas caché qu’il n’espère plus attirer Stevie Wonder sur les rives du Léman («au Tokyo Jazz Festival, il avait demandé un million de dollars!»). «Mais il y aura Rem et Santana va faire un projet sur le reggae, bref, on essaiera une fois encore d’être différents des autres.»
Quant à la retraite, Claude Nobs, 71 ans, n’y songe pas une seconde.
swissinfo et les agences
Le site a vu affluer 230’000 visiteurs en seize jours, autant qu’en 2006.
Sur les 60’000 billets mis en vente à l’Auditorium Stravinski 57’000 ont été écoulés, alors que 25’000 tickets ont trouvé preneur au Miles Davis Hall.
Par rapport à l’an dernier, les consommations de boissons et de nourriture ont progressé de 20%.
La 41e édition du Montreux Jazz Festival s’est déroulée du 6 au 21 juillet 2007 à Montreux, sur la rive orientale du Lac Léman, avec au programme 32 concerts payants et 280 gratuits.
Après quatre ans dans les chiffres rouges, le Festival a retrouvé les chiffres noirs et la vente des billets a été supérieure de 10% au budget, comme la vente des boissons, le deuxième pilier financier.
La 42e édition se tiendra du 4 au 19 juillet 2008.
Ce festival a été créé en 1967 par Claude Nobs, toujours aux commandes. De nombreux disques live y ont été enregistrés.
En 2006, le festival avait un budget de plus de 19 millions de francs. Un record en Suisse pour marquer la 40e édition.
Déficitaire depuis 2002, le budget global a passé en 2007 à 16,2 millions.
La scène du Casino, qui exigeait un doublement de l’infrastructure, a été supprimée et la programmation payante – 32 soirées au lieu de 48 – s’est concentrée sur les deux salles de la Maison des Congrès.
Le festival off a conservé son volume, avec 280 concerts.
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